Tout mariage peut sembler dramatique et théâtral à ses participants. Mais pour le Figaro de Mozart, les retournements sont tels que son mariage se transforme en opéra ! La narration couvre une journée dans le château et domaine d’Arguas Fresca, près de Séville.
Un opéra incontournable dans la version de John Cox, avec un Figaro inoubliable par Joshua Bloom.
Distribution
Figaro | Joshua Bloom |
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Susanna | Jennifer France |
Docteur Bartolo | Stephen Richardson |
Marcellina | Janis Kelly |
Cherubino | Marta Fontanals-Simmons |
Don Basile | Timothy Robinson |
Comte Almaviva | Duncan Rock |
Countess Almaviva | Kirsten MacKinnon |
Antonio | Andrew Tipple |
Don Curzio | Alun Rhys-Jenkins |
Barbarina | Alison Rose |
Bridesmaids | Hollie-Anne Bangham, Hazel McBain |
Chœurs | Chœur de Garsington Opera |
Orchestre | Orchestre de Garsington Opera |
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Musique | Wolfgang Amadeus Mozart |
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Direction musicale | Douglas Boyd |
Mise en scène | John Cox |
Lumières | Mark Jonathan |
Texte | Lorenzo da Ponte |
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Vidéo
L'histoire
Acte 1
C’est le jour du mariage de Figaro et Susanna, dame de chambre de la Comtesse. Figaro, valet du Comte, évalue la chambre que lui a offerte son employeur : elle avoisine commodément les appartements du Comte et de la Comtesse. Susanna remarque que la chambre sera également bien commode lorsque le Comte décidera de rétablir le « Droit du Seigneur », une pratique féodale récemment abolie stipulant qu’un comte local peut « déflorer la mariée ». Figaro décide alors de se montrer plus fin que son maître (« Se vuol ballare », Si vous voulez danser, Je jouerai la chanson).
Mais Figaro doit de l’argent à Marceline, et a promis de l’épouser s’il ne parvient pas à la rembourser. Il a également provoqué l’ire du Dr. Bartolo, ancien gardien de la Comtesse, par l’aide qu’il a apporté dans son mariage avec le Comte. Pour compliquer encore l’affaire, le jeune page Chérubin veut que Susanne intercède en sa faveur auprès du Comte, qui l’a renvoyé après l’avoir surpris seul avec Barbarina, la fille d’Antonio.
Soudainement le Comte apparaît, causant la confusion générale. Chérubin se cache et entend les avances du Comte à Susanna. Le Comte à son tour se cache, et entend les insinuations de Basilio, le maître de musique, au sujet de Chérubin et de la Comtesse. Le Comte émerge de sa cachette, découvre le malheureux page, et l’envoie rejoindre son régiment.
Acte 2
La Comtesse est en pleurs et se lamente de la perte de l’amour du Comte (« Porgi amor »). Figaro révèle son plan pour duper le Comte : il lui a envoyé une lettre anonyme suggérant que la Comtesse a un amant. Susanna remarque que Marceline peut toujours invoquer la dette de Figaro et suspendre le mariage, et un second plan est mis en place. Susanna acceptera de rencontrer le Comte dans le jardin, mais Chérubin ira à sa place, déguisé en femme. Figaro ordonne aux femmes d’habiller Chérubin en conséquence.
Le page flirte avec les dames en leur chantant sa dernière composition (« Voi che sapete »). Alors qu’il est à moitié nu, le Comte entre dans la pièce. Suite à la lettre de Figaro, il est dans entré dans une jalousie rageuse. Chérubin, caché dans l’armoire, renverse une chaise. La Comtesse, paniquée, prétend qu’il s’agit de Susanna, mais refuse d’ouvrir la porte. Pendant ce temps, Susanna sauve Chérubin, qui s’échappe par la fenêtre, et s’enferme dans l’armoire.
La Comtesse tente d’expliquer la présence de Chérubin dans son armoire à son mari. Elle est aussi surprise que le Comte lorsque Susanna en émerge. Les deux femmes prétendent que toute l’affaire n’était qu’un stratagème pour pousser le Comte à mieux traiter sa femme. Elles reconnaissent que la lettre est de la main de Figaro, qui les rejoint alors, ignorant les révélations faites au Comte. Lorsque Bartolo, Basilio et Marceline arrivent pour forcer Figaro à honorer ses engagements auprès de Marceline, le Comte est triomphant.
