Teatro Regio di Parma

I due Foscari

Verdi
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Tiraillé entre son devoir et son amour paternel, le Doge vénitien est contraint d'exiler son fils accusé de meurtre. L’espoir de pouvoir prouver son innocence subsiste, mais c’est sans compter l’opiniâtreté de leurs ennemis…

L'opéra I due Foscari s’ouvre dans le désespoir et s'achève tragiquement. La musique, ponctuée de sombres tonalités, de chœurs impressionnants et de thèmes propres aux personnages principaux, ouvre déjà la voie aux partitions ultérieures de Verdi.

Distribution

Francesco Foscari
Vladimir Stoyanov
Jacopo Foscari
Stefan Pop
Lucrezia Contarini
Maria Katzarava
Jacopo Loredano
Giacomo Prestia
Barbarigo
Francesco Marsiglia
Pisana
Erica Wenmeng Gu
Fante
Vasyl Solodkyy
Un servo
Gianni De Angelis
Chœurs
Coro del Teatro Regio di Parma
Orchestre
Filarmonica Arturo Toscanni / Orchestra Giovanile della Via Emilia
...
Musique
Giuseppe Verdi
Direction musicale
Paolo Arrivabeni
Mise en scène
Leo Muscato
Décors
Andrea Belli
Lumières
Alessandro Verazzi
Costumes
Silvia Aymonino
Texte
Francesco Maria Piave
Chef des Chœurs
Martino Faggiani
...

Vidéo

Trailer

BANDE-ANNONCE | I DUE FOSCARI Verdi – Teatro Regio Parma

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Extrait

Questa dunque è l’iniqua mercede

Acte III. Les membres du Conseil sont venus demander au Doge (Vladimir Stoyanov) de démissionner étant donné son âge avancé et son état de choc à cause de la mort de son fils. Par deux fois, la demande d'abdication du Doge a été refusée. Il a donc fait le serment de rester en fonction jusqu'à sa mort, il veut maintenant honorer sa promesse. Dirigé par Paolo Arrivabeni et mis en scène par Leo Muscato.

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L'histoire

Acte I

Au sein du Palazzo Ducale de Venise, le Conseil des Dix et les membres du gouvernement se réunissent, parmi lesquels Loredano et son ami Barbarigo. Tous deux apprennent que le Doge, apparemment serein, est arrivé avant eux. Conduit hors de prison, Jacopo Foscari, le fils du Doge, attend d'être convoqué devant le Conseil. Il salue sa Venise bien-aimée qu'il n'a pas vue depuis longtemps car il a été exilé de la ville. Un fonctionnaire l'encourage à espérer un acte de clémence, mais Jacopo s'insurge contre la haine atroce exprimée à son égard. Sa femme Lucrezia Contarini plaide sa cause devant le Doge, qui est après tout son père. Le Doge lui répond qu'elle peut espérer une justice céleste. Lorsqu'elle apprend que Jacopo a à été nouveau condamné à l'exil, Lucrezia laisse éclater sa fureur.
Les sénateurs commentent la sentence : Jacopo n'a pas avoué, mais sa culpabilité est prouvée par la lettre qu'il a envoyée au duc Sforza à Milan. Il est donc juste qu'il doive retourner en exil en Crète. L'impartialité de la justice vénitienne doit valoir pour tous, même pour le fils du Doge.
Le Doge réfléchit à son destin de prince, dont le pouvoir a été fortement réduit par le Conseil des Dix, et à son destin de père, qui est incapable d'aider son fils dans sa détresse. Lucrezia entre et plaide auprès de son beau-père pour annuler la condamnation de Jacopo, mais le Doge lui explique que la loi vénitienne ne le permettra pas. En voyant le Doge en larmes, Lucrèce commence à espérer.

