Finnish National Opera and Ballet

Don Giovanni

Mozart
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L'insatiable Don Giovanni n'est pas difficile : qu’il s’agisse de Donna Elvira, de sa servante ou encore d’une jeune mariée à la campagne, toutes feront l’affaire. Mais lorsqu'une de ses aventures se solde par un meurtre, il déclenche une chaîne d'événements qui le rapproche de son amer destin.

Lorsque le librettiste le plus habile et le compositeur le plus ingénieux de leur temps s'associent, il en résulte un irrésistible mélange de tragédie et de comédie. Cette nouvelle interprétation de Don Giovanni par l'acteur et metteur en scène finlandais Jussi Nikkilä, mariant le moderne au rococo, regorge d’allégresse et de luxure.

Distribution

Don Giovanni
Tuomas Pursio
Donna Anna
Hanna Rantala
The Commandant
Koit Soasepp
Donna Elvira
Tamuna Gochashvili
Don Ottavio
Tuomas Katajala
Leporello
Markus Suihkonen
Masetto
Henri Uusitalo
Zerlina
Olga Heikkilä
...
Musique
Wolfgang Amadeus Mozart
Direction musicale
Patrick Fournillier
Mise en scène
Jussi Nikkilä
Décors
takis
Lumières
Kalle Ropponen
Costumes
Erika Turunen
Texte
Lorenzo da Ponte
Conception sonore
Asko Kuusisto
...

Vidéo

Extrait

Protegga il giusto cielo

Acte I. Elvira (Tamuna Gochashvili) se joint à Ottavio (Tuomas Katajala) et Anna (Hanna Rantala) ; ils se rendent au bal et ont l'intention de se venger de Giovanni. Dirigé par Patrick Fournillier et mis en scène par Jussi Nikkilä.

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L'histoire

Acte 1

Don Giovanni, un noble libertin, tente de séduire Donna Anna en se faisant passer pour son fiancé. Le père d'Anna, le Commendatore, le provoque alors en duel. Don Giovanni tue le vieil homme avant de s'échapper avec son serviteur Leporello. Donna Anna fait jurer à son fiancé Don Ottavio de venger la mort de son père.

Peu après, Don Giovanni et Leporello tombent sur Donna Elvira, l’une des anciennes conquêtes de Giovanni. Leporello révèle sèchement à Elvira qu'elle n'est pas la première victime de Don Giovanni et ne sera pas sa dernière, lui exposant la longue liste de ses conquêtes. Lors d'un mariage à la campagne, Don Giovanni séduit la mariée, Zerlina. Lorsque Don Ottavio et Donna Anna arrivent, celle-ci reconnaît la voix du meurtrier masqué de son père. Utilisant Leporello comme bouclier, Don Giovanni s'échappe une fois de plus.

Acte 2

Leporello menace de quitter son maître, mais Don Giovanni le corrompt avec de l'argent et le persuade de l'aider à séduire la servante de Donna Elvira. Échangeant ses vêtements avec Leporello, Don Giovanni fait la cour à la servante tandis que Leporello, habillé en Giovanni, distrait Donna Elvira. Le fiancé de Zerlina, Masetto, arrive à la tête d'une foule vengeresse à la recherche de Don Giovanni. Don Giovanni parvient à duper Masetto et à s’enfuir. Zerlina réconforte alors son fiancé. Leporello, toujours habillé en Don Giovanni, doit révéler sa véritable identité pour échapper à la mort.

Dans un cimetière, Don Giovanni relate ses aventures à Leporello. Soudain, une voix fantomatique lui déclare que son allégresse est sur le point de prendre fin. Il s'agit de la statue funéraire du Commendatore, que Don Giovanni invite audacieusement à dîner. La statue accepte l'invitation. Alors que le dîner commence, Donna Elvira apparaît pour lui demander de changer de vie. À cet instant, l'invité de pierre fait son apparition. La statue demande à Don Giovanni de faire amende honorable pour son passé. Lorsque le Don prétend ne pas avoir de regrets, les flammes l'engloutissent.

En profondeur

L'ambiguïté intrinsèque de Don Giovanni

Selon la légende, Don Giovanni était un libertin et un scélérat. Sa liste d'exploits sexuels était si longue qu'un mot fut inventé après que son serviteur en déploya la liste interminable, pliée en accordéon : le leporello. Si la légende de Don Juan semble intemporelle, la première version écrite remonte à 1630 : El burlador de Sevilla y convidado de piedra (L’Abuseur de Séville) du dramaturge espagnol Tirso de Molina. De nombreuses autres adaptations virent le jour avant que Lorenzo Da Ponte n'écrive le livret de l'opéra de Mozart en 1787, dont la pièce de Molière Dom Juan ou le Festin de pierre (1665) et la pièce de Goldoni Don Giovanni Tenorio (1735).

