Trois couleurs, trois ambiances, trois registres. Et pourtant, Puccini conçoit d’emblée ce triptyque comme un tout. Il entrelace ces trois opéras en un acte, de Il tabarro, drame passionnel sur fond de quais de Seine au début du 20ème siècle, à Gianni Schicchi, farce burlesque dans la Florence médiévale, et Suor Angelica, tragédie mystique dans un couvent du 17ème siècle...
Le metteur en scène Christof Loy, qui fait ses débuts à l'Opéra de Paris, place ces œuvres dans un ordre inhabituel, passant de la comédie au drame - Gianni Schicchi, Il tabarro et Suor Angelica - onçu tel un cheminement parallèle à la chronologie des trois cantiques de la Divine Comédie : l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Ainsi, le premier chant est convoqué, à la fois, à travers le personnage de Buso Donati et une forme de machiavélisme macabre; le Purgatoire trouve un écho dans les errements et repentances sentimentales du couple de bateliers; et le Paradis résonne dans le pardon et la transcendance mystique accordés à Suor Angelica. Trois opéras, trois femmes, une même interprète : à travers la fraîcheur propre à la jeunesse de Lauretta, le questionnement des sentiments amoureux de Giorgetta et la stigmatisation d'Angelica pour avoir eu un enfant hors mariage, s'écrit ce qui pourrait être le parcours de vie d'une seule et même femme. Une trajectoire marquée de jalons, incarnée pour cette production dans un souci d'unité par une seule et même interprète : Asmik Grigorian, dont la performance a été saluée comme l'une des plus remarquables vues et entendues sur la scène de l'Opéra Bastille ces dernières années.
DISTRIBUTION
Orchestre
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Orchestre de l'Opéra national de Paris
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Chœurs
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Chœur de l'Opéra national de Paris
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Musique
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Giacomo Puccini
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Texte
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Giovacchino Forzano
Giuseppe Adami
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Mise en scène
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Christof Loy
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Direction musicale
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Carlo Rizzi
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Set design
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Etienne Pluss
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Costumes
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Barbara Drosihn
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Lumières
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Fabrice Kebour
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Gianni Schicchi
Gianni Schicchi
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Misha Kiria
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Lauretta
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Asmik Grigorian
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Zita
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Enkelejda Shkoza
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Rinuccio
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Alexey Neklyudov
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Gherardo
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Dean Power
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Nella
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Lavinia Bini
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Betto
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Manel Esteve Madrid
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Simone
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Scott Wilde
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Marco
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Iurii Samoilov
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La Ciesca
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Theresa Kronthaler
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Maestro Spinelloccio
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Matteo Peirone
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Pinellino
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Vartan Gabrielian
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Guccio
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Luis-Felipe Sousa
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Amantio di Nicolao
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Alejandro Baliñas Vieites
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Il tabarro
Michele
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Roman Burdenko
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Giorgetta
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Asmik Grigorian
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Luigi
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Joshua Guerrero
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Il Tinca
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Andrea Giovannini
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Il Talpa
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Scott Wilde
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La Frugola
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Enkelejda Shkoza
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Un venditore di canzonette
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Dean Power
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Un amante
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Ilanah Lobel-Torres
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Suor Angelica
Suor Angelica
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Asmik Grigorian
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La zia principessa
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Karita Mattila
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La badessa
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Hanna Schwarz
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La suora zelatrice
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Enkelejda Shkoza
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La Maestra delle novize
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Theresa Kronthaler
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Suor Genovieffa
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Margarita Polonskaya
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Suor Osmina
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Ilanah Lobel-Torres
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Suor Dolcina
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Lucia Tumminelli
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Suor infermiera
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Maria Warenberg
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Prima Cercatrice
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Lavinia Bini
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Seconda Cercatrice
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Camille Chopin
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Una novizia
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Lisa Chaïb-Auriol
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Prima conversa
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Silga Tīruma
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Seconda conversa
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Sophie Van de Woestyne
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Vidéo
L’HISTOIRE
Première partie
Gianni Schicchi
Florence, dans la maison de Buoso Donati.
Au grand dam des membres de sa famille, tous aristocrates mais bien peu distingués, réunis sur son lit de mort, le patriarche récemment décédé a légué l'essentiel de sa fortune non pas à eux, mais à un ordre monastique. Rinuccio, neveu de la vieille Zita (qui se sent particulièrement lésée), suggère de faire appel à un expert juridique extérieur du nom de Gianni Schicchi. Les motivations de Rinuccio ne sont pas entièrement désintéressées : il est en couple avec Lauretta, la fille de Schicchi.
Or toute la famille désapprouve son histoire d'amour avec la fille d'un simple roturier, qui n'est même pas originaire de Florence – de fait, en tant que nouveau venu, il est pratiquement considéré comme un étranger. C'est à contre-coeur qu'ils acceptent l'aide de Schicchi pour ne pas se retrouver les mains vides. Et Schicchi lui-même n'accepte cette tâche désagréable que pour ne pas mettre en péril le bonheur de sa fille. L'idée de Schicchi est à la fois risquée et brillante.
