Norma
Mariella Devia, l'une des plus grandes sopranos belcantistes du 20e siècle, fait de La Fenice le théâtre de sa toute dernière Norma.
Distribution
Pollione | Stefan Pop |
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Oroveso | Luca Tittoto |
Norma | Mariella Devia |
Adalgisa | Carmela Remigio |
Clotilde | Anna Bordignon |
Flavio | Emanuele Giannino |
Chœurs | Teatro La Fenice |
Orchestre | Teatro La Fenice |
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Musique | Vincenzo Bellini |
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Direction musicale | Riccardo Frizza |
Mise en scène | Kara Walker |
Lumières | Vilmo Furian |
Texte | Felice Romani, after the tragedy of Alexandre Soumet |
Chef·fe des Chœurs | Claudio Marino Moretti |
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Vidéo
L'histoire
En Gaule, au temps de l’occupation romaine.
Acte I
Dans la forêt sacrée des druides, la nuit. Le grand prêtre Oroveso et les druides invoquent les dieux pour qu’un signe leur soit donné de pouvoir faire la guerre aux Romains. Pollione, proconsul romain, confie à son ami Flavius qu’il n’aime plus Norma qui a pourtant rompu ses vœux de chasteté pour lui et lui a donné deux enfants. Il est désormais amoureux d’une autre prêtresse, Adalgisa, et redoute la vengeance de Norma.
Norma invoque les dieux et, pour protéger Pollione, annonce que le temps n’est pas encore venu de faire la guerre contre les Romains. Adalgise, qui se croit seule, révèle le secret de son amour pour Pollione qui l’entend et qui lui propose de fuir à Rome avec lui, ce qu’elle accepte.
La maison de Norma. Adalgise, avant de partir, avoue à Norma être tombée amoureuse d’un Romain. L’histoire d’Adalgise ressemblant à la sienne, Norma n’a pas le courage de la condamner, mais elle finit par comprendre que l’homme dont s’est éprise Adalgise est Pollione. La colère de Norma explose et Adalgise finit par renoncer à fuir avec Pollione.
Acte II
Dans la maison de Norma. C’est la nuit, les deux fils de Norma et Pollione dorment. Elle est tentée de tuer ses enfants pour blesser Pollione dans ce qu’il a de plus cher, mais elle en est incapable. Elle en vient à accepter que Pollione et Adalgise vivent leur amour mais souhaite que cette dernière devienne une mère pour ses enfants. Mais la jeune prêtresse ne veut pas trahir Norma, elle ira voir Pollione uniquement pour lui rappeler ses devoirs. Émue par l’abnégation d’Adalgise, Norma lui promet son amitié éternelle.
Près du bois des druides. Les guerriers gaulois invoquent la guerre. Norma attend le retour d’Adalgise mais apprend qu’elle a échoué. La colère de Norma redouble ; elle annonce aux guerriers que l’heure est à la guerre contre les Romains. Le bruit court qu’un Romain a pénétré le temple pour enlever une prêtresse : c’est Pollione, qui a tenté d’enlever Adalagise. Norma le supplie une dernière fois en menaçant de révéler la trahison d’Adalgise au peuple gaulois. Contre toute attente, elle cite son propre nom devant la foule, se condamnant ainsi à la mort. Bouleversé par son geste, Pollione lui demande pardon et la suit jusqu’au supplice.
En profondeur
5 clés pour aborder Norma
1° Un échec le soir de sa création
Alors que l’opéra de Bellini était très attendu par le public milanais – la création devait avoir lieu à la Scala de Milan – le succès fut très loin d’être au rendez-vous le soir de la première représentation, le 26 décembre 1831. Bellini en aurait pleuré et aurait écrit à son biographe Florino pour faire part de sa profonde déception en ces termes : « Fiasco ! Fiasco ! Grave fiasco ! ». Quelles pouvaient en être les causes ? Sans doute l’introduction d’éléments nouveaux en regard de l’écriture traditionnelle d’opéras, comme par exemple le trio à la fin du premier acte à la place de ce qui aurait dû être une grande scène chorale. Toutefois, étrangement, la deuxième représentation fut un immense succès, qui s’est poursuivi dans toute l’Italie et aussi et par-dessus-tout à l’étranger.
2° Un jalon posé dans l’histoire de l’opéra
Et en effet, opéra romantique italien par excellence, Norma n’en contient pas moins les germes d’une évolution marquante pour le bel canto et ainsi plus généralement dans l’histoire de l’opéra. Norma constitue en quelque sorte l’apogée du belcanto : bien sûr, on y retrouve la virtuosité et l’ornementation caractéristiques, mais le sens du drame y est davantage développé, où le chant est tour à tour lyrique et tragique. Le personnage de Norma est l’incarnation parfaite de cette puissance dramatique typiquement romantique mêlée à l’art du belcanto. C’est précisément ce qui en fait un des plus grands rôles de soprano et parmi les plus difficiles du répertoire.
4° Un opéra admiré par Wagner
« Dans Norma, où le poème atteint la grandeur tragique des anciens Grecs, les formes strictes de l’opéra italien, que Bellini anoblit et élève à la fois, donnent du relief au caractère solennel et grandiose de l’ensemble » (…) « J’admire en Norma l’inspiration mélodique, unie avec la plus profonde réalité à la passion la plus intime ; une grande partition qui parle au cœur, le travail d’un génie » (citation de Richard Wagner extraite du Dictionnaire chronologique de l’opéra, entrée « Norma », 1994).
5° La dernière Norma de Mariella Devia
Cette production du Teatro La Fenice, s’annonce déjà comme incontournable puisque le rôle-titre est incarné par l’une des plus grandes sopranos belcantistes du 20e-21e siècle, Mariella Devia. Celle qui vient de fêter ses 70 ans chantera ici sa toute dernière Norma et pour seulement trois représentations avant de prendre – définitivement ? – sa retraite.