Garsington Opera

Semele 

Haendel
Ce spectacle n'est plus disponible en vidéo à la demande, mais vous pouvez encore profiter des contenus annexes à la production.

Scandale. Aucune civilisation n'est immunisée, pas même les dieux et déesses romains. Et quel meilleur compositeur que Haendel, le maître de l'opéra baroque, pour représenter le scandale ?

Distribution

Semele
Heidi Stober
Cadmus
David Soar
Athamas
Christopher Ainslie
Ino
Jurgita Adamonytė
Prêtre
Christian Valle
-
-
Jupiter
Robert Murray
Junon
Christine Rice
Iris
Llio Evans
Somnus
David Soar
Apollo
Mikael Onelius
-
-
Chœurs
Chœur de Garsington Opera
Orchestre
Orchestre de Garsington Opera
...
Musique
Georg Friedrich Handel
Direction musicale
Jonathan Cohen
Mise en scène
Annilese Miskimmon
Lumières
Mark Jonathan
Texte
William Congreve
...

Vidéo

L'histoire

Acte 1

Cadmus prépare le mariage de sa fille Semele et d’Athamas, mais celle-ci a inventé tous les obstacles possibles à cet union car elle est amoureuse du dieu Jupiter. Sa sœur, Ino, révèle son amour secret pour Athamas. Cadmus apprend que Semele a été mystérieusement enlevée vers des royaumes inconnus. Semele se délecte de ses nouveaux plaisirs.

Acte 2

Junon, déesse du mariage et de la maternité, est furieuse de l’infidélité de son mari Jupiter et découvre, grâce à l’aide d’Iris, que Jupiter a créé un palais de plaisirs pour Semele. Junon jure de se venger de Semele, et décide de faire appel à l’aide de Somnus, dieu du sommeil. Semele se languit du retour de Jupiter. Il revient et la rassure quant à ses sentiments, mais réalise qu’elle aspire dangereusement à l’immortalité. Afin de la distraire il use de ses pouvoirs divins pour l’apaiser, et mande Ino pour lui tenir compagnie.

Acte 3

Junon et Iris parviennent à sortir Somnus de sa torpeur. Junon ordonne à Somnus d’envoyer à Jupiter un rêve qui le fasse brûler d’une telle passion pour Semele qu’il fera tout ce qu’elle demande. Sous l’apparence d’Ino, Junon offre à Semele un miroir qui lui fait croire qu’elle est la plus belle créature au monde. Elle convainc Semele qu’elle doit refuser l’amour de Jupiter jusqu’à ce qu’il accepte de lui donner tout ce qu’elle veut. Elle devrait alors insister pour qu’il la rejoigne dans son lit non comme un mortel mais entouré de toute sa gloire divine. Semele accepte. Jupiter est tellement désespéré du refus de Semele qu’il accepte ses conditions, tout en étant horrifié par ses demandes car il sait que les lui accorder provoquera sa mort. Junon exulte de sa victoire. Semele réalise la folie de sa demande – trop tard. Ino est horrifiée du sort de Semele. Apollon apparaît pour annoncer que Semele a légué au monde Bacchus, dieu du vin.

En profondeur

Conversation - Jonathan Cohen et Annilese Miskimmon évoquent Semele avec Henrietta Bredin

Chefs d’orchestre et metteurs en scène ont tendance à mener une vie itinérante, au point qu’il est parfois difficile de les arrêter le temps d’une interview. En l’occurrence, le chef – Jonathan Cohen – était brièvement fixé à Londres entre deux concerts avec son ensemble Arcangelo, et la metteur en scène – Annilese Miskimmon – était à Copenhague, en plein déménagement vers son nouveau poste de directrice à l’Opéra d’Oslo. Grâce à Skype et le prêt d’une pièce à la Royal Academy of Music, nous avons pu établir une conversation à trois et plonger directement dans une discussion sur les mythes grecs, et le fait que le mythe de Semele n’est plus aussi familier du public qu’il l’était en 1744, lorsque l’œuvre d’Haendel fut créée.

