Latvian National Opera and Ballet

I Played, I Danced

Kalniņš
Ce spectacle n'est plus disponible en vidéo à la demande, mais vous pouvez encore profiter des contenus annexes à la production.

Un mariage tourne au drame lorsque la salle prend feu et que la mariée est entraînée dans les abysses. Seul un joueur de kokle est assez courageux - et assez virtuose - pour s'y aventurer et la sauver.

Avec ses personnages folkloriques, ses lutins, son roi démon à trois têtes et sa taupe-grillon chantante, I Played, I Danced est une histoire unique en son genre. Composée en 1977, l’œuvre d'Imants Kalniņš mêle un langage musical élaboré au folklore letton pour créer un monde sonore unique et émouvant. La jeune metteuse en scène lettone Laura Groza-Ķibere et l'artiste visuelle Miķelis Fišers subliment l'énergie sauvage de cet opéra dans leur nouvelle production qui pose la question suivante : à quel point devons-nous combattre les démons du passé tout en luttant pour un avenir meilleur ?

Distribution

Tots
Raimonds Bramanis
Lelde
Marlēna Keine
Three-headed Demon King
Jānis Apeinis
Lord
Krišjānis Norvelis
The Blind Man
Rihards Mačanovskis
The Witch
Ilona Bagele
The Lame Man
Rinalds Kandalincevs
Zemgus
Juris Ādamsons
Mole Cricket
Laura Grecka
Lelde’s Mother
Evija Martinsone
Zemgus’ Mother
Andžella Goba
Foreman
Guntars Ruņģis
Imp
Mihails Čuļpajevs
Pegleg
Kalvis Kalniņš
...
Musique
Imants Kalniņš
Direction musicale
Mārtiņš Ozoliņš
Mise en scène
Laura Groza-Ķibere
Décors
Miķelis Fišers
Lumières
Oskars Pauliņš
Costumes
Kristīne Pasternaka
Texte
Imants Ziedonis, after a play by Rainis
...

Vidéo

Trailer

BANDE-ANNONCE | I PLAYED, I DANCED Kalniņš– Latvian National Opera and Ballet

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Extrait

I Played, I Danced

Acte I. Le mariage de Zemgus et de Lelde (Marlēna Keine) est sur le point d'être célébré au château de Riga sur les berges du fleuve Daugava. Soudain, des personnages folkloriques apparaissent sans être invités, dont le musicien Tots (Raimonds Bramanis). Celui-ci se met à chanter, et sa chanson éveille un sentiment de liberté et d'amour de la vie que Lelde n'avait jamais connu auparavant. Dirigé par Mārtiņš Ozoliņš et mis en scène par Laura Groza-Ķibere.

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Extrait

The dead have risen and are speaking

Acte I. Tots entend les voix des morts. Ceux-ci l'implorent de se battre pour eux ainsi que pour Lelde, car leur paix et leur mémoire sont troublées par la souffrance que leur infligent les démons. Tots entend que Lelde peut être ramenée à la vie avec l'aide de la chandelle de la mort et des trois gouttes de sang volées par le Lord. Dirigé par Mārtiņš Ozoliņš et mis en scène par Laura Groza-Ķibere.

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En coulisses

Ķibere & Mārtiņš Ozoliņš

L'opéra letton I Played, I Danced n'aura plus de secrets pour vous après avoir regardé cette interview avec le compositeur Imants Kalniņš, la metteuse en scène Laura Groza-Ķibere et le directeur musical Mārtiņš Ozoliņš.

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L'histoire

Acte I

Le mariage de Zemgus et de Lelde est sur le point d'être célébré au château de Riga sur les berges du fleuve Daugava. Soudain, des personnages folkloriques apparaissent sans être invités - le musicien Tots, la Sorcière, l'Aveugle et le Misérable. Tots se met à chanter, et sa chanson éveille un sentiment de liberté et d'amour de la vie que Lelde n'avait jamais connu auparavant. Alors qu’elle regarde l'avenir, la Sorcière perçoit une menace pour Lelde. Au cours de la cérémonie de mariage, le vieux Lord arrive sans être vu et dérobe trois gouttes de sang à Lelde. C’est alors que les cordes du kokle - une cithare lettone traditionnelle - de Tots cèdent, et le château est soudain envahi par un incendie.

