Teatro Regio di Parma

Nabucco

Verdi
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Nabucco, l'opéra qui assura à Verdi sa renommée de compositeur, dépeint le sort des Juifs chassés de leur patrie par le roi éponyme de Babylone.

La production de 2019 du Festival Verdi de Parme a été saluée par la critique pour ses metteurs en scène, Stefano Ricci et Gianni Forte, pour lesquels l’opéra permet de questionner le monde d'aujourd'hui. Le rideau se lève dans les entrailles d'un navire de guerre contemporain...

Distribution

Nabucco
Amartuvshin Enkhbat
Ismaele
Ivan Magrì
Zaccaria
Michele Pertusi
Abigaille
Saioa Hernández
Fenena
Annalisa Stroppa
High Priest of Baal
Gianluca Breda
Abdallo
Manuel Pierattelli
Anna
Elisabetta Zizzo
Chœurs
Coro del Teatro Regio di Parma
Orchestre
Filarmonica Arturo Toscanini / Orchestra Giovanile della Via Emilia
...
Musique
Giuseppe Verdi
Direction musicale
Francesco Ivan Ciampa
Mise en scène
Stefano Ricci
Texte
Temistocle Solera
Chef·fe des Chœurs
Martino Faggiani
Creative project
Ricci/Forte
...

Vidéo

Trailer

BANDE-ANNONCE | NABUCCO Verdi – Teatro Regio Parma

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Synopsis

J'te résume Nabucco

Soyons honnêtes, parvenir à vous faire sourire en ces temps de pandémie peut être difficile. Notre YouTubeuse et étudiante au conservatoire, Mia Mandineau, nous est venue en aide en proposant sa propre version de Nabucco. Rendez-vous vite chez Mia, où elle vous attend pour vous raconter l'histoire de l’opéra à sa façon.

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Extrait

S’appressan gl’istanti d’un’ira fatale

Acte II. Le Grand Prêtre de Baal, suivi d'Abigaille (Saioa Hernández) et de la population assyrienne, proclame Abigaille souveraine et prononce une sentence de mort pour les Hébreux. Contre toute attente, Nabucco (Amartuvshin Enkhbat) surgit : il prend la couronne et la pose sur sa propre tête. Dirigé par Francesco Ivan Ciampa et mis en scène par Stefano Ricci.

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Extrait

Va, pensiero

Dès sa création en mars 1842, Nabucco connut un succès phénoménal. Giuseppina Strepponi, la future seconde épouse de Verdi, bien qu'en mauvaise santé, chanta le rôle exigeant de la diabolique Abigaille. Après avoir accueilli chaleureusement le premier acte, le public s’extasia littéralement lorsque vint le troisième acte, scène 2 – à savoir la complainte du chœur hébreu « Va, pensiero ». Le chœur des esclaves hébreux qui se languissaient de leur patrie perdue en captivité à Babylone devint très rapidement l'hymne officieux italien, et le resta jusqu'à ce jour.

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En coulisses

Stefano Ricci & Gianni Forte (Metteurs en scène)

« Le sujet en est connu : c’est celui de l’exil, de personnes arrachées à leur patrie. Il aurait été facile d’utiliser ce thème très actuel, celui des migrants, mais nous aurions certainement créé un effet documentaire, ce qui n’était pas notre intention ; nous avons donc décidé de transposer l’histoire non pas à l’époque actuelle, mais dans un futur proche, en 2046. » Écoutez les metteurs en scène Stefano Ricci & Gianni Forte partager leurs réflexions sur cette production de Nabucco au Teatro Regio Parma.

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L'histoire

Acte I

Dans le temple de Salomon, les Juifs déplorent le sort du royaume d'Israël, qui est menacé par le roi d'Assyrie Nabuchodonosor (Nabucco). Le grand prêtre Zaccaria arrive alors avec une nouvelle qui ravive quelque peu les esprits ; les Juifs détiennent en otage Fenena, la fille de Nabucco. Peut-être que, grâce à l’intervention du prêtre, les Assyriens se retireront. Cependant, Ismaël apporte de mauvaises nouvelles : l'arrivée de Nabucco est imminente. Zaccaria confie Fenena à Ismaël, promettant que le Dieu d'Israël prévaudra sur celui de Baal. Ismaël se réjouit car il est amoureux de Fenena depuis qu'elle l'a sauvé à deux reprises : une fois de la prison de Nabucco et une autre fois de l'amour dément de sa sœur aînée, Abigaille. Fenena est désormais une esclave, et elle le rappelle à contrecœur à Ismaël. Sans se décourager, il lui jure qu’elle retrouvera la liberté, mais Abigaille apparaît alors, accompagnée de soldats assyriens déguisés en Juifs. En les voyant, Abigaille accuse Ismaël de trahir son peuple et lui déclare son amour. Un amour qui s'est à présent transformé en haine. Pendant ce temps, les troupes dirigées par Nabucco approchent. Abigaille le précède et aide les Assyriens à pénétrer dans le temple. Dans la panique qui s'ensuit, Zaccaria rappelle à Nabucco qu'il détient Fenena et menace de la tuer s'il ose profaner le temple. Étonnamment, c'est Ismaël qui arrête Zaccaria. Fenena tombe dans les bras de son père et Nabucco promet de se venger. Zaccaria et les Juifs maudissent Ismaël.

