Lamb of God
Lithuanian National Opera & Ballet

Agneau de Dieu

Bajoras
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Chanté en
lituanien
Sous-titres en
anglais
lituanien

Agneau de Dieu est un opéra-ballet qui se déroule dans la Lituanie rurale du lendemain de la guerre. Il dépeint l'atmosphère de malaise, de peur et d'incertitude quant à l'avenir, tandis qu'un cordonnier de village tente de rester sur le droit chemin de l'honnêteté.

Composé par Feliksas Bajoras en 1982, Agneau de Dieu (titre original : Dievo Avinėlis) est adapté d’un roman éponyme de Rimantas Šavelis. Le 11 mars 1990, la République de Lituanie est redevenue un État indépendant, la première république soviétique à quitter Moscou, entraînant d'autres États dans son sillage. La pièce traite de la résistance du peuple dans la Lituanie d'après-guerre et a dû attendre près de quatre décennies avant d'être créée. Lithuanian National Opera and Ballet Theatre, en collaboration avec le Lithuanian State Symphony Orchestra, le maestro Gintaras Rinkevičius et le chorégraphe Martynas Rimeikis, partage aujourd'hui cette pièce spectaculaire avec le monde entier. « Nous allons tous vers l'au-delà et ne pourrons rien emporter de nos biens matériels », déclare Bajoras. « Il est crucial de rester spirituellement pur. »

Distribution

Titas
Steponas Zonys
Kvedaras
Jeronimas Krivickas
Apolinaras
Kšištof Bondarenko
Tigrudis
Karolis Kašiuba
Gabija
Kamilė Bontè
Agile
Monika Pleškytė
Mère
Jūratė Rudžianskaitė
Père
Alfredas Celiešius
Une femme
Ieva Prudnikovaitė
Anupras
Rafailas Karpis
Paliulis
Edgaras Davidovičius
Morciūnas
Tomas Pavilionis
Naudickas
Arūnas Malikėnas
Kalpokas
Egidijus Dauskurdis
Destructeurs
Aistis Kavaliauskas
Tomas Kratkovskis
Laimis Roslekas
Igoris Zaripovas
Orchestre
Lithuanian State Symphony Orchestra
Chœurs
Chorus of Lithuanian National Opera and Ballet Theatre
...
Musique
Feliksas Bajoras
Texte
Rimantas Šavelis
Direction musicale
Gintaras Rinkevičius
Mise en scène et chorégraphie
Martynas Rimeikis
Décors
Marijus Jacovskis
Costumes
Elvita Brazdylytė
Lumières
Levas Kleinas
Chef·fe des Chœurs
Česlovas Radžiūnas
...

VIDÉOS

Trailer

Bande-annonce : Agneau de Dieu

Une ode en danse et en musique au peuple libre de Lituanie.

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Extrait

La chanson d'adieu

Alors que le bruit du mariage s'estompe, Gabija chante tranquillement la chanson d'adieu sans que personne ne le remarque, puis de plus en plus fort jusqu'à ce que les invités anxieux commencent à regarder autour d'eux. Gabija éclate en sanglots, un cri s'échappe de sa poitrine. Elle se détourne des invités qui tentent de la réconforter et s'enfuit.

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En coulisses

Introduction à Agneau de Dieu

Une introduction à l'opéra-ballet Agneau de Dieu par le chef d'orchestre Gintaras Rinkevičius et le metteur en scène Martynas Rimeikis. 

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L’HISTOIRE

Acte I

La silhouette d'un homme abattu gît près du mur de l'église. Il s'agit de Kvedaras. Plusieurs paysans commentent les événements de la nuit précédente. Gabija apparaît, portant un ruban noir. Apolinaras, qui survient à l'improviste, exhorte Gabija à se remarier, faute de quoi les autorités la renverront chez elle. Ici, Titas, sans terre, rêve d'une maison en bois et de sa cour. Gabija contemple son triste destin, mais sa chanson parle en fait de la patrie. Les gens et les soldats vont et viennent. Tigrūdis félicite Titas pour son aide. Titas est surpris et en colère. Après s'être bousculé, Tigrūdis renverse Titas et s'en va. C'est comme si les arbres prenaient vie. Ils remplissent tout l'espace, dans lequel la danse de Kvedaras est un appel au combat empreint de douleur. Titas essaie de se redresser. Les arbres l'attirent. Titas se libère des tentations de la forêt et décide de poursuivre le rêve de sa vie. Il se dirige vers une pile d'objets qui lui rappellent la maison de ses parents et en sort un petit banc. Soudain, effrayée par l'ombre de Kvedaras, Gabija accourt. Titas est confus. Agile se perd dans ses souvenirs. Gabija s'appuie sur la poitrine de Titas et se met à pleurer. Une bougie s'éteint.