Acte II

Alors qu'il dépérit dans sa cellule, Jacopo sent la présence d'un spectre dans un moment de folie. Carmagnola, le célèbre commandant exécuté à Venise, s'avance vers lui en tenant sa tête coupée. Terrifié, Jacopo s'évanouit. Il se réveille dans les bras de Lucrezia. Elle est venue lui donner la sentence : non pas la mort, mais l'exil, les forçant à se séparer pour toujours.
Le Doge arrive et tous trois s'embrassent, profondément émus. Jacopo perçoit maintenant tout l'amour de son père qui a abandonné son autorité rigide de jadis. Accompagné de gardes, Loredano arrive pour informer Jacopo que le Conseil a décidé qu'il devait partir immédiatement pour la Crète. Tous trois s'étreignent à nouveau, mais Loredano les sépare sans pitié. Jacopo est emmené par les gardes. Les conseillers et les gouverneurs s'unissent pour confirmer la sentence. Le Doge entre pour présider. Jacopo est admis, demandant justice à son père et clamant son innocence, mais le Doge ne peut que conseiller à son fils de se résigner. Lucrezia arrive avec Pisana et d'autres dames qui accompagnent leurs deux enfants. Jacopo court les embrasser et les fait s'agenouiller devant le Doge, en implorant sa pitié. Barbarigo est touché par cette scène et tente en vain d'adoucir la détermination de l'implacable Loredano. Jacopo doit retourner en Crète seul, sans sa famille. Face à cet avenir, Jacopo sent que la mort se rapproche.

Acte III

La place Saint-Marc se remplit de monde. Loredano et Barbarigo arrivent et observent la foule heureuse, insensible au destin tragique des Foscari. Soudain, une galère arrive au port pour emmener Jacopo en Crète. Avant d'embarquer, il fait ses adieux à Lucrezia et à ses enfants. Mais Loredano les sépare une fois de plus pour hâter le départ. Alors que Jacopo monte à bord de la galère, Lucrezia s'évanouit.
Dans ses appartements privés, le Doge pleure son destin tragique : trois de ses fils sont morts jeunes et un quatrième est sur le point d'être banni. Barbarigo entre à l'improviste avec une lettre. Un certain Erizzo l'a rédigée pour confesser le crime pour lequel Jacopo a été condamné. Le Doge remercie le ciel, mais sa joie ne dure pas. Lucrezia arrive en larmes pour annoncer la mort de Jacopo au moment où le bateau a pris la mer.
Les membres du Conseil dirigés par Loredano sont alors amenés devant le Doge. Ils sont venus lui demander de démissionner étant donné son âge avancé et son état de choc à cause de la mort de son fils. Par deux fois, la demande d'abdication du Doge a été refusée. Il a donc fait le serment de rester en fonction jusqu'à sa mort, il veut maintenant honorer sa promesse. Mais le Conseil ne flanche pas. Le Doge leur remet alors l'anneau et la couronne d'office. Lucrezia arrive pour l'accompagner hors du palais lorsque Loredano lui annonce que Malipiero est le nouveau Doge. À cette nouvelle, le vieil homme meurt.

En profondeur

5 clés pour aborder I due Foscari

1° L'Italie, férue de Byron

Le poète anglais Lord Byron (1788-1824) ne fut jamais aussi acclamé qu'en Italie. Cette admiration n’eut d’égal que son propre attachement à l'Italie, où il vécut pendant sept ans. Personnage éblouissant et provocateur, Byron était un sympathisant de la cause italienne et écrivait avec éloquence sur leur situation politique. S'installant à Venise en 1816 après de nombreuses années d'errance, il se plongea dans l'histoire de la ville.

S'inspirant librement des événements historiques des années 1450, il écrivit sa pièce en vers Les deux Foscari à Ravenne, en moins d'un mois au cours de l'été 1821. Dans la tragédie de Byron, le Doge Francesco Foscari est dévasté par le maintien de la loi vénitienne alors même qu'elle condamne son fils Jacopo à l'exil. Le fait que le personnage historique de Jacopo était un véritable escroc et que sa condamnation à l'exil était en réalité un acte de clémence, prononcé en faveur de son père, n’est mentionné nulle part dans la pièce.

2° Des Deux Foscari à I due Foscari

« Quel beau drame, magnifique, archibelissimo ! » : telle fut la réponse enthousiaste de Verdi devant l’adaptation de son librettiste Francesco Maria Piave des Deux Foscari. Pour son sixième opéra, Verdi choisit de mettre en musique le drame mélancolique de Byron, en résumant magnifiquement son ton sombre et ses allusions à la rigueur et au secret vénitiens. Pour la première fois, Verdi développa des thèmes individuels pour chaque personnage, révélant leur trouble intérieur et préfigurant de futures œuvres intimes comme Luisa Miller ou La traviata.