Acte II

Abigaille a volé à son père un document qui prouve qu'elle n'est pas la fille du roi mais une enfant d’esclave. Elle jure de se venger de Nabucco et de son héritière désignée, Fenena. Le Grand Prêtre de Baal, qui se range du côté d'Abigaille, lui annonce que Fenena a libéré les prisonniers hébreux. En raison de sa trahison, les autorités religieuses ont décidé d'offrir le trône à Abigaille, en expliquant au peuple que leur roi est tombé au combat. Elle se réjouit à l'idée de passer du statut d’escale à souveraine. Zaccaria, quant à lui, annonce que Fenena, grâce à son amour pour Ismaël, a été convertie à leur foi. Le vieux conseiller du palais, Abdallo, se précipite pour informer Fenena des rapports sur la mort du roi et pour l'avertir que sa vie est en danger. Avant qu'elle ne puisse s'échapper, le Grand Prêtre de Baal, suivi d'Abigaille et de la population assyrienne, proclame Abigaille souveraine et prononce une sentence de mort pour les Hébreux. Contre toute attente, Nabucco surgit : il prend la couronne et la pose sur sa propre tête. Tous tremblent de peur devant le monarque en colère, qui annonce qu'il n'est pas seulement un roi mais un dieu, ayant renversé à la fois Baal et Jéhovah. Alors qu'il tente de forcer Zaccaria et Fenena à se prosterner, la foudre le frappe. Lorsqu'il se rétablit, il semble bouleversé et privé de ses sens et appelle Fenena à l'aide. Au milieu de la confusion, Abigaille récupère la couronne et disparaît.

Acte III

Dans les jardins suspendus de Babylone, le grand prêtre de Baal et la population saluent leur souveraine Abigaille. Nabucco, hagard, s'y promène, espérant retrouver à nouveau son trône. Après avoir congédié ses sujets, Abigaille explique à Nabucco qu'elle sert de régente car lui-même n'est pas dans le meilleur des états pour gouverner. Profitant de sa folie, elle lui fait signer le mandat condamnant les Juifs à mort. Nabucco comprend alors soudainement que sa propre fille Fenena est elle aussi concernée par cette sentence. Lorsque Nabucco tente de trouver dans ses vêtements le document prouvant qu'Abigaille est une imposteure, celle-ci le confronte et le déchire.
Nabucco est emprisonné. Désespéré, il demande à ce que Fenena lui soit rendue. Sur les rives de l'Euphrate, les Hébreux se reposent des travaux forcés. Leurs pensées s'élèvent « sur des ailes d'or » vers leur patrie perdue. Zaccaria prédit qu'ils surmonteront la captivité et anéantiront Babylone avec l'aide du Seigneur.

Acte IV

Dans son palais, Nabucco voit Fenena conduite vers son lieu d’exécution. Désespéré, il s'agenouille pour prier le Dieu des Hébreux de lui pardonner, s'engageant à se convertir et à convertir son peuple. Il revient alors à la raison. Priant pour une épée, il parvient à rallier Abdallo et un groupe de soldats fidèles pour reconquérir le trône. Dans les Jardins suspendus, les bourreaux se tiennent prêts à éliminer Zaccaria et ses fidèles. Le vieil homme salue Fenena, désormais considérée comme une martyre, et celle-ci demande au Seigneur de la recevoir au ciel. C’est alors que Nabucco intervient et ordonne la destruction de la statue de Baal. Comme soumise à des pouvoirs surnaturels, elle tombe seule et se brise. Abigaille ingère alors du poison et confesse ses crimes, en demandant qu'Ismaël et Fenena soient réunis. Mourante, elle prie le Dieu d'Israël de lui accorder son pardon.
Nabucco dit aux Juifs de retourner dans leur pays natal et de reconstruire leur temple, déclarant qu'il servira désormais lui-même Jéhovah. La foule célèbre ce miracle et rend hommage à Dieu.

En profondeur

Nabucco : le Risorgimento d’aujourd’hui et de demain

Vers la fin de sa vie, Verdi avait pour habitude de qualifier les années 1840 de ses « années de galère » : des années difficiles, tant sur le plan professionnel que personnel. À l’échec public de son deuxième opéra, Un giorno di regno, s’ajouta une tragédie personnelle. Après la mort de sa femme et de ses deux jeunes enfants, Verdi jura de ne plus jamais composer. Pourtant, l'impresario de la Scala, Bartolomeo Menelli, l’incita à adapter le livret de Temistocle Solera « Nabucodonosor » en un opéra.

