Giselle
Giselle
Opéra National de Bordeaux

Giselle

Adam
En direct le Disponible jusqu'au

Giselle est un ballet romantique intemporel sur l’amour éternel. Dans cette tragédie peuplée de fantômes, la jeune paysanne Giselle tombe amoureuse d’Albrecht, qui lui cache sa véritable identitée. Lorsque la supercherie est révélée par son rival, Hilarion, Giselle perd la raison et meurt de chagrin. Son fantôme protège alors son amant de la vengeance d'un groupe de spectres féminins appelés wilis.

Le livret de Giselle est l'œuvre de Théophile Gautier, qui a associé l'un de ses contes, La Cafetière (1831), à la légende germanique des Wilis - de jeunes fiancées mortes la veille de leur mariage - décrite dans un poème de Heinrich Heine. La chorégraphie fut créée par Jean Coralli, directeur de l'Opéra de Paris, et Jules Perrot, danseur et partenaire de Carlotta Grisi, la première Giselle. Le célèbre ballet romantique n'a pas encore livré tous ses secrets. L’une des figures les plus singulières du design actuel, matali crasset, propose une revisite alliant tradition et modernité, pour transporter cette histoire d’amour impossible à l’univers fantastique dans un cadre nouveau. Dans cette nouvelle production retransmise en direct de l'Opéra National de Bordeaux, les gestes des danseurs n'ont pas changé, ni les tutus romantiques, mais cette histoire éternelle se poursuit dans un nouveau décor.

DISTRIBUTION

Giselle
Marini Da Silva Vianna
Albrecht
Riku Ota
Myrtha
Ahyun Shin
La Mère
Pascaline Di Fazio
Hilarion
Riccardo Zuddas
Wilfried
Guillaume Debut
Bathilde
Anaëlle Mariat
Le Duc de Courlande
Marc-Emmanuel Zanoli
Vendangeurs
Marina Guizien
Ryota Hasegawa
Deux Willis
Hélène Bernadou
Anna Gueho
Ballet
Ballet de l'opéra National de Bordeaux
Orchestre
Orchestre National Bordeaux Aquitaine
...
Musique
Adolphe Adam
Chorégraphie
Eric Quilleré after Jules Perrot & Jean Coralli
Conception, Scénographie, Décors, Costumes, Accessoires
matali crasset
Lumières
Yannick Fouassier
Direction musicale
Sora Elisabeth Lee
...

VIDÉO

En coulisses

matali crasset

Responsable de la conception, de la scénographie, des décors, des costumes et des accessoires de la nouvelle production de Giselle à l'Opéra National de Bordeaux, matali crasset explique le processus de conception et la façon dont elle utilise les tenues des danseurs pour évoquer les différents mondes du ballet intemporel d'Adam consacré à l'amour éternel.

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L’HISTOIRE

ACTE I 

Albrecht, prince de Silésie, se déguise en villageois pour courtiser les paysannes, parmi lesquelles se trouve Giselle dont le garde chasse Hilarion est amoureux. Ce dernier ayant découvert l’identité du Prince, il le dénonce alors que Giselle se trouve face à Bathilde  la noble fiancée d’Albrecht. Giselle, trahie, en perd la raison et meurt. 

ACTE II 

Dans la forêt, la nuit, les Wilis, fantômes de jeunes filles mortes d’amour avant leurs noces traquent sans pitié toute présence  masculine. Leur reine, Myrtha, accueille Giselle qu’elle initie au rite mortifère. Leur première victime n’est autre qu’Hilarion, puis, c’est au tour d’Albrecht que Giselle parvient à sauver par la force de son amour.

EN PROFONDEUR

« Giselle ou la défense de la culture du vivant » 

par matali crasset - conception, scénographie, décors, costumes, accessoires.

 

L’INTENTION 

Mon rôle a consisté à imaginer une lecture plus contemporaine de l’histoire de Giselle en mettant en présence dans le récit deux mondes en confrontation. D’un côté, le monde de la ferme où vit Giselle que je réinterprète en un « monde d'en bas ». Il est proche du vivant et le défend. De l’autre, le « monde du haut », celui des gens qui craignent de perdre leurs privilèges.C’est une interprétation plus universelle en rapport avec notre monde  contemporain et ses enjeux.  

