La Monnaie / De Munt

Tristan & Isolde

Wagner
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Tandis qu'un chevalier accompagne une princesse promise à son maître, un amour tacite naît entre eux. Mais lorsque leur passion secrète est révélée au grand jour, ils cherchent refuge dans la mort afin que dure à jamais leur amour.

Véritable hymne à la puissance mythique de l'amour, Tristan & Isolde de Wagner marque un tournant dans la musique occidentale. Ses innovations musicales, son utilisation novatrice de l'harmonie et de la polyphonie et la représentation d'émotions extrêmes ont influencé des générations de compositeurs.

Distribution

Tristan
Bryan Register
King Marke
Franz-Josef Selig
Isolde
Ann Petersen
Kurwenal
Andrew Foster-Williams
Brangäne
Nora Gubisch
Melot / A helmsman
Wiard Witholt
A shepherd / A young sailor
Ed Lyon
Chœurs
La Monnaie's Men Chorus
Orchestre
La Monnaie's Symphony Orchestra
...
Musique
Richard Wagner
Direction musicale
Alain Altinoglu
Mise en scène
Ralf Pleger
Décors
Alexander Polzin
Lumières
John Torres
Costumes
Wojciech Dziedzic
Texte
Richard Wagner
Chef des Chœurs
Martino Faggiani
Artistic concept
Ralf Pleger & Alexander Polzin
Concertmaster
Saténik Khourdoian
TV Director
Myriam Hoyer
...

Vidéo

Trailer

BANDE-ANNONCE | TRISTAN & ISOLDE Wagner – La Monnaie / De Munt

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Extrait

O sink hernieder

Tristan (Bryan Register) et Isolde (Ann Petersen) célèbrent leur amour : ils maudissent le jour et bénissent la nuit, royaume de l’amour véritable. Là, comme en présage de la mort, toutes les frontières entre les amants sont abolies et l’union parfaite peut s’accomplir.

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L'histoire

Désireux de libérer les Cornouailles du tribut qu’elles paient à l’Irlande, le roi Marke a chargé son vassal et neveu Tristan d’affronter le chevalier irlandais Morold, qui vient chaque année lever l’impôt. Au cours du combat, Tristan parvient à tuer Morold, mais il est blessé par l’épée de son adversaire, enduite de poison. Seule Isolde, la fiancée de Morold et la fille du roi d’Irlande, est à même de soigner cette blessure, car elle est l’unique détentrice de l’antidote. Sous le nom de Tantris, Tristan se rend donc incognito en Irlande. Cependant, Isolde reconnaît en Tantris le meurtrier de son fiancé ; mais quelque chose dans son regard fait qu’elle s’éprend de lui et renonce à se venger. Elle guérit Tristan et le laisse rentrer en Cornouailles. Peu de temps après, Tristan repart en Irlande pour en ramener Isolde, qui doit épouser le roi Marke…

Acte I

En mer, sur le pont du navire de Tristan pendant la traversée d’Irlande en Cornouailles. Isolde exprime sa colère : elle est furieuse de la traîtrise de Tristan et de devoir contracter un mariage politique, sans amour, avec Marke. Elle fait mander Tristan par sa suivante Brangäne. Mais il décline l’invitation, soutenu en cela par son écuyer Kurwenal qui entonne un chant tournant Morold en dérision. Cela ne fait qu’exaspérer la fureur d’Isolde, qui révèle à Brangäne la vérité sur Tristan. Elle envoie à nouveau sa confidente insister auprès de Tristan : elle doit absolument lui parler avant qu’ils n’arrivent en Cornouailles. Isolde est fermement décidée à laver l’affront que Tristan lui a fait subir en suscitant son amour pour venir ensuite la chercher pour un autre. Elle demande à Brangäne de préparer un poison qu’elle trouvera dans le coffret contenant les potions élaborées par sa mère. Quand Tristan paraît enfin, Isolde exige réparation. Tristan lui tend son épée pour qu’elle le tue, mais elle préfère effacer l’affront par un « breuvage de réconciliation ». Entre-temps, Brangäne a discrètement échangé le poison contre un philtre d’amour… Tristan et Isolde boivent tous deux du breuvage et tombent dans les bras l’un de l’autre. Au même moment, le bateau accoste en Cornouailles.