Acte II

Célébration d'un mariage. Titas semble avoir changé au point d'être méconnaissable, et les invités sont déjà bien éméchés. Gabija porte une robe blanche. Elle est heureuse à l'extérieur, mais pleure encore à l'intérieur. Kvedaras, invisible, est assis à la table. Alors que le bruit du mariage s'estompe, Gabija chante tranquillement la chanson d'adieu sans que personne ne le remarque, puis de plus en plus fort jusqu'à ce que les invités anxieux commencent à regarder autour d'eux. Gabija éclate en sanglots, un cri s'échappe de sa poitrine. Elle se détourne des invités qui tentent de la réconforter et s'enfuit. Après un silence gênant, l'entremetteur Apolinaras arrive au milieu du cercle et tente d'apaiser la situation. Mais son discours effraie les invités, qui se dispersent. Apolinaras suggère à Titas d'entrer dans la ferme collective, car les partisans ont besoin d'un abri. Titas est perdu : doit-il rendre la terre qu'il vient de recevoir ? Apolinaras s'éloigne et Titas réalise soudain que sa maison est en train de devenir un abri pour les partisans. Tigrūdis apparaît avec des destructeurs et le presse de rejoindre le kolkhoze. Titas rêve encore de l'avenir, se souvient de ses parents et de son premier amour, erre, transporte des objets d'un endroit à l'autre. Il est hanté par les ombres des partisans, des destructeurs, de la forêt automnale et de Kvedaras, symbole de la Mort, dont les victimes sont les arbres. Ils tombent comme des hommes.

Acte III

Un camp de partisans. Anupras porte un gilet sale, Gabija est apathique. Titas est battu. Il se souvient d'images du passé. Les phrases décousues des partisans se transforment en lamentations sur la mort et le sens de la vie. Après les inquiétudes de Gabija quant à l'avenir de son enfant à naître, son amour maternel l’emporte et elle décide d'accoucher. Des coups de feu retentissent. La bataille entre les deux camps opposés commence. Les partisans et les destructeurs de la forêt tombent.  Un incendie se déclare. Titas entend la voix des morts. Il comprend qu'il n'aura pas sa maison et jette au feu des objets. La danse des flammes s’intensifie. Kvedaras apparaît comme un symbole de réconfort. L'opéra se termine par le chant des morts qui sortent de terre et déclarent que l'heure de la vérité a sonné.

EN PROFONDEUR

Quand deux mondes se rencontrent

Entretien avec le metteur en scène et chorégraphe Martynas Rimeikis


En collaboration avec le Lithuanian State Symphony Orchestra dirigé par le maestro Gintaras Rinkevičius, Lithuanian National Opera and Ballet Theatre s'est donné pour mission de ressusciter Agneau de Dieu (Dievo avinėlis) - une œuvre spectaculaire du compositeur Feliksas Bajoras - qui attend son heure depuis maintenant 40 ans. Martynas Rimeikis, metteur en scène et chorégraphe de la production et directeur artistique de la compagnie de ballet du LNOBT (Lithuanian National Opera and Ballet Theatre), nous explique pourquoi Agneau de Dieu est d’actualité et comment la guerre en Ukraine a impacté le processus de création.  

Asta Lipštaitė : L'opéra Agneau de Dieu du compositeur Feliksas Bajoras, adapté du roman éponyme de Rimantas Šavelis, a été salué par le musicologue polonais Krzysztof Droba comme l'un des meilleurs opéras du siècle dernier. Cependant, cette œuvre attend une création à grande échelle depuis quatre décennies. En raison du thème de l'opéra et du livret, qui traite du sujet le plus douloureux de notre histoire - la résistance et le sort du peuple dans la Lituanie d'après-guerre - la production d’Agneau de Dieu n'était pas autorisée pendant l'ère soviétique. D’où l'idée de faire revivre cette œuvre est-elle venue ?

Martynas Rimeikis : Chaque création nationale est un événement majeur de la vie culturelle du pays. L'une des principales missions de notre théâtre est d'encourager, de promouvoir et de nourrir les œuvres nationales. L'idée de cette création est venue du Maestro G. Rinkevičius. Nous sommes un théâtre national, c'est donc non seulement un honneur, mais aussi un devoir pour nous de mettre en scène des œuvres de créateurs lituaniens. L'œuvre elle-même, à mon avis, est excellente et mérite vraiment d'être jouée sur scène. Elle a déjà été appréciée par les professionnels il y a de nombreuses années, mais elle n'a jamais été mise en scène. Je suis heureux d'avoir eu la chance de participer à cette production.

