Théâtre national croate de Zagreb

Turandot

Puccini
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Une belle et froide princesse chinoise soumet tous ses prétendants à une épreuve peu commune : quiconque échoue à résoudre ses énigmes pour gagner sa main sera décapité. Lorsqu’un homme mystérieux vient à bout de l’épreuve, ouvrira-t-elle enfin son cœur à l'amour ?

Le dernier opéra de Puccini, Turandot, inachevé à sa mort, est d'un point de vue musical son œuvre la plus aventureuse. Imprégnée de touches asiatiques, l'oeuvre ne peut cependant dissimuler son héritage italien, dont le point culminant est l'aria mondialement connue « Nessun dorma ». En 2017, le duo de metteurs en scène Ricci/Forte a reçu pour son projet créatif le prestigieux Italian Music Critics Award Franco Abbiati de la meilleure mise en scène.

Distribution

Turandot
Rebeka Lokar
Calaf
Renzo Zulian
Liu
Valentina Fijačko Kobić
Timur
Berislav Puškarić
Altoum
Božimir Lovrić
Ping
Davor Radić
Pang
Mario Filipović
Pong
Ivo Gamulin
Mandarin
Neven Paleček
Performers
Matino Antunović, Marko Brkljačić, Andrej Drenski, Mario Grdanjski, Svebor Kamenski-Bačun, Piersten Leirom, Domagoj Modrušan, Lorenzo Raušević, Kristian Šupe, Karlo Žganec
Chœurs
Choir of the Croatian National Theatre in Zagreb
Orchestre
Orchestra of the Croatian National Theatre in Zagreb
...
Musique
Giacomo Puccini
Creative project
Ricci/Forte
Mise en scène
Stefano Ricci
Direction musicale
Marcello Mottadelli
Set and light designer
Nicolas Bovey
Costumes
Gianluca Sbicca
Coreographer
Marta Bevilacqua
Orchestra director assistants
Darijan Ivezić, Ivan Josip Skender
Stage director’s assistant
Liliana Laera
Set designer’s assistant
Eleonora De Leo
Costume designer’s assistants
Rossana Gea Cavallo, Antonia Jakšić Dorotić
Choir master
Luka Vukšić
Libretto translation
Dubravka Oršić
Children’s choir master
Dijana Rogulja Deltin
...

Vidéo

Extrait

In questa reggia

Acte II. Turandot (Rebeka Lokar) raconte que dans le palais où ils se trouvent, il y a de ça des années, une princesse a été conquise par le roi des Tartares, violée et assassinée. Elle décide de venger sa mort : quiconque souhaite l’épouser doit résoudre une énigme ; en cas d’échec, le prétendant doit mourir.

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L'histoire

Acte I

Les murs de la grande Ville violette.

À Pékin, en des temps légendaires. Au coucher du soleil, la foule se presse devant les murs de la Cité impériale. Un mandarin lit encore une fois la proclamation par laquelle la princesse Turandot annonce qu’elle épousera le prince qui saura résoudre ses trois énigmes ; mais celui qui relèvera le défi et se trompera dans les réponses sera décapité au lever de la lune. C’est ce qui est sur le point de se produire pour le Prince de Perse. Un vieil aveugle est renversé par la foule. Calaf s’approche pour lui porter secours et reconnaît en lui son propre père Timour, le roi de Tartarie dépossédé de son trône. Le vieux roi croyait son fils mort au combat : il a tout perdu désormais, seule l’esclave Liu est restée auprès de lui. La jeune fille avoue qu’elle a aidé le roi parce qu’un jour, au palais, Calaf lui avait souri.

