Une célèbre chanteuse ne vit que pour l'art et l'amour. Lorsqu'elle se retrouve prise au piège dans une toile de politique, de corruption, de mensonges et de luxure, elle est obligée de faire un terrible choix.
L'opéra intemporel de Puccini ne cesse de susciter de grandes émotions. Mise en scène par Barbara Wysocka, cette nouvelle production du Polish National Opera se déroule dans les années 1970 à Rome, une période d'escalade de la violence politique, d'affrontements de rue entre droitistes, gauchistes et policiers anti-émeutes, d'attentats, de meurtres inexpliqués et d'enlèvements contre rançon.
Distribution
Floria Tosca | Ewa Vesin |
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Mario Cavaradossi | Mickael Spadaccini |
Baron Scarpia | Krzysztof Szumański |
Cesare Angelotti | Jasin Rammal-Rykała |
Spoletta | Mateusz Zajdel |
Sciarrone | Adam Kruszewski |
Le sacristain | José Fardilha |
Un geôlier | Artur Żołnacz |
A shepherd boy | Antoni Karaś ('Artos' Choir) |
Chœurs | Teatr Wielki - Polish National Opera |
Orchestre | Teatr Wielki - Polish National Opera |
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Musique | Giacomo Puccini |
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Direction musicale | Tadeusz Kozłowski |
Mise en scène | Barbara Wysocka |
Décors | Barbara Hanicka |
Lumières | Marc Heinz |
Costumes | Julia Kornacka |
Texte | Luigi Illica & Giuseppe Giacosa |
Chef·fe des Chœurs | Mirosław Janowski |
Make-Up and Hairstyle Designer | Mateusz Stępniak |
Children’s choir master | Danuta Chmurska |
Children’s Choir | Władysław Skoraczewski 'Artos' Choir and extras |
Casting Director | Izabela Kłosińska |
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Vidéo
L'histoire
Acte I
9 h. Le peintre Mario Cavaradossi travaille dans une chapelle à la rénovation d'une fresque représentant Marie Madeleine. Il ne sait pas que Cesare Angelotti, un prisonnier évadé, se cache dans l'église. Le sacristain aide le peintre à s'installer, puis s'en va. Pensant qu'il est seul, Angelotti sort et tombe sur Cavaradossi, qui promet de l'aider. Mais c'est à cet instant que la maîtresse jalouse du peintre, la célèbre chanteuse Floria Tosca, arrive. Cavaradossi cache le fugitif. Devant la confusion du peintre, Tosca le soupçonne de la tromper. Cavaradossi la convainc de son amour et la renvoie, puis il quitte l'église accompagné d’Angelotti.
11 h. Le sacristain apporte des nouvelles de la victoire présumée des troupes du régime sur les forces révolutionnaires. Des ordres sont donnés pour préparer le Te Deum et un concert spécial en soirée au cours duquel doit chanter Tosca. Soudain, Scarpia, le préfet de police de Rome, arrive avec ses hommes. Il fouille l'église à la recherche du prisonnier fugitif ; parmi les nombreuses traces de la présence d'Angelotti, il trouve un éventail appartenant à la comtesse Attavanti, la sœur d'Angelotti, qui a très probablement aidé son frère à se cacher.
11 h 30. Tosca revient à la recherche de Cavaradossi, mais il tombe sur Scarpia. Celui-ci essaie de gagner ses faveurs et lui glisse que Cavaradossi a probablement une liaison avec la comtesse Attavanti. Cette annonce réduit Tosca à la rage et au désespoir. Lorsque Tosca quitte l'église pour en découdre avec son amant, Scarpia ordonne qu'on la suive. Il exprime son désir de faire exécuter Cavaradossi avant de s’accaparer Tosca.
Acte II
20 h. Au quartier général de la police de Palazzo Farnese, Scarpia pense à Tosca. Spoletta arrive et tend à Scarpia un rapport sur les recherches effectuées dans la villa de Cavaradossi : le fugitif n’a pas été trouvé mais le peintre a été arrêté. Dans une autre partie du bâtiment, le concert de Tosca débute et est diffusé à la télévision. Cavaradossi est conduit à l'intérieur. Lorsqu'on lui demande s'il a aidé Angelotti, il nie et souligne l'absence de preuves.