Zemgus pleure la mort de Lelde. Tots, qui la pleure également, demande à la Terre Mère de ramener la jeune fille à la vie. Une Taupe-Grillon apparaît alors et parle au nom de la Terre-Mère pour insister sur le pouvoir de la musique pour combattre le mal. Afin de le soutenir dans sa quête, elle offre à Tots une racine pour remplacer ses cordes cassées. Tots entend les voix des morts. Ceux-ci l'implorent de se battre pour eux ainsi que pour Lelde, car leur paix et leur mémoire sont troublées par la souffrance que leur infligent les démons. Tots entend que Lelde peut être ramenée à la vie avec l'aide de la chandelle de la mort et des trois gouttes de sang volées par le Lord.

Acte II

Tots se rend dans la Salle des Ambassadeurs du Château de Riga et trouve le Lord ivre du sang de Lelde. Se faisant passer pour l'un des morts, Tots, accompagné par le Lord, réveille les démons qui se sont installés dans le château. Grâce à sa langue acérée, Tots divertit les diables et les sorcières et est récompensé par une queue de diable qui lui sert de corde supplémentaire pour son kokle. Son instrument acquiert un son de plus en plus riche qui combine deux mondes différents.

Tots parvient à trouver Lelde. Elle est faible, mais pas encore totalement soumise au pouvoir du diable, car elle n’a passé qu’une seule nuit dans les abysses. Lelde offre à Tots quelques cheveux pour qu’il en fasse une corde. Tots promet d'arranger un mariage entre elle et le Lord afin qu'il puisse lui reprendre ses gouttes de sang. Fascinés par les frasques de Tots, les diables et les sorcières arrachent la veine du Lord pour le kokle de Tots et lui volent les trois gouttes de sang en question, qui se déversent et s'infiltrent dans le sol.

La chanson de Tots émeut le Roi Démon à trois têtes, qui voit en Tots son fils perdu depuis longtemps. Il propose au musicien d'hériter du royaume des démons, mais Tots refuse. Il déclare son ambition d'unir les régions inférieures et supérieures du monde. Tots appelle au soutien des morts, qui lui donnent la chandelle de la mort. Avec celle-ci, il parvient à combattre et chasser les démons. Tots peut maintenant faire revivre Lelde, mais la chandelle ne lui a pas été donnée dans le seul but de sauver Lelde - il doit apporter le souvenir des morts dans le présent et le futur.

Acte III

Dès l'aube, les travaux de reconstruction commencent au château. Les personnages folkloriques racontent ce qu’il s'est passé pendant la nuit. Tots fait venir Lelde et allume la chandelle dont la flamme doit être en contact avec la lumière du soleil pour que les morts reposent en paix et que Lelde renaisse. Le soleil se lève, les morts remercient Tots et s'en vont. Mais Lelde ne peut se réveiller, car la Terre Mère et les morts ont pris pour eux le sang versé.

Pour que Lelde vive, quelqu'un doit se sacrifier. Puisque Zemgus a échoué, Tots doit faire preuve de toute sa volonté et donner son sang à Lelde. Lelde revit et reprend la chanson de Tots quand il meurt. La Taupe-Grillon annonce qu'il est un saint et qu'il continuera à vivre en chacun de nous.

En profondeur

5 clés pour aborder I Played, I Danced

1° Rainis - poète et politicien

La pièce I Played, I Danced fut créée pendant la Première Guerre mondiale. Son auteur, le poète et dramaturge Rainis (1865 - 1929), est considéré comme la figure la plus influente de la littérature lettone et est même surnommé le « Goethe letton ». Également salué comme le père du socialisme letton, Rainis fut arrêté et déporté en 1897 pour avoir appelé à des réformes sociales. Ayant joué un rôle déterminant dans révolution échouée de 1905, Rainis dut émigrer en Suisse.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Rainis mit son art au service de ses compatriotes, mêlant personnages de la mythologie lettone et enjeux politiques de son époque. I Played, I Danced évoque l'occupation de la Lettonie par la mise en scène de la résurrection du « Lord », qui réprime le peuple letton. Le personnage principal, Tots, fait un plongeon orphique dans les abysses pour ramener la jeune mariée Lelde - symbolisant la Lettonie - de l'emprise de la mort.