Acte 3
La Comtesse et Susanna ouvrent le troisième acte avec un plan pour perturber les intentions amoureuses du Comte. Susanna acceptera de rencontrer le Comte dans le jardin ce soir-là, mais la Comtesse ira à sa place, déguisée en dame de chambre.
Sur les conseils de son consultant légal, Don Curzio, le Comte insiste pour que Figaro paye Marceline immédiatement ou l’épouse. Figaro est sauvé de justesse par la révélation qu’il est le fils disparu de Marceline et Bartolo ; tous embrassent leurs nouvelles relations sauf le Comte et Don Curzio.
Enfin les festivités pour le mariage de Figaro et Susanna commencent. Chérubin est démasqué parmi les demoiselles d’honneur, mais Barbarina fait honte au Comte jusqu’à ce qu’il l’autorise à rester. Susanna donne au Comte la lettre dictée par la Comtesse, confirmant leur rendez-vous nocturne sous les pins.
Dans les jardins, tous attendent : le Comte et Figaro attendent Susanne ; la Comtesse attend le Comte ; Bartolo et Basilio veulent être témoins du retour du « Droit du Seigneur ». Figaro peste contre l’infidélité de Susanna (« Aprite un po’ quagli occhi ») ; alors qu’elle attend la conclusion de ses plans (« Deh vieni, non tardar »).
L’arrivée de Chérubin est potentiellement désastreuse, mais le Comte arrive et courtise sa propre femme déguisée en Susanna. Le jaloux Figaro est alors confronté par Susanna, déguisée en Comtesse, mais il reconnaît son épouse et ils se réconcilient – sous les regards du Comte, qui pense voir sa femme dans les bras de son valet. Il la dénonce ; la véritable Comtesse se démasque alors et pardonne son mari. La journée se termine en célébrations.
En profondeur
Conversation avec John Cox et Dougie Boyd
Par où aborder ce que John Cox qualifie sans hésitation de « meilleur opéra jamais écrit » ? Nous fixons la réflexion sur le fait que tout se déroule dans le cadre d’une seule journée, et sur la manière dont le public est directement plongé dans la vie des personnages.
Cox et Dougie Boyd ont déjà collaboré précédemment, sur cet opéra et sur Fidelio, et apprécient manifestement la compagnie et les opinions de l’autre.
« C’est une question d’élan, je pense », dit Boyd, « à l’intérieur de l’espace-temps compressé – même quand la musique est sereine, ce n’est jamais statique. Du point de vue de la direction, cela n’a rien à voir avec le tempo, ni la vitesse, mais bien avec une roue qui continue à tourner perpétuellement ».
« On pourrait appliquer ce principe aux trois opéras de Da Ponte », dit Cox. « Don Giovanni pourrait prendre place durant une nuit et un jour, et Così fan tutte : l’espace-temps n’y est pas beaucoup plus long qu’une journée. Bref, pour aller droit au but – Les Noces de Figaro parle autant du mariage du Comte et de la Comtesse que de celui de Figaro et Susanna. Un mariage est sur la pente raide quand l’opéra commence ; l’autre est sur le point de prendre place à l’Acte Trois mais est pratiquement ruiné au milieu de l’Acte Quatre. Ce type de compression accidentelle est stimulée dramatiquement et musicalement, et par le fait que ces deux mariages sont si étroitement liés dans leur sort. »
« Cette complexité et le fait que divers états d’esprit et émotions peuvent être exprimés simultanément à travers la musique est unique », approuve Boyd, « et c’est un des moments les plus magiques dans l’Amadeus de Peter Shaffer. J’ai assisté récemment à la production du National Theatre et je n’ai pas arrêté d’y penser depuis. Mozart parle du fait que la musique est la seule forme d’art où quatre personnes peuvent exprimer quatre émotions différentes exactement au même moment. Bien sûr il a parfaitement raison, et il est un maître consommé de cette pratique. Lorsqu’on est dans le public, nul besoin de déplacer son attention d’un personnage à un autre, on peut enregistrer que celui-ci est amoureux, celle-là désespérée, celle-ci effrayée et celui-là furieux – Beethoven le fait aussi merveilleusement avec “Mir ist so wunderbar” dans Fidelio ». « Et Haydn en fait de même », ajoute Cox, « dans La fedeltà premiata. Cela aurait pu être le modèle de Mozart ».
Parallèlement à cette manière révélatrice de rendre claires et communicatives des pensées et émotions individuelles complexes, Mozart et Da Ponte brisent les conventions en donnant à chaque personnage – du Comte Almaviva, le maître, à Barbarina, la fille du jardinier – son propre poids, son importance et son individualité.