La foule excitée invoque l’apparition de la lune et appelle à grand bruit le bourreau, mais lorsque le Prince de Perse est amené, elle change brusquement d’avis : émue à la vue du jeune âge de l’infortuné prétendant et de la noblesse de son allure, elle implore sa grâce. Turandot ordonne d’un geste que le jeune homme soit exécuté. Calaf, ébloui par l’apparition fugace de la glaciale Princesse, décide d’affronter l’épreuve des trois énigmes. Tous essayent de l’en dissuader. Ping, Pong et Pang, les trois ministres de Turandot, tentent de le persuader que celle-ci, au fond, n’est qu’une femme, et qu’il pourrait en avoir beaucoup d’autres sans risquer inutilement sa vie. Liu lui demande ce qu’il adviendrait d’elle et de Timour s’il devait mourir, mais Calaf reste sourd devant ses supplications et, tout invoquant le nom de Turandot, se porte candidat à l’épreuve en frappant le gong rituel.

Acte II

Un pavillon.

Ping, Pong et Pang manifestent leur frustration. Ils en ont assez de cette routine d’énigmes non résolues et de têtes coupées, et souhaitent que Turandot puisse enfin trouver un époux et rentrer dans la vie privée. Mais hélas, les préparatifs pour l’épreuve du nouveau prétendant suivent leur cours.

La place du palais.

Tandis que la foule se rassemble, les sages arrivent, apportant avec eux les rouleaux contenant les solutions aux énigmes. Le père de Turandot, le vieil empereur Altoum, invite inutilement Calaf à renoncer à son propos. Enfin Turandot paraît. La belle princesse raconte qu’elle a imaginé ce jeu tragique des énigmes pour venger Lo-u- Ling, l’une de ses aïeules qui, des milliers d’années auparavant, avait été violée et tuée par un roi barbare. C’est pour cela qu’elle hait les hommes. Turandot est sûre que personne n’arrivera à résoudre les énigmes et à la posséder, et ne doute pas que le jeune prince, lui aussi, ne soit destiné à l’échafaud. Mais Calaf ne veut pas renoncer et résout l’une après l’autre les énigmes qui lui sont proposées. Turandot, bouleversée, demande à son père de ne pas la céder au prince étranger, mais Altoum lui rappelle qu’elle est liée par un serment. Calaf, d’un air de défi, lui propose à son tour un problème à résoudre : si avant le lever du soleil Turandot découvre son vrai nom, il acceptera de mourir, dans le cas contraire la princesse devra l’épouser. Inconsolable, le vieil empereur émet le souhait que le jeune homme puisse épouser Turandot et devenir ainsi pour lui un fils.

Acte III

Jardin du palais.

Pendant la nuit, les hérauts annoncent le décret de Turandot : nul ne doit dormir dans la ville et tout doit être tenté pour découvrir le nom du prince inconnu. Calaf attend l’aube avec anxiété et savoure à l’avance le moment où le soleil se lèvera et où il pourra prendre Turandot dans ses bras. Ping, Pong et Pang lui offrent d’immenses richesses et des femmes splendides pour qu’il renonce à la Princesse, mais Calaf repousse toutes ces tentations.

Peu après, un groupe de gardes arrive avec Liu et Timour qu’ils ont arrêtés : tous deux ont été vus en compagnie du Prince et connaissent probablement son identité. Turandot arrive, elle aussi. Liu, soumise à la torture, avoue qu’elle connaît le nom du Prince, mais elle refuse de le révéler. Par amour pour le Prince, elle veut lui offrir par son silence la main de Turandot, qui à son tour ne peut faire autrement que l’aimer : elle arrache donc son poignard à l’un des gardes et se tue pour emporter à jamais son secret avec elle. Timour, désespéré, serre la main de Liu que l’on emmène, suivie par une foule émue.

En profondeur

Une princesse de conte de fées atypique

L'histoire de Turandot trouve son origine dans un recueil de contes français de François Pétis de la Croix intitulé Les mille et un jours, à ne pas confondre avec les plus célèbres Mille et une nuits. Comme beaucoup de ces contes n'ont été retrouvés que dans la version de de la Croix, de nombreux chercheurs se sont demandé s'il les avait inventés lui-même. Dans le cas de Turandot, cependant, l'origine semble se trouver dans un récit du XIIe siècle du poète et philosophe azerbaïdjanais Nizami Ganjavi, « Les sept beautés ».