Acte II

Dans le château du roi Marke en Cornouailles. Marke et sa suite sont partis chasser. C’est la nuit, et Isolde attend Tristan avec impatience. Cependant, Brangäne a remarqué que Melot, un des courtisans de Marke, surveille Tristan d’un œil soupçonneux, et met Isolde en garde contre lui. Mais la jeune femme n’ajoute guère foi aux propos de sa suivante et lui demande d’éteindre la torche ; Tristan saura ainsi qu’il peut la rejoindre sans risque. Dans un grand duo, Tristan et Isolde célèbrent leur amour : ils maudissent le jour et bénissent la nuit, royaume de l’amour véritable. Là, comme en présage de la mort, toutes les frontières entre les amants sont abolies et l’union parfaite peut s’accomplir. Brangäne fait le guet, mais elle est, tout comme Tristan et Isolde, totalement surprise par l’irruption de Marke, que Melot a mis au courant. La partie de chasse nocturne n’était qu’un prétexte pour prendre les amants sur le fait. Marke est profondément peiné par cette trahison qu’il ne comprend pas. Tristan ne sait que lui répondre, si ce n’est qu’il vit désormais dans un tout autre monde que lui. Lorsque, sur ces entrefaites, il invite Isolde à le suivre au « pays où la lumière du soleil ne brille pas », Melot, saisi de jalousie, s’interpose entre les jeunes gens et Tristan se jette sur l’épée dégainée du courtisan.

Acte III

Karéol, le château de Tristan en Bretagne. Dans l’ancestral château de Tristan, Kurwenal monte la garde auprès de son maître, mortellement blessé, qu’il a ramené à Karéol pour qu’il s’y rétablisse. Comme la blessure de Tristan ne veut pas guérir, l’écuyer a de nouveau appelé Isolde à l’aide. Elle peut arriver des Cornouailles à tout moment. Kurwenal a chargé un jeune berger de surveiller la mer et de lui faire signe dès que le navire de la jeune femme serait en vue. Tristan, sortant d’un demi-sommeil, croit dans son délire voir Isolde devant lui et exprime le vœu d’entrer avec elle dans la nuit éternelle. Lorsque le berger annonce, par une mélodie joyeuse, l’arrivée d’Isolde, Tristan est fou de joie ; entendant sa voix, il arrache même ses pansements. Isolde a tout juste le temps de le serrer dans ses bras avant qu’il expire. Elle perd connaissance et s’effondre sur son corps. Un deuxième navire accoste, avec à son bord Marke, Brangäne et Melot. Kurwenal, qui ne sait pas que Marke est venu pour apporter son pardon et réunir les amants, se précipite sur les nouveaux-venus avec fureur. Il tue Melot puis s’écroule à son tour, mortellement blessé, à côté de la dépouille de Tristan. Isolde reprend alors conscience une dernière fois avant de suivre Tristan dans la « mort d’amour ».

En profondeur

5 clés pour aborder Tristan & Isolde

1° Nouveaux départs

Tristan & Isolde constitua un nouveau départ pour Wagner. Beaucoup diront que ce fut le cas pour le monde de l'opéra dans son ensemble. Composé entre 1857 et 1859, alors que Wagner travaillait déjà sur l’Anneau, l’opéra marque un tournant en cela qu’il s’éloigne des romances basées sur des intrigues pour se tourner vers une réflexion métaphysique sur l'existence humaine. Friedrich Nietzsche le qualifiera plus tard d’« opus métaphysique ».

Influencé par la philosophie d'Arthur Schopenhauer, dont l'œuvre centrale – Le monde comme volonté et comme représentation – inspira la conception de Tristan & Isolde, Wagner commença à considérer la vie sur terre comme étant dominée par un désir inassouvi. À titre anecdotique, son propre désir pour son amie, l'auteure et poétesse Mathilde Wesendock, dont le mari Otto était son bienfaiteur, resta également inassouvi. Cette dernière est considérée comme l'autre grande source d'inspiration de l'opéra.

