Fidelio
Dans les circonstances les plus complexes, alors que le monde semble incroyablement sombre, une femme prend sa vie en main. Elle risque tout pour sauver son mari, fait prisonnier politique – et retrouve la liberté.
La production de la Birmingham Opera Company, ayant lieu dans un énorme chapiteau de cirque et rassemblant des artistes professionnels et amateurs, explore avec intensité ce que signifie aujourd'hui l'oppression. L'image saisissante de plus de 200 locaux faisant l’expérience de l’emprisonnement et du retour à la liberté restera longtemps gravée dans les mémoires.
Distribution
Florestan | Ronald Samm |
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Leonore | Jane Leslie MacKenzie |
Rocco | Jonathan Best |
Marzelline | Donna Bateman |
Jaquino | John Upperton |
Don Pizarro | Keel Watson |
Don Fernando | Michael Druiett |
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Musique | Ludwig van Beethoven |
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Direction musicale | William Lacey |
Mise en scène | Graham Vick |
Décors | Paul Brown |
Lumières | Robert A Jones |
New orchestral version | Julian Grant |
New version of the play | Sarah Woods |
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Vidéo
L'histoire
Leonore, déguisée en Fidelio, a obtenu un poste à la prison où son mari, Florestan, a selon elle été incarcéré illégalement. Marzelline, la fille du gardien de prison Rocco, s’éprend de de Fidelio, au grand dam de son collègue Jaquino.
Fidelio persuade Rocco de partager la surveillance des détenus. Après avoir entendu parler d’une machination visant à assassiner Florestan, Fidelio obtient la permission d'aider à préparer la tombe.
Privé de lumière, d'air, de nourriture et de liberté, Florestan envisage sa situation désespérée et a une vision de Leonore le menant à la liberté. Fidelio reconnaît la voix de son mari et lui révèle sa véritable identité. Leonore menace alors le gouverneur Pizarro avec un pistolet. À ce moment précis, le ministre arrive et octroie la grâce à l’ensemble des prisonniers, permettant à Leonore de libérer enfin son Florestan bien-aimé.
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Au-delà du récit classique de l’opéra, Fidelio de la Birmingham Opera Company est une histoire d’emprisonnement et de libération, sur le plan personnel, politique et social.
Durant l’entracte, chaque membre du public a reçu un sac noir numéroté. À ce stade du spectacle, ils avaient déjà été victimes de la police anti-émeute, avaient été emprisonnés, puis relâchés. Ils faisaient déjà partie du spectacle. De retour sous le chapiteau, ils devaient trouver leurs numéros et se tenir dessus. Sur instruction, ils ont dû placer le sac noir sur leur tête. Partageant l’expérience de Florestan de l’emprisonnement dans les ténèbres, chaque membre du public est resté neuf minutes, hors d’atteinte, dans l’obscurité complète, à l’écoute, jusqu’à l’arrivée du mot « Leonore ». C’était le signal pour retirer les capuchons alors que Leonore - et Beethoven - apportaient une lueur d’espoir dans les ténèbres.
En profondeur
Respirez la vie
Quand les productions de Graham Vick font tomber les barrières
Les compagnies d'opéra du monde entier cherchent de nouvelles façons d'atteindre leur public, et ont encore redoublé d’efforts avec l'impact de la pandémie sur le secteur des arts du spectacle. La Birmingham Opera Company est une exception quelque peu miraculeuse dans ce paysage. Le directeur artistique Graham Vick a toujours conçu l'opéra comme un vecteur de changement et de communication.
As artists, our challenge is not how to give but how to give back - and I mean give back to everyone across our increasingly complex and rich melting pot of peoples. Music effects change by touching humanity.
Vick n'est pas étranger aux plus grandes maisons d'opéra du monde, mais il retourne sans cesse dans sa ville natale de Birmingham pour y mettre en scène des représentations. Là, ses productions ambitieuses sur le plan artistique et stimulantes sur le plan intellectuel ne font pas de concessions au public, dont une grande partie est novice dans le monde de l’opéra. Néanmoins, les communautés locales affluent pour participer et s'engager dans les productions de Vick. Quel est donc son secret ?
Libérer ce qui est déjà là
Bien que Vick soit connu pour ses productions expérimentales, son approche de la mise en scène n'est pas iconoclaste. Son travail qui s’étend « de productions très complexes aux multiples facettes qui mettent le public au défi de faire des choix, aux univers scéniques austères et essentiels qui l'encouragent à remplir l'espace vide avec une réponse imaginative » est toujours centré sur la musique, cherchant à la libérer.
Vick s'inspire de l'interaction de la musique avec le sens et tente de guider les interprètes vers une identification avec le matériau d'une manière si authentique qu'il renaît à travers eux. Ce processus de suppression des obstacles et de promotion des rencontres personnelles directes, comme le considère Vick, s'applique également au public. « Tout est déjà là, si familier – si seulement cela pouvait être libéré ».
À la rencontre du public
Convaincue que l'opéra appartient à tout le monde, la Birmingham Opera Company va activement à la rencontre de son public sur son propre terrain. « Il n'est pas nécessaire d'être éduqué pour être touché, ému et enthousiasmé par l'opéra. Il suffit de le vivre directement, sans que rien ne s'y oppose », explique Vick. Il reconnaît et endosse la responsabilité de supprimer les obstacles de manière proactive et de créer les liens qui permettront à l'opéra de libérer sa puissance et ce, pour tout le monde.
Il n'est pas surprenant que les communautés locales, dans toute leur diversité ethnique, religieuse et sociale, soient invitées et encouragées à s'engager physiquement dans son « théâtre immersif » par un dialogue ouvert et stimulant. Il est évident, au vu de la force même des productions, que la relation de confiance mutuelle qui s'établit en permanence est enrichissante pour toutes les personnes impliquées. Les productions de Vick ne sont pas surveillées, chacun a le droit de s'exprimer et aucune audition n'est organisée au sein de la communauté. Le processus s'apparente à une expérience en constante évolution.
Oh what joy, in the open airFreely to breathe again!Up here alone is life!
La mise en scène de Fidelio en 2002, l'une des œuvres préférées de Vick, est un exemple précoce et étonnant de la façon dont le théâtre immersif, lorsqu'il est bien fait, peut toutes et tous nous libérer. Conçu comme une provocation, tout le public suit Leonore dans sa quête pour retrouver son mari enchaîné. Il en résulte un voyage mythique dans les prisons que nous nous sommes construit. Alors que plus de 200 locaux font l’expérience de leur propre emprisonnement et de la remise en liberté, la libération qui s'ensuit n'est pas imaginaire, ni mise en scène, mais bien réelle. C'est peut-être là le secret de Vick.