Didon, fondatrice et reine de Carthage, tombe amoureuse du héros troyen Énée avec qui elle entame une liaison passionnée. Piégé par une sorcière maléfique, Énée quitte Didon et prépare sa flotte en secret. Didon ne peut vivre sans Énée, et, dans une ultime lamentation, se laisse mourir, pleurée par un chœur de cupidons.
Les fins tragiques sont très rares dans l’opéra baroque. 300 ans après sa création, les thèmes de l'amour et de la perte dans Didon et Énée d'Henry Purcell parviennent toujours à émouvoir. La musique exquise de Purcell est riche en contrastes, des lamentations déchirantes de Didon jusqu'aux chants entraînants des marins, en passant par les tons sombres des sorcières. À Barcelone, Gran Teatre del Liceu présente une production captivante, dirigée par Blanca Li, dont la chorégraphie fait écho à la lutte des personnages principaux pour maîtriser leurs passions. William Christie, adepte des instruments d'époque et grand spécialiste du répertoire baroque, dirige son ensemble Les Arts Florissants et nous offre un spectacle atypique d’une grande sensibilité.
DISTRIBUTION
Didon | Kate Lindsey |
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Énée | Renato Dolcini |
Magicienne | Renato Dolcini |
Belinda | Ana Vieira Leite |
Première Sorcière | Maud Gnidzaz |
Seconde sorcière, seconde femme | Virginie Thomas |
Marin | Jacob Lawrence |
Esprit | Michael Loughlin Smith |
Danseur·euses | Blanca Li Company |
Chœurs | Padraic Rowan Christophe Gautier Bastien Rimondi Daniel Brant |
Orchestre | Les Arts Florissants |
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Musique | Henry Purcell |
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Texte | Nahum Tate based on Book VI of Virgil's ‘Aeneid’ |
Direction musicale | William Christie |
Mise en scène et chorégraphie | Blanca Li |
Décors | Evi Keller |
Dramaturgie | Pierre Attrait |
Costumes | Laurent Mercier |
Costumes-sculptures des solistes | Evi Keller |
Lumières | Pascal Laajili |
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VIDÉOS
L'histoire
Acte I
Le palais de la reine Didon à Carthage. En réponse à son affliction, la confidante et sœur de Didon, Belinda, la persuade d'accueillir Énée et ses compagnons en provenance de Troie, arrivés dans la cité africaine après que les vents marins ont détourné leurs navires. Le héros troyen accepte l'accueil chaleureux que lui réserve Didon et organise une chasse au bénéfice de la reine. Énée tombe immédiatement amoureux de Didon.
Acte II
Une magicienne réunit ses compagnes sorcières pour ruiner l'amour de Didon et Énée. L'une des sorcières apparaît devant Énée déguisé en Mercure et lui dit qu'il doit poursuivre son voyage en Italie sur l'ordre des dieux. De leur grotte, les sorcières entendent les fanfares annonçant le passage de Didon et Énée dans la forêt. Les sorcières provoquent une tempête pour contrecarrer les plans du jeune couple. Énée et Didon sont revenus à la ville, contraints par la tempête. Mercure apparaît alors devant Énée et, comme ce dernier ne se rend pas compte que le dieu est en fait une sorcière, et même s'il regrette de devoir quitter la reine Didon, se prépare à obéir aux ordres.
Acte III
La première scène nous montre le départ d'Énée. Les marins demandent à quitter Carthage pour ne plus revenir. Les sorcières espionnent secrètement leurs rations, satisfaites du succès de leur plan.
Dans le palais de Didon, Énée fait part à la reine de ses projets et lui exprime son chagrin. Elle se tient debout, le cœur brisé, à côté de Belinda. Didon se sent trahie et lorsqu'Énée tente de faire marche arrière, l'orgueil de la reine prend le dessus et elle ordonne à Énée de partir. Une fois seule, Didon pleure à côté de Belinda. Avant de mourir de chagrin, la reine de Carthage demande à l'assistance de ne pas l'oublier. Le chœur chante une complainte sur la mort de Didon et appelle Cupidon à toujours veiller sur son tombeau.
En profondeur
Didon et Énée est remarquable par la rapidité avec laquelle l'action se transforme, par des atmosphères contrastées (y compris les traits d’humour de la scène des marins) et par la fin profondément tragique de l'œuvre. Chaque scène est constituée d'unités de récitatif (ou de chant déclamatoire), d'arioso, d'aria, de chœur et de danse. Purcell suivait le modèle formel offert par les tragédies en musique de Lully, mais sa principale innovation, inspirée par l'opéra vénitien contemporain, consistait à concentrer le plus grand intérêt musical sur les arias. Celles de Didon sont placées au début et à la fin de l'opéra : « Ah ! Belinda ! », à l'acte I, a une structure da capo, tandis que la célèbre complainte est construite sur une basse chromatique descendante, également courante dans l'opéra italien de l'époque. Écoutez les éléments suivants :
Acte 1
- L'ouverture en do mineur est écrite dans le style français, avec deux sections : lente et rapide. « Fear no danger » est un passage délicieux, un duo entre Belinda et un serviteur en une mesure de ¾ qui a quelque chose de folklorique.
Acte 2
- La scène des sorcières est richement évocatrice, avec des fragments de chœur particulièrement remarquables, comme le final « In our deep vaulted cell », avec l'écho de la grotte inscrit dans la musique. La scène se termine par une danse qui utilise également l'écho comme artifice théâtral.
- Dans un bosquet, où Didon et Énée ont consommé leur amour la nuit précédente, le couple est diverti par Belinda et un assistant. La scène commence par une élégante ritournelle qui laisse place à « Thanks to these lonesome vales ».
Acte 3
- Après un court prélude, un marin, avec le chœur, chante un air folklorique, « Come away, fellow sailors ». Le chœur triomphant et énergique « Destruction's our delight » est suivi d'une danse finale des sorcières.
- « Thy hand Belinda » est le récitatif qui précède l'aria « When I am laid in earth », l'une des mélodies les plus tristes de l'opéra baroque. S'inspirant des lamentations des premiers opéras, l'aria en sol mineur de Purcell est d'une expression touchante (en particulier avec les mots « Remember me ! ») avec des ressources instrumentales minimales. Elle débute par un violoncelle qui cède la place à la voix de la soprano Didon. Un chœur de cupidons se lamente sur sa disparition « With drooping wings » (avec des ailes tombantes) et l'orchestre joue une danse lente et funèbre.