New National Theatre Tokyo

Carmen

Bizet
Ce spectacle n'est plus disponible en vidéo à la demande, mais vous pouvez encore profiter des contenus annexes à la production.

Lorsqu'une femme au tempérament rebelle est arrêtée, un soldat tombe sous son charme et la laisse s’échapper. Mais ayant tout risqué et tout abandonné pour être avec elle, il se laisse rapidement envahir par la jalousie.

Entre danger et désir, Carmen est un cocktail enivrant qui ne manque jamais d'éveiller les sens. Dans cette production du New National Theatre Tokyo dirigée par Kazushi Ono et mise en scène par Àlex Ollé, la mezzo-soprano française Stéphanie d'Oustrac incarne une séduisante héroïne à l’esprit rock’n’roll dont les traits rappellent assurément ceux d’Amy Winehouse.

Distribution

Carmen
Stéphanie d'Oustrac
Don José
Toshiaki Murakami
Escamillo
Alexandre Duhamel
Micaëla
Ryoko Sunakawa
Zuniga
Hidekazu Tsumaya
Moralès
Kenichi Yoshikawa
Le Dancaïre
Hidekazu Machi
Le Remendado
Shuhei Itoga
Frasquita
Mari Moriya
Mercédès
Mika Kaneko
Chœurs
New National Theatre Chorus, BIWAKO HALL Vocal Ensemble, TOKYO FM Boys Choir (Children Chorus)
Orchestre
Tokyo Philharmonic Orchestra
...
Musique
Georges Bizet
Direction musicale
Kazushi Ono
Mise en scène
Àlex Ollé
Décors
Alfons Flores
Lumières
Marco Filibeck
Costumes
Lluc Castells
Texte
Henri Meilhac, Ludovic Halévy
Chef des Chœurs
Kyohei Tomihira
Chef du Chœur des enfants
Keiko Yoneya, Kunie Ito
...

Vidéo

Trailer

BANDE-ANNONCE | CARMEN Bizet – New National Theatre Tokyo

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L'histoire

Acte I

L'histoire se déroule à Séville en Espagne. Un groupe de soldats est de service dans une fabrique de cigarettes. Micaëla, une « paysanne avec des nattes et une jupe bleue », vient rendre visite au caporal Don José. Moralès, un autre caporal, lui dit que José arrivera bientôt, lors de la relève de la garde, et propose à Micaëla d’attendre avec eux. Elle décline la proposition et s’en va. Peu après, les enfants de la ville entrent, suivis du lieutenant Zuniga et de ses soldats. Moralès dit à José que Micaëla le cherchait. José explique que Micaëla est une fille qui vit avec sa mère dans sa ville natale. La cloche de midi sonne et les ouvrières sortent de l’usine. Les hommes attendaient ce moment. Leur attention se porte principalement sur Carmen. Remarquant que José n'est pas attiré par elle, Carmen ôte la fleur de sa poitrine et la lui jette avant de quitter la scène. Micaëla réapparaît et donne à José une lettre et de l'argent de sa mère. Dans la lettre, sa mère souhaite qu’il revienne bientôt à la maison et qu'il épouse Micaëla. Pendant ce temps, une bagarre éclate dans l'usine et Carmen est arrêtée. José reçoit l'ordre d'emmener Carmen mais il cède à sa séduction, la libère des cordes et l'aide à s'échapper.

Acte II

À la taverne de Lillas Pastia. Zuniga annonce à Carmen que José, qui a purgé sa peine de prison pour avoir laissé Carmen s'échapper, est libéré aujourd'hui. Un toréador populaire appelé Escamillo fait son entrée. Escamillo et Carmen sont attirés l'un par l'autre, mais à ce stade, Carmen est toujours amoureuse de José. Deux contrebandiers arrivent : Le Dancaïre et Le Remendado. Ils persuadent Carmen et sa bande de se joindre à eux dans leur entreprise. Finalement, José revient de prison. Carmen l'accueille mais elle est contrariée lorsque José essaie de partir à la sonnerie du clairon. Sur le point de partir, José rencontre Zuniga, ivre, et une bagarre éclate. Ayant défié son supérieur, José n'a d'autre choix que de rejoindre les contrebandiers.

Acte III

Scène 1

Dans les montagnes, sur le chemin de la contrebande de marchandises. Carmen est froide avec José. Elle se joint à Frasquita et Mercédès pour lire leur avenir dans les cartes, mais sa mort est prédite. Escamillo arrive et, reconnaissant José comme un rival amoureux, commence un duel, que Le Dancaïre et les autres interrompent. Micaëla arrive à la recherche de José et lui annonce que sa mère est mourante. José descend les montagnes avec Micaëla.