J’aime à penser qu’Albrecht est certes un transfuge, passant du monde d’en haut vers le monde d’en bas,  parce qu’il aime Giselle, mais aussi parce ce qu’il veut se rapprocher de la culture du vivant. C’est pourquoi à  la fin, il est sauvé. Le monde d’en bas est une préfiguration du monde d’après.  

Les deux actes sont très contrastés. L'acte 1 est celui du réel, de la vie : les costumes sont très colorés et la vie de la communauté exaltée. L’acte 2 est l'acte du fantastique, il laisse place à l’évanescence apporter principalement par la présence fantomatique des jeunes femmes : les Willis.  

LE DECOR 

Mon point de départ créatif a été d’imaginer que le véritable personnage principal du ballet est le « tutu ». Et donc, toutes les structures créées pour faire le décor sont en forme de cône avec un rythme de lignes qui vient délimiter le pourtour. Le décor, qui reste fixe, rentre ainsi en résonnance avec le tutu. Sa dynamique, sa  souplesse s’en trouve encore plus magnifiée. 

Le ballet prend cadre dans un paysage romantique avec une forêt et une chaumière où vit Giselle dans le monde d’en bas, et un château au loin qui représente le monde d’en haut. Mon intention a été de considérer que le mot paysage désigne une réalité : ce n’est pas seulement une vue, un panorama ou un simple morceau de nature mais un système d’espace élaboré par l’homme à la surface de la Terre pour répondre au besoin d’une communauté. En fait, l’intrication entre les activités humaines et les réalités naturelles est ce qui constitue un paysage.  

Prendre conscience de l’environnement passe par notre relation à la terre et à son usage et par une  réaffirmation d’un paysage communautaire. C’est pourquoi, le décor, et notamment les arbres qui le  composent, ont été fabriqués à la main par les menuisiers de l’Opéra. Non pas comme une représentation mais comme une construction de bois. Il en est de même pour le soleil, qui a la même matérialité. Donner à voir de la vraie matière, non peinte, c’est montrer un vrai savoir-faire, avec le souci de son réemploi quand le ballet sera terminé. De même, les éléments du paysage de l’acte 1 sont réutilisés complètement différemment dans l’acte 2. 

LES COSTUMES 

Deux types de costumes marquent la différence entre être du « monde d'en haut » et être du « monde d'en  bas ». La matière même des costumes a toute son importance : « en bas », j’ai travaillé les matières brutes considérées comme peu nobles que j’ai voulu valoriser pour les rendre uniques grâce aux savoir-faire des ateliers de l’Opéra. J’ai voulu détourner une matière brute quotidienne en proposant une autre typologie de sophistication. 

Ces costumes sont réalisés en tissu gaufré fabriqué par une entreprise française et qui est utilisé habituellement pour réaliser des serpillères. Elle est constituée d’une trame 80 % de coton et 20 % de déchets recyclés. Ce tissu est produit spécifiquement pour ce spectacle, teinté et confectionné par les ateliers de  l’Opéra. Le « monde d’un bas » vient ainsi révéler les savoir-faire des fabriques textiles en France. C’est une  richesse qu’il faut soutenir. De la fabrication de la matière dans le bassin textile de Lyon à la confection dans  les ateliers de l’Opéra, c’est une alliance entre deux fabriques à échelle humaine, entre deux savoir-faire.  Pour les costumes des gens du « monde d’en haut », j’ai imaginé une matière plus synthétique avec des  couleurs un peu artificielles comme pour signifier un monde de l'apparence.  

Enfin, durant ce travail de mise en scène, j’ai été invitée à me poser dans une « maison » qui fonctionne à l’image d’un organisme vivant où tout le monde a son rôle et son savoir-faire. J'ai pu échanger avec Eric Quilleré sur sa façon de mettre en place la chorégraphie, avec Jean-Philippe Blanc pour les costumes, voir le projet prendre vie avec l’atelier décor et l’éclairage de Yannick Fouassier. J’ai aimé impulser une logique d’ensemble puis laisser à chacun la possibilité de s’en emparer et d’abonder avec son savoir-faire. Cette  organisation quasi-organique autour de ce projet singulier a reposé sur une confiance mutuelle qui sera, j’en suis sûre, perceptible lors des représentations.