The Two Widows
Théâtre national de Moravie-Silésie

Les deux Veuves

Smetana
Disponible dans
Diffusé le Disponible jusqu'au Enregistré le
Chanté en
tchèque
Sous-titres en
tchèque
anglais

La vie calme et paisible de deux jeunes veuves - les cousines Karolina et Anežka, qui vivent ensemble dans un riche domaine à la campagne - est soudainement troublée par l’arrivée inopinée d’un visiteur. Il devient évident que le mystérieux braconnier n'est pas à la recherche d'une biche, mais qu'il désire plutôt l'une d'entre elles.

Au début des années 1870, Smetana est confronté à un nombre croissant de défis en tant que directeur artistique de l'ensemble de l’opéra de Prague. De cette période de tension et de difficultés pour le compositeur est née une œuvre d'une grande créativité. Smetana prend plaisir à évoquer un monde cultivé, aux manières raffinées, dans une douce atmosphère de campagne. Peut-être s'agissait-il pour lui d'un échappatoire aux difficultés de la vie et à la grisaille quotidienne, une sorte de conte de fées estival au dénouement heureux. Avec Les deux Veuves, Smetana crée un style unique d'opéra conversationnel, que Richard Strauss considère comme l'un des meilleurs opéras du 19ème siècle. Partie intégrante du Smetana Opera Cycle Ostrava 2024, la production a été mise en scène par le metteur en scène et scénographe slovène Rocc, qui offre un rare point de vue non tchèque sur ce joyau méconnu du répertoire lyrique.

DISTRIBUTION

Karolina
Lada Bočková
Anežka
Veronika Rovná
Ladislav Podhajský
Martin Šrejma
Mumlal
Martin Gurbaľ
Toník
Václav Čížek
Lidka
Karolína Levková
Prêtre
Petr Urbánek
Orchestre
National Moravian‐Silesian Opera Orchestra
Chœurs
National Moravian-Silesian Theatre Chœur
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Musique
Bedřich Smetana
Texte
Emanuel František Züngel d'après Jean Pierre Félicien Mallefille
Direction musicale
Marek Šedivý
Mise en scène et décors
Rocc
Costumes
Belinda Radulović
Chorégraphie
Anna Knollová
Chef·fe des Chœurs
Jurij Galatenko
Dramaturgie
Juraj Bajús
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VIDÉO

Trailer

Bande-annonce : Les Deux Veuves

Un braconnier devenu prétendant manœuvre entre deux veuves dans un riche domaine tchèque.

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En coulisses

Une introduction aux Deux Veuves

Le metteur en scène et scénographe slovène Rocc offre un rare point de vue non tchèque sur Les deux Veuves de Smetana, ce joyau méconnu du répertoire lyrique.

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L’HISTOIRE

Acte I

Par une belle matinée, des habitants de la campagne viennent inviter Karolina, la propriétaire terrienne, à une fête des moissons. Karolina, veuve et énergique, passe l'été dans sa ferme en compagnie de sa cousine Anežka, veuve elle aussi. Karolina est confiante, indépendante et prend soin de sa ferme. Anežka est d'humeur maussade et parfois apathique. Contrairement à Karolina, elle pense qu'en tant que veuve, elle doit vivre isolée. Mumlal, le garde-chasse, se plaint d'un braconnier qui perturbe constamment la faune des bois. Heureusement, il ne sait pas tirer et n'atteint jamais sa cible. Anežka est surprise car elle connaît peut-être l'identité de ce braconnier. Karolina, très amusée par les lamentations du garde-chasse, ordonne à Mumlal d'arrêter le jeune homme et de le lui amener. C'est effectivement ce qu’il se passe et il s’avère que l’homme en question, Ladislav Podhajský, est très heureux d'être arrêté par Mumlal. Lors de ses promenades dans les bois, il a toujours espéré rencontrer Anežka, dont il est amoureux en secret depuis de nombreuses années. 

Lorsque Ladislav entre, Karolina comprend rapidement qu'Anežka est gênée. Elle sent qu'il existe un lien intéressant entre sa cousine et le supposé braconnier. Sans hésiter, elle décide de révéler le secret, d'autant plus que Ladislav justifie son errance dans les bois en se comparant à un chasseur qui aspire à voir une ondine. Anežka, émue par son récit, est déterminée à rester calme et imperturbable. Karolina commence à interroger Ladislav. Il révèle son identité et est « condamné » à passer une demi-journée à la ferme. Mumlal est mécontent du traitement réservé au délinquant. Ce qui énerve encore plus Mumlal, c'est que les fiancés Lidka et Toník sont intrigués par cet inconnu. Enfin, tout le monde s'accorde à dire que « l'amour est véritablement un don de Dieu ».

Acte II

Ladislav chante le printemps, l'amour et la poésie de la vie. Les deux femmes l'écoutent attentivement et Karolina laisse entendre à sa cousine que l'une d'entre elles a de la chance car Ladislav s'intéresse à elle. Anežka ne montre pas ses vrais sentiments et refuse d'admettre qu'elle pourrait être celle que Ladislav désire. Karolina le sait et taquine Anežka pour la rendre jalouse. Elle ment et dit à sa cousine qu'elle va essayer de faire en sorte que Ladislav tombe amoureux d'elle. 