2° Le plus beau des rêves

Dans une lettre à son futur beau-père, Franz Liszt, datée du 16 décembre 1854, Wagner écrivit : « N’ayant jamais encore, de toute ma vie, goûté le véritable bonheur de l'amour, je veux élever un monument à ce rêve, le plus beau de tous : du début à la fin, il ne sera question que d’amour. J'ai élaboré en pensée un Tristan & Isolde, d’une conception musicale la plus simple mais pleine de vitalité ; du drapeau noir qui flotte à la fin, je veux me couvrir - pour mourir ».

L’amour a toujours été au centre du genre opératique et ce, bien avant l'arrivée de Wagner. Mais la vision de Wagner transcende le scénario conventionnel, l'élevant à une profonde exploration philosophique sur la métaphysique de la subjectivité, l'union des âmes et les mystères du monde naturel et au-delà.

3° La musique, initiatrice de passions

Non seulement Tristan & Isolde outrepassa les limites communément acceptées des sujets traités à l’opéra, mais son impact sur l'histoire de la musique fut également durable. Beaucoup diront que l'accord d'ouverture du prélude, connu sous le nom d'accord de Tristan, marqua le début de la musique moderne en introduisant le chromatisme et la dissonance. Ignorant complètement l'harmonie tonale traditionnelle, l'accord rechigne à se conclure en se terminant sur un autre accord dissonant.

Ce qui fascine le plus le Directeur musical de La Monnaie, Alain Altinoglu, en tant que chef d'orchestre, c'est « la fonction si novatrice de l’orchestre dans cet opéra. » Il considère que « Tristan a des allures de grand poème symphonique, où l’orchestre dépasse le rôle de simple commentateur ou accompagnateur pour se muer en initiateur de toutes les passions et de leur ambivalence. La naissance, l’interaction et la transformation de quelques simples cellules musicales mères débouchent sur un chef d’œuvre cosmique, universel et éternellement moderne. »

4° Un monde onirique sur scène

Dans la production de La Monnaie enregistrée il y a presque exactement un an, le 17 mai 2019, deux artistes allemands élaborent une vision commune. Le metteur en scène Ralf Pleger est issu du monde du théâtre et du cinéma, tandis que le scénographe Alexander Polzin est surtout connu en tant que sculpteur et peintre. Ensemble, ils créent une image scénique différente pour chaque acte, qui n'a aucun lien direct avec l'intrigue mais qui plonge le spectateur dans un état de rêve. Un tel minimaliste visuel concentre toute l'attention sur la musique et le livret.

En effaçant toute référence concrète à l'intrigue – aucune mention de la coupe, à peine une allusion à une lance, celle-ci s'efface au profit d'un arrière-plan et les passions deviennent encore plus intériorisées, transcendantes. La scène d'amour de l'acte 2, par exemple, est vécue par un Tristan et une Iseult immobiles, se tenant sur un curieux tas de branches blanches. Lorsque ces « branches » commencent à onduler lentement dans une chorégraphie sensuelle, elles reflètent parfaitement les émotions contradictoires et déchirantes des amants.

5° Des questions enivrantes

Le metteur en scène Ralf Pleger interprète le philtre d'amour que Tristan et Iseult boivent dans l'acte 1 comme une substance véritablement hallucinogène qui leur permet d’atteindre de nouvelles dimensions. La musique de Wagner, souvent décrite comme enivrante, fait clairement écho à la façon dont la potion pénètre dans le corps des amants et transforme leur conscience. La mise en scène de Pleger imagine l'expérience sensorielle du couple au cours de ce voyage métaphysique. Par conséquent, les tableaux scéniques semblent tout droit sortis d'un rêve psychédélique. Dans l'acte 3, par exemple, un fond céleste d'ombres et de lumières s'affiche derrière les chanteurs, prolongeant leurs passions dans l'univers.

Aux yeux du metteur en scène, l'opéra soulève de grandes questions sur nos origines et notre destination. Dans leur ouverture de conscience, Tristan et Isolde sont-ils capables de voir cette autre vérité, peut-être plus profonde ? Leur ivresse leur offre-t-elle cette « clairvoyance universelle », comme Wagner la formulera plus tard dans Parsifal ? Que se passe-t-il en eux lorsque, lors de leur grand duo, ils se déclarent être le monde ? Et surtout, l'amour est-il la réponse ?