Scène 2

Dans les arènes de Séville. La corrida est sur le point de débuter devant une foule immense qui acclame les toréadors qui font leur entrée. Le dernier du cortège est Escamillo accompagné de Carmen. On dit à Carmen de faire attention car José est en ville. À l'extérieur de l'arène, où l'on entend encore les acclamations, José supplie Carmen de se réconcilier avec lui. Mais Carmen refuse froidement. Fou de jalousie, José plante un couteau dans la poitrine de Carmen

En profondeur

Carmen, un symbole de courage et de liberté

Le metteur en scène Àlex Ollé au sujet de son héroïne

La Carmen espagnole est un mythe. C'est un mythe qui est toujours au sommet de l'imagerie collective, nationale et internationale, depuis que Mérimée a publié son roman et que Bizet a composé son opéra. Ce mythe a survécu au théâtre, au cinéma, à la danse, à la musique, à la peinture et à toutes les formes d'art. Il a même survécu aux tentatives de démystification des qualités que Carmen semble incarner.

Nous pourrions nous demander pourquoi nous sommes fascinés par Carmen, même 175 ans après la création du personnage. De nos jours, la tragédie de Carmen ferait la une des journaux comme un autre cas de violence sexiste. Ce qui survit, c'est l'élan qui la motive, son désir de liberté, ses relations ouvertes avec les hommes, l'égalité, sa volonté de choisir par elle-même, de déterminer son propre destin. Carmen est sûre d'elle. Aucun homme ne peut briser sa volonté. Son élan vital est le même que celui qui anime les femmes d'aujourd'hui, qui réclament la même chose que ce pour quoi Carmen est morte. Carmen est puissance, joie, courage, défi, symbole de liberté. De ce point de vue, Carmen est une histoire intemporelle qui représente certains droits que les femmes ont pu obtenir en l'espace de deux siècles.

Dans l'œuvre de Mérimée, Carmen vit dans un monde de cigariers, de gitans, de toréadors, de bandits, de la bohème andalouse, des milieux du flamenco. Dans l'opéra de Bizet, Carmen est dépeinte comme une ouvrière d'une fabrique de tabac, qui, en dehors de son travail, se comporte comme n'importe quelle chanteuse de flamenco. Chaque fois qu'elle est avec Frasquita et Mercedes parmi les contrebandiers dans la taverne de Lilas Pastia, même avec le lieutenant Zuniga, Carmen se comporte en artiste. Zuniga lui-même lui dit : « Ce ne sont pas des chansons que j'attends de toi ».

Ce monde de la chanson et de la taverne nous amène au monde du spectacle, des concerts. Carmen pourrait être une chanteuse connue qui se produit dans des concerts à grande échelle devant un public nombreux, mais aussi dans des lieux plus petits pour un public restreint. Le monde du spectacle implique des voyages, des personnes diverses, la proximité du monde de la drogue, de l'alcool, des fêtes, de la promiscuité. Tous ces éléments semblent constituer un univers approprié pour Carmen. Ce parallélisme nous permet d'aborder la mise en scène de Carmen comme une histoire actuelle que le public d'aujourd'hui peut suivre.

Carmen est une femme d'aujourd'hui. Elle a une expérience de la vie et se sent à l'aise dans divers environnements. Même si elle est une femme moderne, toute son expérience ne peut lui éviter de tomber amoureuse du mauvais garçon. Don José est un homme possessif et jaloux qui ne peut accepter un « non » comme réponse.

Au cours du processus de recherche d'idées, un personnage s'est avéré utile pour recréer cette histoire. La chanteuse Amy Winehouse est pour nous l'image miroir de Carmen. La vie d'Amy est l'ascension et la chute d'une jeune femme déterminée et capricieuse qui finit par être entraînée par la pression infligée par son environnement immédiat et, tout comme Carmen, connaît une fin tragique. Pour nous, Amy est avant tout une référence esthétique et visuelle qui nous permet d'identifier Carmen à un personnage réel, connu, proche et facile à comprendre, afin que le public puisse ressentir de l'empathie à son égard.

De la conjonction de ces idées naît le concept scénique d'un décor construit par des structures tubulaires typiques de toute scène rock. Dans notre version de Carmen, le personnage principal est une chanteuse d'un groupe à la mode. Les personnages qui gravitent autour d'elle appartiennent à la bohème du monde de l'art. Don José est un policier avec lequel Carmen joue au début, mais avec lequel elle finit par vivre une histoire d'amour orageuse. L'environnement de Carmen est composé de musiciens, de membres de l'équipe technique, d'agents de sécurité, de promoteurs et de fans qui la suivent. Les contrebandiers sont les dealers qui ont tendance à faire passer de la drogue dans cet environnement. Sa relation avec le torero Escamillo naît peut-être du fait qu'ils sont tous deux célèbres, mais ce qui les lie avant tout est le fait qu'ils sont le reflet l'un de l'autre. Ils aiment tous deux le risque, et affrontent le danger face à face. Ainsi, dans la scène finale, Carmen affronte Don José comme le torero affronte le taureau, mais cette fois, le torero ne peut éviter de se faire encorner.

C'est dans cet environnement de musique, de gloire, d'argent, de drogues, d'alcool, d'amour, de passion, de jalousie et de liberté que la tragédie se forge à nouveau d'une manière que le public d'aujourd'hui comprendra parfaitement.