Flying Dutchman
Flying Dutchman
Théâtre National de Mannheim

Le Vaisseau fantôme

Wagner
Ce spectacle n'est plus disponible en vidéo à la demande, mais vous pouvez encore profiter des contenus annexes à la production.
En direct le Disponible jusqu'au
Chanté en
allemand
Sous-titres en
anglais
allemand

Un capitaine est condamné à naviguer sur les mers du monde pour l'éternité, et n'est autorisé à rejoindre la terre ferme qu'une fois tous les sept ans. Trouvera-t-il l'amour d'une femme fidèle pour briser la malédiction ?

Richard Wagner a découvert la légende du Vaisseau fantôme en 1838 à travers l'ouvrage de Heinrich Heine Mémoires de Monsieur de Schnabelewopski. Après un voyage mouvementé de Riga à Londres — Wagner fuit à nouveau ses créanciers —, il choisit le thème de son prochain opéra et commence immédiatement son travail de composition, le déferlement des vagues déchaînées encore bien en tête. Avec cette nature sauvage en toile de fond, Wagner expose dans Le Vaisseau fantôme son idéal d'un amour transcendant, comme un antidote au Zeitgeist d'un 19e siècle marqué par l'industrialisation rapide et la croissance économique. La nouvelle production de Roger Vontobel à Mannheim est diffusée en direct le soir de la première pour que les spectateurs du monde entier puissent partager ce qui compte parmi les airs les plus passionnants composés pour l'opéra.

Distribution

Daland
Sung Ha
Senta
Daniela Köhler
Erik
Jonathan Stoughton
Mary
Marie-Belle Sandis
Steersman
Juraj Hollý
The Dutchman
Michael Kupfer-Radecky
Dream Senta
Delphina Parenti
Dream Dutchman
Michael Bronczkowski
Chœurs
Opernchor des Nationaltheaters Mannheim
Orchestre
Nationaltheater-Orchester
...
Musique
Richard Wagner
Texte
Richard Wagner
Direction musicale
Jordan de Souza
Mise en scène
Roger Vontobel
Décors
Fabian Wendling
Lumières
Florian Arnholdt
Costumes
Ellen Hofmann
Chef·fe des Chœurs
Dani Juris
...

Vidéo

Trailer

Un avant-goût du Vaisseau fantôme

Avez-vous vu le vaisseau mort, son mât noir et sa voile rouge ?

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Extrait

Steuerman lass die Wacht

Dans cet extrait de l'acte III du Vaisseau fantôme, les marins célèbrent leur retour à terre sains et saufs. Ils appellent le navire du Hollandais, invitant l'équipage à les rejoindre, mais le navire reste sombre et silencieux. Les marins de Daland se moquent de l'équipage mystérieux et de son capitaine.

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L'histoire

Acte I

Une tempête a conduit le navire du capitaine Daland à s'échouer. Le voyage a épuisé l'équipage et ils vont tous se reposer. Le Barreur, qui est supposé faire le guet, essaie de tenir éveillé en chantant mais s’endort rapidement. Soudain, un étrange vaisseau s'arrête aux cotés du navire de Daland. Son capitaine est le Hollandais Volant. Celui-ci a été condamné à une errance éternelle, sans être freîné par des tempêtes ou des pirates. Une fois tous les sept ans, il est autorisé à toucher terre. Le Hollandais offre une richesse inouïe à Daland, demandant en échange l'hébergement et la main de sa fille, Senta. Daland accepte la proposition du Hollandais et les navires mettent les voiles.

Acte II

En attendant le retour du navire de Daland, des filles travaillent sur leurs rouets et chantent. Les amis de Senta la taquinent à propos du chasseur Erik, son ardent prétendant. Senta, qui ne se soucie pas de leurs remarques facétieuses, chante une ballade à propos du Hollandais Volant, qu’elle a aimé dès son enfance, et dévoile son secret le plus intime : grâce à son amour et sa fidélité, elle veut sauver le marin maudit. Les mots de Senta surprennent Erik, qui est envahi par un étrange pressentiment. Il raconte un rêve dans lequel il la voit embrasser le mystérieux capitaine. Le Hollandais et le père de Senta font leur apparition, et le père annonce le mariage arrangé. Senta est fascinée par le Hollandais. Celui-ci ne détourne pas les yeux de Senta, espérant que son amour et sa fidélité lèvent la malédiction.

Acte III

Les marins, sains et saufs, célèbrent leur retour sur la terre ferme. Ils appellent le navire du Hollandais, invitant l'équipage à les rejoindre, mais le navire reste sombre et silencieux. Les marins de Daland se moquent de l'équipage mystérieux et de leur capitaine. Une tempête se lève et des spectres s'approchent du rivage, par-dessus les vagues, tandis que les invités arrivent.

Erik essaie de dissuader Senta de lier sa vie à un étranger inconnu. Senta ne veut pas l'écouter, car elle a prêté serment et est appelée à accomplir une mission suprême. Erik lui rappelle alors son amour pour elle. Le Hollandais, voyant Senta avec Erik, est désespéré. Consumé par la jalousie et la peur de la perdre, il pense que Senta, elle non plus, n’a pas réussi à lui montrer une fidélité indéfectible. Il révèle son secret et se dirige vers son navire pour continuer son itinérance sans fin, dictée par la malédiction. Senta se jette dans la mer du haut d'une falaise, rachetant par sa mort les péchés du Hollandais. Le navire du Hollandais volant se désintègre contre les falaises et son odyssée prend fin.

En profondeur

Tout cela n’était-il qu’un rêve ?