Acteur et comédien né, il propose de se faire passer pour le défunt et de dicter un nouveau testament au notaire depuis son lit de mort. Les proches sont ravis, surtout les femmes, qui l'aident à revêtir les habits de Buoso Donati et le mettent au lit avec tendresse. Pendant ce temps, chacun des membres de la famille prend un moment pour chuchoter discrètement à l’oreille de Schicchi et lui suggérer la façon dont il pourrait penser à lui dans « son » testament.
Avant que le notaire n'arrive, Schicchi leur rappelle la peine encourue en cas de falsification de testament : amputation de la main droite et exil permanent de leur Florence bienaimée. Comme cette peine s'applique également aux complices, il prend la précaution de faire sortir sa fille de la pièce afin qu'elle ne soit pas impliquée dans la forfaiture. Lorsque le notaire entre dans la pièce, il ne s'aperçoit pas de la supercherie. Mais, devant la famille indignée, le faux Buoso Donati lègue la quasi-totalité de sa fortune à son « meilleur ami » : Gianni Schicchi.
Lorsque les membres de la famille commencent à protester, Schicchi leur rappelle le châtiment qui les attend si l'escroquerie est révélée au grand jour. Une fois que le testament a été authentifié et que le notaire, hébété, a quitté la pièce, les parents dupés tentent de se jeter sur l'escroc. Mais Schicchi leur rappelle que la maison lui appartient désormais, et il les chasse tous.
Seuls les jeunes Rinuccio et Lauretta restent et commencent à s'installer dans leur nouvelle maison, tandis que Schicchi supplie le public de lui pardonner sa mauvaise conduite : il avait des « circonstances atténuantes ».
Deuxième partie
Il tabarro
Paris, sur une péniche au bord de la Seine.
Le batelier Michele et sa femme Giorgetta ont perdu il y a quelque temps leur jeune fils dans des circonstances malheureuses. Depuis, une ombre plane sur leur relation. Giorgetta aimerait convaincre Michele de vendre la péniche et de s'installer à Belleville, petite ville de la banlieue parisienne où elle a grandi. Elle a récemment entamé une liaison secrète avec Luigi, qui travaille sur la péniche en tant que manutentionnaire.
Pendant leurs brèves étreintes passionnées, Giorgetta parvient à oublier son malheur. Michele sent que sa femme lui est infidèle, mais n'a aucune idée de l'identité de son amant. Au cours d'une conversation nocturne, il tente de lui rappeler leur bonheur passé. Pour Giorgetta, cependant, les souvenirs du passé sont trop douloureux. Elle aimerait bien retrouver son amour pour Michele mais, en même temps, elle a l'impression de se trouver face à un mur. Ce soir-là, elle a prévu de revoir Luigi.
Sous l’emprise de la méfiance et de la jalousie, Michele ne va pas se coucher. Lorsqu'il allume sa pipe, Luigi croit de loin que c'est le signal de Giorgetta qui lui indique que la voie est libre – d'habitude, elle allume une allumette pour lui dire de venir à leur court rendez-vous. Mais cette petite flamme va causer la perte de Luigi : Michele, fou de rage, étrangle l'amant de sa femme.
Lorsque Giorgetta sort de sa cabine peu après et tente de parler de nouveau à son mari, Michele révèle ce qu'il cache sous son manteau : le cadavre de Luigi. Giorgetta est horrifiée, et Michele se rend compte qu'il a définitivement anéanti tout espoir d'un avenir commun.
Troisième partie
Suor Angelica
Dans un couvent.
La jeune Angelica, fille d'une famille noble, a perdu ses parents alors qu'elle était tout juste adulte et, peu de temps après, a donné naissance à un garçon hors mariage. Sa tante, qui était sa tutrice, a séparé la jeune mère de l'enfant aussitôt après sa naissance et a banni Angelica dans un couvent, où elle devra expier l'ostracisme social qu'elle a fait peser sur toute sa famille. Après avoir attendu en toute humilité sept ans au couvent, elle est impatiente d'avoir des nouvelles de sa famille et surtout de son fils, pour lequel elle endure cette épreuve difficile.
Elle s'est distinguée au couvent en travaillant avec des plantes médicinales et en se faisant connaître pour ses talents de médecin. Aujourd'hui, l'un des rares jours de l'année où quelques rayons de soleil pénètrent dans la tranquillité des cloîtres, son visiteur tant attendu arrive. Or ce n'est pas son fils, mais sa tante, la princesse, qui exige qu'Angelica signe un document par lequel elle renonce à son héritage. Incapable de se contrôler plus longtemps et acculée par la cruauté impitoyable de sa tante, Angelica redevient la rebelle qu'elle était avant d'être forcée d'entrer au couvent.
Mais ce que sa tante lui apprend est plus terrible que tout ce qu'elle aurait pu imaginer : son fils est tombé malade deux ans auparavant, et il est mort. Accablée par un chagrin atroce, Angelica renonce à ses voeux et prépare une potion mortelle à base d'herbes. Son seul désir est désormais de rejoindre son fils au paradis, mais dans son agonie, elle est à nouveau prise de panique. Craignant d'être éternellement damnée pour s'être suicidée, elle se réprimande une nouvelle fois. C'est à ce moment précis que la Vierge Marie apparaît, manifestant sa grâce et réunissant Angelica avec son enfant mort.