2° L'époque de Imants

Considéré comme un symbole de la scène artistique lettone subversive, le compositeur polyvalent Imants Kalniņš est aussi populaire que réfractaire. Un festival consacré à sa musique, intitulé « L’époque de Imants », fut même interdit par l'Union soviétique. Bien qu'il eût étudié la musique classique, Kalniņš devint célèbre en tant que musicien rock et compositeur du premier opéra rock en URSS, Hey, you there ! Dans les années 1970, il se remit à écrire de la musique symphonique.

En 1977, Kalniņš mit en musique la pièce I Played, I Danced. Dans l'opéra, les spectateurs peuvent entendre des réminiscences folkloriques de la musique traditionnelle lettone qui se mêlent au langage musical ornemental et élaboré de Kalniņš. Selon le magazine musical letton Mūzikas Saule, cet opéra est « l’œuvre la plus magnifique du maître ».

3° Actualiser l'opéra pour un public contemporain

La jeune et réputée metteuse en scène lettone Laura Groza-Ķibere fait ressortir l'énergie sauvage de l'opéra dans cette production du Latvian National Opera and Ballet et soulève de nombreuses questions. Les idées de Rainis sont-elles toujours d'actualité ? Faut-il combattre les démons du passé pour parvenir à forger une nouvelle vision de l'avenir ?

Groza-Ķibere est déterminée à trouver une analogie contemporaine : « Lorsque Rainis créa cette pièce pendant la guerre, il ne pouvait pas imaginer que la Lettonie serait un jour libre, même s’il en rêvait et avait associé cette utopie au personnage de Lelde. Dans les années 1970, Imants Kalniņš et le librettiste Imants Ziedonis discutèrent de la même chose. L’ennemi extérieur était clairement identifié et Il était évident que le pays était le nôtre, malgré l’occupation ».

4° L'enfer est un environnement radicalement national

L’opéra s'inscrivant dans le contexte de la lutte pour l'indépendance de la Lettonie, le fait que la production s'écarte du symbolisme national peut être perçu comme polémique. Néanmoins, la metteuse en scène affirme que la vision de Kalniņš ne se restreint pas à une interprétation nationale, mais qu'elle fait simplement appel à la symbolique lettone. Rainis lui-même souhaitait bâtir un nouveau pays en recourant à l'expérience acquise en exil au lieu de fermer les frontières.

« C'est pourquoi l'enfer est défini dans notre production comme un environnement radicalement national », explique Groza-Ķibere. « Ce serait en effet un enfer pour moi – en tant que citoyenne lettonne et patriote – de me rendre dans un pays où les frontières seraient fermées et nationalisées, où tout le monde chanterait au célèbre Festival national letton de Chant et de Danse, porterait une jarretière et glorifierait une vision singulière du pays ». Cette production peut être considérée comme une puissante critique de l'impossible quête d'authenticité. Plus particulièrement dans l'acte II, elle met en évidence l'ironie de la marchandisation du folklore.

5° Le château de Riga en feu

Au début de l'acte I, le décor de I Played, I Danced est surplombé par les murs du château de Riga. Au cours de la cérémonie de mariage, les cordes du kokle de Tots se brisent et un incendie se déclare, engloutissant le château. Pour un public letton, les événements sur scène rappellent inévitablement les vifs souvenirs de l'incendie qui a éclaté la nuit du solstice d'été en 2013. Tout comme l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, il s'est déclaré lors de travaux de rénovation.

La production montre à quel point la société est devenue négligente en termes de sauvegarde de son patrimoine.De façon très réaliste, dans l'acte III, les travaux de reconstruction ont commencé et les événements de la nuit de l'incendie sont racontés par des personnages folkloriques. « À l'heure où personne ne nous menace, au cœur même de la vieille ville de Riga, le symbole de notre capitale emmène avec lui les preuves de l'histoire de notre pays, qui nous identifient en tant que nation » explique Groza-Ķibere.