Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie

Le Songe d'une nuit d'été

Britten
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Lorsque le roi des fées se dispute avec sa reine au sujet d'un jeune enfant, il ordonne à son serviteur, un lutin malicieux, de lui jouer un mauvais tour aux conséquences hilarantes.

Adapté de la comédie classique de Shakespeare, qui se caractérise par ses identités confuses, ses amants désorientés et sa saisissante métamorphose, Le Songe d'une nuit d'été de Britten constitue sans doute la partition la plus atmosphérique du compositeur. Une orchestration envoûtante et colorée donne vie à une forêt magique qui s'ouvre sur un monde onirique et mystérieux.

Distribution

Obéron
James Hall
Tytania
Florie Valiquette
Thésée
Richard Wiegold
Hippolyte
Polly Leech
Lysandre
Thomas Atkins
Démétrius
Matthew Durkan
Hermia
Roxana Constantinescu
Héléna
Marie-Adeline Henry
Bas
Dominic Barberi
Lecoin
Nicholas Crawley
Puck
Nicholas Bruder
Flûte traversière
Paul Curievici
Etriqué
Daniel Grice
Snout
Colin Judson
Meurt de faim
Nicholas Merryweather
Chœurs
Chœur Opéra Junior - Classe Opéra
Orchestre
Orchestre national Montpellier Occitanie
...
Musique
Benjamin Britten
Direction musicale
Tito Muñoz
Mise en scène
Ted Huffman
Décors
Marsha Ginsberg
Lumières
D.M. Wood
Costumes
Annemarie Woods
Chef·fe des Chœurs
Vincent Recolin
Assistant set designer
Perrine Villemur
Assistants Chorus master
Guillemette Daboval, Guilhem Rosa
Model maker
Devin Petersen
Aerial Director
Ran Arthur Braun
...

Vidéo

Trailer

BANDE-ANNONCE | LE SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ Britten – Opéra Orchestre national Montpellier

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L'histoire

Acte I

Après qu'Oberon et Tytania se soient disputés au sujet d’un jeune page, Oberon décide de se venger et envoie Puck à la recherche d'une fleur magique. Quatre jeunes gens apparaissent : les amants Hermia et Lysandre souhaitent se marier et se sont enfuis pour échapper au père d'Hermia qui lui a ordonné d'épouser Démétrius. Démétrius, pour sa part, est poursuivi par Helena, qu'il n'aime pas.

Alors qu'ils partent, Puck revient avec la fleur, et Oberon lui ordonne de chercher Démétrius et de déposer sur ses paupières le suc magique afin qu’il tombe amoureux d'Helena. Ensuite, six rustiques, dirigés par Quince et Bottom, entrent et discutent de la répétition d'une pièce qu'ils espèrent jouer au mariage de Thésée et Hippolyte. Puck oint par erreur les yeux de Lysandre, qui s’éprend alors d’Helena, tandis qu'Oberon saupoudre les paupières de Tytania.

Acte II

Bottom et ses compagnons répètent leur pièce. Puck l’affuble malicieusement d’une tête d’âne. Tytania se réveille et est enchantée à la vue de Bottom. Elle demande à quatre de ses domestiques d'attendre son nouvel amant, avant de s’endormir aux côtés de Bottom. Oberon observe cela avec joie, mais il est en colère lorsqu'il découvre que Puck a confondu Démétrius et Lysandre. La tentative d'Oberon de corriger cette erreur empire encore la situation : les deux hommes qui étaient amoureux d'Hermia aiment désormais tous deux Helena. Lorsque les quatre amants se disputent violemment, Oberon ordonne à Puck de les séparer et de rétablir l'ordre.

Acte III

Oberon, disposant à présent du jeune garçon qu’ils se disputaient avec Tytania, est prêt à se réconcilier avec sa femme. Lorsqu'il la libère de son engouement, ils se réconcilient. Les quatre jeunes gens se réveillent de leur sort et se réconcilient également : l'amour renaît entre Hermia et Lysandre, et une nouvelle passion fait des étincelles entre Helena et Démétrius. Ils décident de demander à Thésée la permission de se marier. Les rustiques déplorent la perte de leur ami Bottom, et l'inévitable annulation de leur pièce. Bottom se réveille sans tête d’âne, pensant qu'il n'a fait qu'un rêve très étrange.

Thésée donne aux jeunes amoureux la permission de se marier. Il invite ensuite les rustiques à présenter leur spectacle lors de la réception de son mariage avec Hippolyte. Lorsque minuit sonne, Thésée déclare qu'il est l'heure de se coucher. Oberon, Tytania, les fées et Puck apparaissent et donnent leur bénédiction.

En profondeur

5 clés pour aborder Le Songe d'une nuit d'été

1° L'héritage musical de Shakespeare

L'opéra de Britten est le premier à s'inspirer du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Si cela peut paraître étrange au vu de la popularité durable de la pièce, la musicologue Hélène Cao rappelle que dans The Fairy Queen de Purcell, un semi-opéra de 1692 qui met fortement l'accent sur le théâtre parlé, les personnages principaux ne chantent pas.

Oberon de Weber (1826), également riche en dialogues parlés, doit plus au poème de Wieland qu'à la pièce de Shakespeare. L'ouverture et la musique de scène de Mendelssohn (1826 et 1843) contournent également le genre de l'opéra. Ce n'est qu'en 1960 que les voix d'Oberon et de Tytania résonnent sur la scène de l'opéra, grâce à Britten.