21 h. Son concert étant terminé, Tosca arrive pour retrouver Cavaradossi, qui a été emmené pour être interrogé et torturé. En faisant chanter Tosca avec la souffrance de son amant, Scarpia tente de lui faire dire où se cache le prisonnier évadé. Sous la pression, Tosca s'effondre et trahit le secret : Cavaradossi a caché Angelotti dans un puits du jardin. Sciarrone, l'un des sbires de Scarpia, apporte des nouvelles de la défaite subie par les forces du régime. Cavaradossi se moque de Scarpia, se réjouissant de sa défaite. Le peintre est condamné à mort.
Minuit. Tosca se trouve seule avec Scarpia, qui avoue qu'il la surveille depuis longtemps et qu'elle est l'objet de son désir. Tosca, choquée, le supplie de libérer Cavaradossi. Mais le prix est élevé ; la chanteuse finit par accepter un arrangement dans lequel, en échange de la vie de Cavaradossi et d'un laissez-passer lui permettant de quitter Rome, elle se donnera à Scarpia. Celui-ci signe le laissez-passer mais alors qu’il lui remet le document, elle le tue.
Acte III
3 h. Cavaradossi attend son exécution à Castel Sant'Angelo. Le condamné refuse de rencontrer un prêtre, mais souhaite rédiger une dernière lettre à Tosca. La chanteuse se précipite et raconte à son amant comment elle a tué Scarpia. Elle ordonne à Cavaradossi de faire semblant de tomber raide mort lors de son exécution par le peloton d'exécution qui, selon l'ordre final de Scarpia, n’est qu’une mascarade.
4 h. Cavaradossi est conduit sur le lieu de l'exécution. Tosca veille à ce que la fausse exécution se passe comme prévu. Cavaradossi tombe à terre, mais l'exaltation de Tosca se transforme en désespoir lorsqu’elle découvre qu'il est mort et que Scarpia l'avait trompée. La police se précipite, ayant découvert le corps de Scarpia. Ils tentent d'arrêter Tosca pour le meurtre de ce dernier, mais elle s'échappe et met fin à ses jours.
En profondeur
5 clés pour aborder Tosca
1° Révolution à Rome
Tosca de Puccini est l'un des opéras les plus populaires du répertoire depuis sa création en 1900, 14 jours seulement après le début du nouveau siècle. Contrairement à la plupart des opéras, le lieu est précis et concis : l’action se déroule à Rome le mardi 17 juin 1800, de midi jusqu’au lever du jour suivant. Pendant ces dix-huit heures, tous les personnages principaux subissent de violentes morts.
Les véritables motivations des personnages de Tosca sont strictement personnelles. Néanmoins, la politique et les idéaux de l'époque sont toujours à l'arrière-plan. Tosca se situe à un moment critique dans les campagnes militaires du général français - et plus tard empereur - Napoléon Bonaparte. L’action sur scène montre les réactions du peuple romain à l’annonce de la défaite apparente de Napoléon, puis de sa réelle victoire, à la bataille de Marengo. Il reflète les sentiments partagés du peuple romain, déchiré entre sa loyauté envers la couronne et ses espoirs de nouvelles libertés sous un nouveau souverain.
2° Négocier une adaptation
L’opéra de Puccini est un drame violent inspiré de la pièce à succès de Victorien Sardou, La Tosca, écrite pour la célèbre actrice française Sarah Bernhardt. Le compositeur vit La Tosca au moins une fois à Milan et à Turin. Il écrivit à son éditeur, Giulio Ricordi, le priant d'obtenir l'autorisation de Sardou pour que l'œuvre soit transformée en opéra: « Je vois dans ce Tosca l'opéra dont j'ai besoin, sans aucune mesure exagérée, aucun spectacle élaboré ou habituelle quantité excessive de musique. » Sardou répondit qu'il préférerait que sa pièce soit adaptée par un compositeur français et se plaignit de l'accueil réservé à La Tosca en Italie, mais réussit néanmoins à négocier des conditions acceptables.