« Est-il vrai », demande Miskimonn, « que les gens connaissaient bien l’histoire et furent intrigués par sa réinterprétation ? L’intrigue tourne autour des relations entre dieux et humains qui induisent donc un chevauchement fascinant entre la nature des dieux et des humains, et le défi est de le présenter sur scène. J’aime beaucoup le fait que nous jouions dans une salle qui ne permet pas énormément d’effets scéniques, difficulté que nous devons contourner grâce à un peu de magie théâtrale à l’ancienne. Semele est une humaine qui possède certains aspects du divin et les dieux sont capables d’errer et agir à leur guise, ne révélant leur véritable nature que lorsqu’ils le veulent, mais ils sont parfois aussi insensés et vulnérables que des humains. Haendel crée un langage musical intelligent qui exprime ces choses et marque ces subtiles différences. »

Pour Cohen « Händel comprend que les dieux sont en quelque sorte des métaphores : ils représentent ce nous ne comprenons pas. Dans Semele, le personnage de Somnus, dieu du sommeil, et l’idée qu’il représente offrent à Haendel une merveilleuse opportunité pour assouvir son imagination créative en donnant aux bassons une musique divinement léthargique et ensommeillée. Et, bien que l’histoire de Semele leur soit familière, le public fut quelque peu étonné par cette œuvre. Lorsqu’elle fut écrite, Haendel présentait des oratorios à Londres et cette œuvre fut présentée durant le Carême. Elle n’atteignit pas immédiatement le succès car les gens ne savaient comment la qualifier : était-ce un opéra ? un oratorio ? »

« Peu d’opéras intègrent dix chœurs, comme celui-ci. Le public attendait probablement un thème religieux mais on leur présenta un thème séculier tiré de la mythologie accompagnée d’une morale voilée, bien qu’Händel dépeigne ses personnages sans jugement préalable. Il est extrêmement compatissant et présente Semele comme un personnage naïf, plutôt que mauvais et intrigant. »

Puisqu’il n’avait accès à aucune machinerie ni effets spéciaux, Händel déversa toute sa géniale imagination dans la création d’images musicales. « C’est merveilleusement pastoral », nous dit Cohen. « Quand Jupiter interprète son glorieux et charmant chant de séduction pour Semele, “Where e’er you walk”, il n’étale pas une panoplie d’artifices divins. Il évoque les images d’un décor parfait pour leur amour, peuplé de fleurs, de rivières et du bruissement du vent dans les arbres. »

Miskimmon renchérit : « Et le pavillon du théâtre à Wormsley est entouré par ce type de paysage idyllique. On peut même apercevoir exactement ce type de vue pastorale anglaise à l’extérieur, de chaque côté de la scène, avant l’extinction des lumières – un aperçu d’herbe, de fleurs et de branches. Il y a quelque chose de si morne dans leur rigueur et conviction de certains composants du christianisme ; je pense que la raison qui rend ces mythes grecs si inspirants est qu’ils sont parcourus par une force vitale plus facile à exploiter comme inspiration créatrice, qu’on soit peintre, écrivain ou compositeur. Aucun des personnages de Semele, qu’ils soient humains ou divins, n’est présenté comme un cliché ou un stéréotype. Haendel est aussi psychologiquement intelligent que musicalement inventif. »

« Il n’existe pas de vision simple ou unique de quoique ce soit dans une grande œuvre d’art », déclare Cohen. « Vous vous mettez à la place de Barbarina dans Le nozze di Figaro et vous vous rendez compte que le moment le plus émouvant de tout l’opéra est peut-être cette petite scène où une jeune fille s’inquiète de ne pas retrouver une épingle, qui évidemment représente bien plus que cela. Dans Il Ritorno d’Ulisse de Monteverdi, un des moments les plus émouvants est le suicide d’un glouton. Les grands compositeurs se mettent à la place de chacun – c’est une attestation de leur humanité. »