2° De Shakespeare à Britten

Selon Britten, le temps lui manquait pour commander un livret. Était-ce un prétexte ou une véritable contrainte technique ? En tout cas, il mit directement en musique le texte de Shakespeare, écrit vers 1594-96 à l'occasion d'un mariage noble. En collaboration avec Peter Pears, Britten élagua environ deux tiers du texte et conçut une structure en trois actes.

Dans son adaptation, Britten eut pour devise la condensation spatiale et la compression temporelle. Non seulement il n’hésita pas à éliminer certains rôles et à réduire la présence d'autres personnages, mais il limita également le décor au royaume des fées d'Oberon, supprimant toute mention à la Grèce mythologique que l'on pouvait trouver dans la pièce de Shakespeare. « Je ne me sens pas le moins du monde coupable d'avoir coupé la pièce en deux », déclara Britten. « Le Shakespeare original survivra ».

3° L'univers vocal du Songe d’une nuit d’été

« Pour un ouvrage lyrique, c’est passionnant, car il y a trois groupes séparés – les amants, les rustres et les fées, mais l’action des trois s’interpénètre. Ainsi, en écrivant l'opéra, j'ai utilisé différents types de texture et de « couleur » orchestrale pour chaque section. » Benjamin Britten, The Observer, 5 juin 1960

Britten distingue chaque groupe de personnages en leur accordant une typologie vocale singulière. Au monde magique, Britten attribue les voix aiguës : il y a le chœur d'enfants, la colorature de Tytania et le contre-ténor d'Oberon – un type de voix rarement entendu sur scène en 1960 – qui fut spécialement conçu pour Alfred Deller.

Les voix des Rustiques, pour la plupart graves, chantent des lignes mélodiques délibérément simples, qui traduisent les coutumes rudes des roturiers. Avec un humour tendre, Britten représente la maladresse de leurs ambitions théâtrales. Lorsque Flûte/Thisbé chante « O wall, full often hast heard my moans », la flûte qui l'accompagne n'évolue pas exactement dans le même ton, la superposition des lignes donnant une impression de décalage.

Le quatuor des amants reste fidèle aux conventions de l'opéra classique et romantique : un couple est formé d'une mezzo-soprano (Hermia) et d'un ténor (Lysandre), un autre est composé d'une soprano (Helena) et d'un baryton (Demetrius). Les perturbations de cette symétrie (Demetrius n'a d'yeux que pour Hermia, tandis que Lysandre s'est entiché d'Helena après avoir été ensorcelé par Puck) rappellent également Così fan tutte de Mozart.

4° Les obsessions thématiques de Britten

Malgré sa source littéraire, Le Songe d’une nuit d’été n'échappe pas entièrement aux obsessions thématiques de Britten. Celles-ci incluent l’amour d’un adulte envers un enfant (thème qu’on retrouve dans Le Tour d'écrou et Mort à Venise), et l'union contre nature entre un être humain et un animal (Tytania et l'âne).

L’opéra traite également du conflit entre le rêve et la réalité, entre l'innocence et l'amoralité, thèmes principaux du théâtre lyrique de Britten, même si ces thèmes et les préoccupations sociales passent ici au second plan. Shakespeare inspire à Britten l’une de ses rares comédies, avec Paul Bunyan (1941) et Albert Herring (1947), même si la légèreté et l’humour se voilent toujours d’amertume. Pour tenir à distance l’aspect tragique de l’existence, mais aussi pour révéler l’invisible, faut-il fuir la réalité dans un monde merveilleux, ou du moins dans le sommeil et le rêve?

5° La vision de Ted Huffman des fées et des humains

Le point de départ de Ted Huffman pour Le Songe d’une nuit d’été fut le rôle central du jeune garçon, un rôle mineur que l’on a tendance à oublier dans la pièce de Shakespeare. En effet on peut se demander pourquoi Britten et Pears auraient choisi d’ouvrir leur ouvrage sur la dispute de Titania et Oberon au sujet de la garde de l’enfant. La recherche de cette réponse l’a mené à étudier « les tensions entre l’univers des fées et celui des humains au sein duquel cet enfant représente une sorte de personnage intermédiaire. Bien qu’il s’occupe temporairement des fées, le jeune garçon dépend du monde. Il va éventuellement y grandir et devra quitter le monde féérique de l’imagination. »

Inspiré par la scène élisabéthaine, Huffman ne cache pas l'élément théâtral. « Nous ne nous saisissons d’aucun prétexte pour que ce lieu devienne autre chose. Puck utilise l’espace pour construire des mondes imaginaires autour des personnages humains en se servant de ses subordonnés humains. De ce fait, on peut dire qu’une sorte de confusion règne entre ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur, entre ce qui est réel et imaginaire, au fur et à mesure que les humains s’enfoncent dans ses sortilèges. »

À la fin, Huffman fait en sorte que les humains investissent le monde des fées, « cette forêt nocturne qui représente notre imagination » parce que leur monde respectif ne leur permet aucun espace pour mieux se connaître. « C’est un constat d’échec pour le monde ‘civilisé’ qui ne peut tout résoudre. »