Si Verdi fut d'abord séduit par le sujet, quatre ans seulement après la première en novembre 1844, il le qualifia d’« enterrement... une atmosphère et une couleur trop uniformes du début à la fin ». Plus tard encore, dans une lettre adressée au librettiste du Roi Lear, Antonio Somma, il écrivit : « Je devrais refuser d'écrire sur des sujets tels que Nabucco, Foscari, etc. Ils offrent des situations extrêmement dramatiques, mais ils manquent de variété ». Malgré cette monotonie apparente, l'opéra se caractérise par une musique glorieuse ; le rôle du Doge est un tour de force dramatique, tandis que celui de Jacopo est souvent considéré comme le plus lyrique que Verdi ait jamais composé.

3° Une dynamique père-fille inattendue

Bien que l'opéra porte le nom d'un père et de son fils, on peut affirmer que la relation entre le Doge et sa belle-fille est la plus décisive. Après leur confrontation devant le Conseil, ils se retrouvent dans le cabinet privé du Doge dans l'acte 1, scène 4. Enfin seul, le Doge peut libérer ses véritables sentiments : le cœur de son vieux père pleure, car ses yeux n'ont plus de larmes pour pleurer. Lucrezia est furieuse et Francesco, qui l'appelle « fille », tente de la raisonner. Ses larmes offrent néanmoins une lueur d'espoir à Lucrezia, découragée. La scène est caractérisée par une variété de solos, d'apartés et d'interjections qui, sans compromettre l'unité musicale, devaient devenir la signature de Verdi.

Cette scène est tout aussi intéressante sur le plan psychologique. Dans sa fantaisie onirique, on pourrait dire que chaque personnage de la scène de l'opéra incarne un aspect différent de chacun d’entre nous. L’un des deux aspects pourrait être incarné par la voix fatiguée et soumise du père, tandis que l’autre serait illustrée par celle, plus active et stridente de la belle-fille. Comme le suggère l'auteur William Berger, cette dialectique père-fille représente les conflits internes en chacun de nous.

4° Souligner cette couleur sombre et morne

« Si Verdi fit le choix d’une couleur aussi sombre et morne », explique Paolo Arrivabeni, « il le fit manifestement dans l'intention de suivre l'esprit du sujet. Chaque fois que je dirige cet opéra, je ressens la façon dont les couleurs sombres sont censées évoquer un décor. D'une certaine manière, à certains moments, on peut aussi goûter le sel de la mer, comme Verdi le fera dans Simon Boccanegra. La tâche du chef d'orchestre est précisément celle de souligner cette couleur particulière, que Verdi a, sans surprise, voulu conserver tout au long de l'opéra.

La scène de Jacopo, seul, en prison en est l’illustration : il y a tout d’abord une introduction instrumentale de l'alto et du violoncelle - et le fait que Verdi écrive des "soli" n'est pas un hasard, c'est presque onomatopéique, comme s'il voulait déjà souligner la solitude dans laquelle se trouve Jacopo. Le sentiment de tristesse et de désolation que cette introduction transmet est déjà brillant en soi. Ici, Verdi est vraiment futuriste,son style est celui d’un compositeur du 20e siècle. Face à une telle situation, il nous faut simplement suivre ce que Verdi a voulu suggérer ».

5° Un genre théâtral qui bannit tout mensonge

« Lorsque j'ai commencé à étudier I due Foscari », explique Leo Muscato, « cela a créé dans mon esprit un décalage entre la musique et l'histoire : d'un côté, il y avait une histoire qui se déroulait au milieu du 15e siècle à Venise, où des hommes portent de très longues tuniques ; de l'autre, une pièce musicale fortement marquée par le 19e siècle, présentant des formes fermées, des cabalettas héroïques et des leitmotivs qui caractérisent les personnages. Il m'est venu presque instinctivement à l'esprit que si nous avions situé cette histoire à une époque plus proche de celle de Verdi, je n'aurais plus jamais entendu cette divergence.

Ainsi, le caractère esthétique des scènes et des costumes vise à rendre une abstraction. Le visuel est ramené à l'essentiel. Pour suggérer différents environnements, nous utilisons un seul système scénographique qui permet des changements d'images nombreux et évidents. Sans jamais arrêter l'action, vous passerez d'un tableau à l'autre, sans interruption, offrant à l'action un rythme précis. Et tout cela pour nourrir une idée du théâtre que j'ai toujours poursuivie : un théâtre qui met le spectateur en position d'imaginer ce qui n'est pas là ; un théâtre dans lequel le mensonge est interdit et où la fiction devient le seul moyen de crier des vérités à qui veut les entendre ».