Puccini rendit ensuite visite à Sardou à Paris pour discuter de l'adaptation. Le compositeur voulait remplacer l'hymne patriotique de Cavaradossi emprisonné, dans l'acte III, par une chanson d'amour autorisée par l'auteur. Mais tandis que Sardou voulait une finale abrupte et tonitruante, Puccini détestait le suicide à la fin de la pièce. Il pensait à une fin différente, où, plutôt que de sauter, Tosca deviendrait folle, s'effondrerait et mourrait sur le corps de son amant. Il est évident que le compositeur a perdu sa bataille sur ce point particulier.
3° Sensuel, passionné et obscur
Tosca est l’opéra que Puccini a écrit juste après son premier succès incontesté, La bohème. En comparant les deux, le compositeur a déclaré: « La couleur dans Tosca n'est pas romantique et lyrique comme dans La bohème, mais sensuelle, passionnée et obscure. Scarpia et Spoletta sont des individus louches, et les héros ne sont pas aussi dociles que Rodolfo et Mimì, mais plutôt actifs et courageux. »
L'intrigue joue avec des passions plutôt qu’avec des sentiments. Tosca est une histoire de tricherie et de doute, où tout - surtout l'amour - est troublé par la jalousie. Même les personnages marginaux comme le sacristain et le gardien de prison mentent ou agissent malhonnêtement. Tout le monde combat la tromperie par la duperie, ce qui crée une atmosphère suffocante de suspicion et de doute. Ce sont ces qualités qui placent Tosca fermement dans la catégorie du « verismo opera », style du réalisme italien lié aux mouvements littéraires et artistiques du même nom.
4° Des lieux de la vie réelle
De même qu’il se déroule à une heure précise, Tosca se déroule dans trois lieux bien réels : la basilique Sant'Andrea della Valle, célèbre pour son grand dôme peint; le Palazzo Farnese, qui sert aujourd'hui d'Ambassade de France; et le Castel Sant’Angelo, commandé par l’empereur romain Hadrien comme mausolée pour lui-même et sa famille, qui a ensuite servi de forteresse et de château fort.
Une église, un palais et un château : des lieux puissants construits par les grands architectes de Rome pour représenter le pouvoir de ses dirigeants et de ses institutions. Floria Tosca est une chanteuse qui ne vit que pour l'art et l'amour, une force puissante en elle-même. Depuis le début de Tosca jusqu'à la dernière note, des forces opposées combattent jusqu'à la mort, mais ce sont des forces qui ne peuvent pas s'échapper car elles sont éternellement liées : amour et jalousie; art et tromperie; cruelle injustice de l'homme et justice anticipée de Dieu.
5° Le rêve d'une metteuse en scène
Dans Tosca, une femme décide de mettre fin à ses jours lorsqu'elle comprend que même si elle a tué son oppresseur, elle n'a pas réussi à sauver son amant : une triple mort enchevêtrée dans l'amour, la luxure, la politique et le pouvoir. Il n'est pas étonnant que depuis 120 ans, l'opéra attire les meilleurs et les plus visionnaires des metteurs en scène.
L'actrice et metteuse en scène Barbara Wysocka a reçu le Paszport Polityki pour sa production, en 2009, de The Fall of the House of Usher de Philip Glass au Théâtre National Polonais, qui a remporté de nombreux prix. Parmi les opéras qu'elle a mis en scène depuis, on peut citer Lucia di Lammermoor de Gaetano Donizetti au Bayerische Staatsoper, Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart au Bregenzer Festspiele, et ses débuts sur OperaVision avec Eros & Psyche de Ludomir Różycki au Polish National Opera. Elle met en scène cette nouvelle production de Tosca qui se déroule dans les années 1970 à Rome, une période d'escalade de la violence politique, d'affrontements de rue entre droitistes, gauchistes et policiers anti-émeutes, d'attentats, de meurtres inexpliqués et d'enlèvements contre rançon.