AL : « L'homme en quête de choses matérielles ne les obtient pas. Nous irons tous dans l'autre monde, et nous n'y emporterons avec nous aucune chose matérielle. C'est pourquoi il vaut mieux rester spirituellement pur. » C'est ainsi que le compositeur F. Bajoras présente l'idée principale de son œuvre. Selon vous, qu’est-ce qui compte le plus dans Agneau de Dieu, et quel est votre objectif en tant que metteur en scène pour cette production ?

MR : L'œuvre traite de l'opposition entre vie matérielle et vie spirituelle : il s'agit d'un choc entre le monde physique visible et le monde spirituel invisible. Agneau de Dieu est bien plus qu'une lutte entre les partisans et les soi-disant « défenseurs du peuple ». Pour moi, ce qui rend cette œuvre intéressante, c'est qu'elle aborde le monde spirituel comme un monde particulier, avec des couches intérieures beaucoup plus profondes sous la couche extérieure.

Il est toujours difficile de parler en détail de la forme que doit prendre l'œuvre. Il est parfois très bon qu'un créateur sache en détail à quoi doit ressembler chaque élément de son œuvre. Bajoras a une vision très claire et précise de la scène. Je suis les idées sémantiques et dramaturgiques du compositeur lui-même et nous travaillons en étroite collaboration. Cependant, nos moyens d'expression et nos visions pour la scène diffèrent légèrement - nous sommes de générations différentes, nous ne voyons pas tout de la même manière.

Dans toutes mes œuvres, je veux que l'action se déroule non pas tant sur la scène que dans l'esprit et le cœur du spectateur. C'est le principe que j'ai suivi dans Agneau de Dieu. Je ne veux pas raconter et expliquer, mais laisser le spectateur ressentir, stimuler son imagination et ses sens. C'est mon objectif créatif.

AL : Agneau de Dieu est original en termes de genre - après tout, les opéras-ballets ne sont pas souvent montés sur notre scène nationale. Quels sont les défis posés par la mise en scène d'une production comme celle-ci ? Et à quoi le public doit-il s'attendre ?

MR : C'est mieux quand le public ne s'attend à rien (rires). En fait, la fusion de ces deux genres n'est pas si nouvelle. Historiquement, c'est ainsi que le ballet a commencé. L'opéra-ballet Agneau de Dieu est construit de telle manière qu'il y a deux forces à l'œuvre et deux intrigues : l'une qui se déroule en temps réel, et l'autre parallèle que nous ne voyons pas - celle de personnes qui ont quitté cette vie, celle du monde qui est juste à côté du nôtre. Le ballet reflétera ce côté invisible. L'opéra servira de cadre aux personnages réels et vivants. Dans mon esprit, je vois ce travail comme un processus unique, avec des plans qui s'enrichissent les uns les autres au lieu de se compliquer.

AL : Bien qu'écrite il y a quarante ans, l'œuvre semble plus que jamais d'actualité. Le compositeur F. Bajoras a dit un jour : « L'opéra contemporain doit traiter de ce qui est pertinent pour l'homme d'aujourd'hui, ce qu’il ressort de sa vie, et il peut alors toucher davantage les gens ». Le lien avec le contexte géopolitique actuel a-t-il rendu le travail plus difficile ? Ou peut-être est-ce le contraire ?

MR : Lorsque l'idée de cette création fut mise sur la table, personne ne s'attendait à une véritable menace de guerre. Je ne cache pas que la guerre en Ukraine a entraîné certaines décisions, et que certaines idées et certains points de vue que je voulais mettre en avant ont quelque peu changé. J'ai estimé que je n'avais pas le droit de montrer et d'illustrer la douleur que les gens à proximité ressentent réellement en ce moment, à cette minute, à cette seconde. Ce serait un sacrilège. J'ai donc choisi délibérément de ne pas aborder ces aspects.  

Le livret lui-même est construit de telle manière que la résistance est plus une circonstance pour parler de ces deux mondes qui entrent en collision - le matériel et le spirituel. Ce n'est pas le cœur de la pièce. La mémoire historique est déjà encodée en nous. Les choses immatérielles que nous laissons derrière nous sont beaucoup plus importantes. Elles sont l'essence.

Adapté d'un entretien mené par Asta Lipštaitė.