Puccini a découvert l'histoire à travers la pièce de Schiller, qui s'est inspirée de la version allemande d'une commedia dell'arte italienne de Carlo Gozzi, qui a à son tour repris l'histoire de de la Croix. Quel détour ! Puccini n'est pas le premier compositeur à s'intéresser à ce récit haut en couleurs. Antonio Bazzini a écrit Turanda en 1867, Ferruccio Busoni Turandot en 1917, quelques années seulement avant que Puccini ne commence sa version.

« Ici, le maestro a posé sa plume »

Si Puccini a toujours été connu pour être méticuleux, l'écriture de Turandot a été particulièrement ardue. Au cours des quatre années précédant sa mort, Puccini était indécis sur le nombre d'actes et particulièrement obsédé par le duo amoureux final. À ses yeux, ce dernier devait devenir le point culminant de l'opéra. « J'ai mis toute mon âme dans cet opéra », écrit-il à un ami en mars 1924. Il meurt en novembre de cette année-là.

Après la mort de Puccini, son ami Arturo Toscanini, qui dirigera la première, suggère au jeune compositeur Franco Alfano de terminer la partition. Bien qu'Alfano ait à sa disposition les esquisses de Puccini, la plupart d'entre elles sont difficiles à interpréter. Pour le duo d'amour, par exemple, Puccini a écrit de façon énigmatique « Puis Tristan...», en référence à l'opéra de Wagner qui se termine par le Liebestod (mort d'amour) exalté d’Isolde.

Turandot a été créé à la Scala de Milan en avril 1926. On sait que lorsque l'opéra atteint la dernière note écrite par Puccini, Toscanini conclut la représentation en disant quelque chose comme « Ici le Maestro a posé sa plume ». La version d'Alfano ne fut présentée que le soir suivant.

Un monde sombrement enchanté

La production de Ricci/Forte suit également la fin d'Alfano. « Après la première lecture, nous avons pensé que l'opéra devait se terminer avec la mort de Liu. Mais plus tard, nous avons réalisé que la trajectoire émotionnelle cherche une fin heureuse. Après tout, nous avons assez de déceptions et de dénouements malheureux dans la vie réelle », explique Stefano Ricci, du duo Ricci/Forte avec Gianni Forte, connu pour leurs mises en scène expérimentales, parfois provocantes, que l'on a pu voir sur OperaVision avec Nabucco. Pour eux, l'opéra se déroule dans un monde enchanté : « tout se passe dans la tête de Turandot, comme une vision qui lui permet de faire agir les personnages à sa guise ».

Douze danseurs représentant ses jouets - les ombres de relations passées et déçues - sont en permanence sur scène avec Turandot. Rebeka Lokar, qui chante le rôle titre, dit de son personnage que « Turandot est une jeune fille intelligente. Ce n'est pas une princesse de conte de fées typique, mais ce n'est pas non plus une sorcière. Elle est dominée par ses peurs, ce qui la pousse à éloigner les autres d'elle ».

« Notre objectif principal était de transmettre la fiction d'un conte de fées », souligne Forte. « Turandot est en fait la metteuse en scène de cet opéra. C'est une personne qui tire les ficelles de ses poupées, qui nous introduit toutes et tous dans son monde, qui est en fait le monde de son imagination, mais le seul dans lequel elle se sent en sécurité », explique Ricci. On ne trouve ni chinoiserie, ni orientalisme dans cette production.

« Puccini aimait beaucoup l'Orient et, une fois, il a assisté à un dîner oriental. Il y avait une boîte à musique qui jouait trois mélodies. Puccini prend le chiffre trois comme un chiffre magique de contes de fées. Turandot a trois assistants, Ping, Pang et Pong, il y a trois puzzles que Calaf doit résoudre, il y a trois actes », ajoute le chef d'orchestre Marcello Motadelli. « Pour Puccini, le théâtre était comme cette boîte à musique magique, comme un conte de fées où tout est possible ».