Anezka ne se permet pas d'être à nouveau heureuse après le décès de son mari, mais elle ne veut pas non plus que Ladislav et Karolina finissent ensemble. Elle lui rappelle ironiquement qu'il n'y a pas si longtemps, elle se vantait de son indépendance et voulait que personne ne la contrôle ! Lorsqu'elle est seule, Anežka lit un poème d'amour écrit par Ladislav. Lorsque Ladislav s'approche d'elle, bien que surprise, elle parvient à cacher le mot d'amour. À la fin de leur conversation, Anežka dit à Ladislav qu'elle attend le départ d'un visiteur indésirable. Ladislav, malgré la froideur d'Anežk, lui avoue être amoureux d'elle depuis des années, mais n'avait aucun espoir puisqu'elle était mariée. Anežka est émue mais lui rappelle sa dévotion envers son défunt mari. Ladislav est repoussé à nouveau. Il n'est pas satisfait par cette proposition d'amitié. Alors que Ladislav s'en va, Karolina l'emmène voir les danses de la fête des moissons. Anežka doute de sa situation, des pensées malheureuses la tourmentent. 

Mumlal raconte à Anežka comment Karolina et Ladislav profitent de la fête des moissons. Elle l’a même embrassé ! Anežka est désormais le seul modèle pour les veuves. Mais le bavardage de Mumlal lui semble soudain ridicule et exaspérant. 

Entre-temps, Karolina invite Ladislav à un festin, ce qu'il accepte. Ladislav s'ouvre à Karolina et lui confie que c'est son amour pour Anežka qui l'a amené dans leur belle forêt. Il dit qu'il est le genre de personne qui a l'habitude de vivre en ville bien qu'il possède une ferme dans la forêt de Bohême. Karolina fait semblant d'être offensée et Ladislav se met à genoux et la supplie de lui pardonner son intrusion dans la vie privée des deux femmes. À ce moment précis, Anežka, qui a été poussée à la jalousie, débarque en  robe de bal. Elle voit Ladislav aux pieds de sa cousine et pense qu'il la demande en mariage. Le malentendu doit être rapidement résolu. Anežka est prise au dépourvu et explique maintenant à Karolina pourquoi elle a caché ses sentiments à l'égard de Ladislav. 

Une fête de fiançailles doit être organisée pour célébrer le bonheur du couple.

En profondeur


Dans la Bohême de la fin des années 1860 et du début des années 1870, Dalibor, l'opéra le plus récent de Smetana sur un sujet épique, fut accueilli plutôt froidement. Il était donc temps pour le compositeur de revenir à une plume plus légère, dans laquelle il s'était embarqué avec le succès de La Fiancée vendue en 1866, et d'écrire un autre opéra comique. Les deux veuves, comédie française en un acte de Jean Félicien Mallefille datant de 1860, fut jouée à Prague le 25 août 1868 dans une traduction tchèque d'Emanuel Züngel, qui devint l'auteur du livret de Smetana. Pour la mise en musique, Smetana a choisi la forme d'un opéra français conversationnel, avec des dialogues parlés et des numéros musicaux discrets. Züngel a étendu la pièce originale en ajoutant un deuxième acte, ce qui a donné au compositeur de l'espace pour la musique. 

La création des Deux Veuves eut lieu au Théâtre provisoire de Prague le 27 mars 1874, à une époque où Smetana était également critiqué pour sa gestion de la compagnie d'opéra (ce qui n’était pas totalement injustifié) et à l'automne de la même année, la situation s’avéra désastreuse lorsqu'il devint complètement sourd. Aujourd'hui, il est difficile de comprendre comment l'étiquette « wagnérienne » attachée à Dalibor a été automatiquement appliquée aux Deux Veuves

Comme pour La Fiancée vendue, Smetana était son plus grand critique, et il a retravaillé Les Deux Veuves. Il trouvait qu'il y avait un déséquilibre entre les paroles et la musique, peut-être lié à une insatisfaction quant à l'élocution des chanteurs, comme l'a fait remarquer, entre autres, le critique du journal Národní listy. Dans la deuxième version, Smetana a ajouté un couple de jeunes villageois fiancés, Toník et Lidka, au quatuor de personnages initial. Le compositeur a prolongé le premier final et ajouté le trio de Toník, Lidka et Mumlal à l'acte 2. Ladislav, qui n'avait pas de grand solo, s'est vu attribuer la chanson « Quand vient le mois de mai » dans la nouvelle version. Les dialogues parlés ont été remplacés par des récitatifs composés de bout en bout, la seule prose restant dans la scène où Ladislav interprète le contenu de sa lettre à Anežka - sous forme de récitatif avec accompagnement musical.  La mise en musique des récitatifs a transformé le caractère de l'opéra. Le rythme dramatique s'est ralenti et les récitatifs, bien que de nature essentiellement parlando avec un soutien orchestral minimal, ont atténué le fort contraste entre le dialogue parlé et le chant. 

L'opéra est créé dans cette version le 15 mars 1878. Malgré la beauté de sa musique, Les deux veuves n'échappe pas à de nombreuses révisions, finalement supprimées dans la mise en scène d'Otakar Ostrčil en 1923 et dans cette version du Théâtre national moravo-silésien.