Da Ponte s’inspira principalement du livret de Giovanni Bertati pour Don Giovanni Tenorio, un opéra contemporain de Giuseppe Gazzaniga, dont il complexifia l’ensemble des personnages. Néanmoins, lorsque l'opéra de Mozart fut créé deux ans seulement avant la Révolution française, la légende du libertin impie avait été quelque peu ébranlée. Alors qu'un siècle auparavant, à l'époque de Molière, l’histoire convenait parfaitement à la tragédie, l’aspect comique prit le dessus à la fin du 18e siècle.

Alors, Don Giovanni est-il une comédie ou une tragédie ? Cette ambiguïté déconcertante est au cœur de l'opéra. Mozart lui-même considérait son opéra comme un dramma giocoso – littéralement un « drame joyeux », un genre répandu en Italie au milieu du 18e siècle. Jussi Nikkilä, metteur en scène de cette production au Finnish National Opera and Ballet, s’interroge sur cette juxtaposition : « La comédie et la tragédie se croisent et se heurtent dans l'opéra de bien des façons. Je trouve très amusant le fait que le public ne sache pas si un passage est drôle ou profondément triste ». On en trouve un exemple dans l'infâme aria du catalogue de Leporello, dans lequel il énumère de façon satirique les conquêtes de son maître, au grand dam de Donna Elvira, qui apprend alors l'étendue de l'infidélité de Don Giovanni.

Malgré ses vices – ou grâce à ceux-ci –, le personnage de Giovanni n'a jamais manqué de captiver le public. Bien que tout le monde le blâme et le vilipende, Leporello l'appelle « maître » et Elvira « mari ». L'identité du Don est difficile à saisir : « Qui je suis, tu ne le sauras pas » chante-t-il. Cette inconstance se retrouve dans la musique de Mozart. Il écrivit le rôle pour le chanteur Luigi Bassi dont la tessiture était « à mi-chemin entre le ténor et la basse » (Allgemeine Musikalische Zeitung, 1800). Aujourd'hui, une telle voix serait qualifiée de baryton. Cependant, à travers les âges, le rôle fut chanté aussi bien par des ténors que par des basses. Le registre vocal de Giovanni est donc aussi inconstant que son personnage. Alors que les exigences vocales imposent des choix de casting pour tous les autres personnages, Giovanni peut être chanté par toutes sortes de voix. De même, il se présente sous de nombreux déguisements. Il se fait d’abord passer pour le fiancé d'Anna puis, empruntant les vêtements de Leporello, il parvient à s’introduire chez la servante d'Elvira.

Au vu de son caractère insaisissable, comment Don Giovanni peut-il être mis en scène aujourd'hui ? S'agit-il d'un opéra sur le châtiment mérité d'un criminel ? Si dans le livret de Bertati, Donna Anna finit dans un couvent, Da Ponte lui attribue le pouvoir de mobiliser Don Ottavio et les autres personnages dans une quête de justice et de vengeance. Le sujet s'inscrit parfaitement dans le débat contemporain sur la culture du viol. Jussi Nikkilä déclare : « L'histoire est celle d'un addict au sexe. J'ai voulu aborder ce thème avec audace. Don Giovanni est un homme adulte qui a opéré d'une certaine manière pendant des décennies. Son personnage et son comportement constituent une tension dramatique et un contexte idéaux pour un réalisateur. Personne ne peut agir ainsi sans un contexte favorable – les autres doivent concéder au dictateur son pouvoir ».

La morale de l’histoire est donc la suivante : Don Giovanni viole et assassine parce qu'il le peut. Le système est biaisé en sa faveur : son pouvoir découle de son statut social. Si la justice terrestre est impossible, il ne peut obtenir ce qu'il mérite qu'en descendant aux enfers. Pour Nikkilä, une telle lecture pourrait sembler unilatérale. Il s'intéresse aux motivations de Giovanni. Pourquoi agit-il ainsi ? Que cache-t-il ? Y a-t-il encore de la beauté en lui ? « Pour aimer vraiment, il faut accepter la possibilité d'être blessé. Le fait même que Don Giovanni ne puisse pas le faire le conduit à sa propre destruction ».