Selon la légende, une fois chez lui, Verdi jeta avec indifférence le livret sur la table, qui s’ouvrit sur le célèbre passage « Va, pensiero, sull'ali dorate » – Va, pensée, sur tes ailes dorées. Inspiré, il se mit à lire d'autres passages, de plus en plus absorbé par leur ampleur biblique et leur intensité dramatique. Il déclara plus tard que, dès le lendemain matin, il avait appris le livret par cœur. Et pourtant, sa détermination à ne plus composer restait inébranlable. Il fallut du temps et beaucoup de flatteries de la part de Menelli pour que Verdi revienne sur sa décision. Et quelle chance qu’il ait changé d'avis, car Nabucco allait ancrer sa réputation de compositeur. « C'est l'opéra par lequel ma carrière artistique a réellement débuté. Et bien que j'aie connu beaucoup de difficultés, il est certain que Nabucco est né sous une bonne étoile », se souviendra-t-il plus tard.

Dès sa création en mars 1842, Nabucco connut un succès phénoménal. Giuseppina Strepponi, la future seconde épouse de Verdi, bien qu'en mauvaise santé, chanta le rôle exigeant de la diabolique Abigaille. Après avoir accueilli chaleureusement le premier acte, le public s’extasia littéralement lorsque vint le troisième acte, scène 2 – à savoir la complainte du chœur hébreu « Va, pensiero », ce même passage qui avait intrigué Verdi quelques mois plus tôt. Les pensées du public s’envolèrent vers leur propre libération, se reconnaissant dans les Hébreux emprisonnés : des Italiens soumis aux Habsbourg et rêvant de l'unification de leur pays. Le chœur des esclaves hébreux qui se languissaient de leur patrie perdue en captivité à Babylone devint très rapidement l'hymne officieux italien, et le resta jusqu'à ce jour. Même face à la crise du coronavirus, les Italiens se tournent vers le célèbre chœur : l'enregistrement virtuel de l’International Opera Choir, créé en réponse à la perte actuelle de liberté et de sécurité, est devenu un succès viral.

L'interprétation assimilant les Hébreux aux Italiens est tellement ancrée qu'il semble futile de souligner que le message de Nabucco transcende de loin son intrigue historique. S’il y a un opéra qui permet une réinvention de sa mise en scène classique, c'est bien Nabucco. Dans la production de 2019 du Teatro Regio de Parme, issue de son célèbre Verdi Festival, le choix du metteur en scène Stefano Ricci de situer l'histoire dans un futur post-apocalyptique interrogeant de façon sinistre notre présent peut être compris sous cet angle. Sa mise en scène se déroule dans un navire de guerre orwellien en 2046, en référence au film éponyme de Wong Kar-wai. Nabucco y est un dictateur violent qui promeut son propre culte et dirige des masses obscurantistes pour opprimer les réfugiés hébreux. Sur le pont du navire, différents écrans diffusent la propagande du régime. Le décor monochrome et claustrophobe du navire de guerre regorge d'images visuellement et symboliquement saisissantes – gilets de sauvetage, naufragés accroupis sous les figures dominantes du pouvoir – références omniprésentes à nos difficultés actuelles que sont la crise des migrations et la montée du populisme.

Stefano Ricci
Nabucco is above all an awakening of consciousness, a journey of souls ready to rediscover the meaning of standing upright.

La transposition de l'histoire intemporelle du réveil spirituel et moral de Nabucco dans le futur proche d'une société dystopique est une critique non dissimulée de l'Europe d'aujourd'hui, une Europe à la veille d'un choix éthique. Ce déplacement narratif ne diminue en rien l'efficacité du drame, mais renforce plutôt son message grâce à son ancrage dans une actualité sombre et pressante. Comme l'écrit Ricci dans ses notes de mise en scène, « Nabucco n'est pas seulement l'emblème de la fierté d'un peuple qui lutte contre un pouvoir oppresseur ; ce n'est pas seulement un monde fané qui court après des axiomes avilissants ; ce n'est pas seulement cette tentative constante de trouver sa place dans une époque qui échappe aux trônes immuables ; c'est avant tout un éveil de la conscience, le voyage d’esprits prêts à redécouvrir le sens de l’affranchissement ».

Compte tenu de ce pouvoir allégorique, il n'est pas étonnant que Nabucco ait fait de Verdi un compositeur patriotique. Ses opéras suivants comportent des hymnes tout aussi inspirants. À la mort de Verdi en 1901, les quelques personnes qui assistèrent à ses funérailles se mirent spontanément à fredonner « Va, pensiero ». Un mois plus tard, son corps fut transféré aux côtés de la dépouille de sa femme Giuseppina Strepponi. La moitié de la population milanaise s’aligna dans les rues pendant le cortège funèbre, tandis qu'Arturo Toscanini conduisit 800 personnes devant la chapelle en entonnant le chœur poignant.