La dramaturge Marion Tiedtke rencontre le metteur en scène Roger Vontobel, le scénographe Fabian Wendling, la costumière Ellen Hoffmann, la chorégraphe Zenta Haerter et le vidéaste Stefan Bischoff.

Marion Tiedtke : Pendant nos préparatifs, nous nous sommes constamment posé la question : comment interpréter cet opéra, vieux de près de 180 ans et joué d'innombrables fois, pour l'époque moderne ?

Roger Vontobel : Mon approche est toujours liée à une façon particulière et délibérée de raconter des histoires, une sorte de porte d'entrée pour interpréter l'opéra. Très tôt, Wagner s'est montré très critique à l'égard du développement du capitalisme, ce qui n'est pas sans rappeler la façon dont nous voyons aujourd'hui la catastrophe du changement climatique : nous aussi, nous voulons échapper à un environnement qui nous opprime et nous rend malades, mais dans notre impuissance, nous avons tendance à nous réfugier dans un monde de substitution ou d’illusions pour nous distraire. L'histoire de Senta est une fuite d'un monde patriarcal et capitaliste où il n'y a pas d'autres valeurs que les valeurs matérielles. Elle aspire à un but plus grand, à un bonheur d'un autre genre. Elle se perd dans ce désir, s'engourdit dans des rêveries qui la conduisent à un état d'esprit schizophrénique, finalement mortel, et qui semble sans issue.

MT : Comment avez-vous eu l'idée des cordes pour le décor et que représentent-elles ?

Fabian Wendling : La scénographie est basée sur la filature au début du deuxième acte, que nous avons décidé d'utiliser comme point de départ pour notre interprétation. Nous avons conservé l'idée des fils filés, mais nous avons choisi la variante plus rugueuse de la corde, qui peut symboliser aussi bien le monde de travail rude des hommes en mer que le monde de l'usine rude des femmes de la filature. La vie quotidienne de Senta se déroule dans cette filature, dont elle veut s'échapper avec le Hollandais. Il était donc logique de représenter ses rêves et ses désirs comme des déformations de ce cadre. À la fin, la corde devient le cordon avec lequel les femmes nouent leurs corsages et avec lequel Senta finit par se tuer. Dans la scène d'ouverture, 53 treuils à corde forment une sorte de prison et une plate-forme surélevée sert de poste de surveillance pour les gardes.

MT : La ballade de Senta étant le point de départ de la composition de Wagner, nous avons décidé d'interpréter l'opéra du point de vue de Senta : nous nous trouvons dans un monde où rêves et réalité s'entremêlent. Cela permet une nouvelle liberté avec les costumes, qui apparaissent souvent comme des citations de la culture contemporaine. Quelles ont été vos principales inspirations ?

Ellen Hofmann : Pour moi, Le Vaisseau fantôme est une histoire d'horreur qui pourrait tout aussi bien se dérouler dans un roman dystopique des années 80 que dans un film hollywoodien moderne de Quentin Tarantino. Lorsque nous avons parlé en équipe du groupe de jeunes filles filantes du deuxième acte, nous avons souvent évoqué le roman de Margaret Atwood The Handmaid's Tale et la série qui en a été tirée. Elles sont essentiellement des travailleuses forcées dans la maison de Daland, fabriquant leurs propres corsets et robes pour plaire aux marins qui arrivent. Elles sont "préparées" pour le marché du mariage afin d'être "présentées à l'homme" sous le meilleur jour possible. Dans notre production, il s'agit de costumes des années 50, lorsque les femmes s'habillaient encore de manière très féminine. Mary, la gouvernante de Senta, est inspirée de la tante Lydia du roman d'Atwood : une tutrice qui, d'une part, jouit de la confiance de ses filles, mais qui, d'autre part, les punit et les torture pour que personne n'ose sortir du système. Le costume de Daland est inspiré de celui de Leonardo Di Caprio dans le rôle de Calvin Candie dans Django Unchained.

MT : Quelles techniques et styles de danse utilisez-vous dans votre travail et comment développez-vous vos chorégraphies ?

Zenta Haerter : Je suis influencée par la danse classique et moderne, mais au fil des années, j'ai développé mon propre langage chorégraphique. Depuis quelque temps, je travaille principalement avec des danseurs qui sont familiarisés avec de nouvelles techniques de danse que je n'ai pas apprises au cours de ma formation. Je trouve enrichissant de pouvoir bénéficier de techniques de danse qui me sont inconnues et je sélectionne mes danseurs en conséquence. Cependant, ils doivent connaître mes bases afin que nous ayons un même point de départ. J'utilise un mélange d'improvisation et d'éléments chorégraphiques. Dans cet opéra en particulier, nous combinons le langage du ballet classique avec des moments de rêve, de nostalgie, de beauté, de légèreté - le rêve de la rédemption, que d'autres techniques de danse moderne contrecarrent délibérément.

MT : Dans l'ouverture, qui réunit tous les éléments musicaux de l'opéra et qui a souvent été appelée "Meeressinfonie" (symphonie de la mer), le public fait l'expérience d'un voyage cinématographique à travers l'œil de Senta dans le monde de son âme, qui nous mène finalement au premier acte. Quelles associations et techniques visuelles ont été importantes pour vous dans la création de ce voyage onirique dans l'esprit de Senta ?

Stefan Bischoff : Avec la vidéo, nous avons créé une ouverture sur l'opéra où les motifs du rêve et du cauchemar s'entremêlent dans la tête de Senta. En d'autres termes, j'ai travaillé avec la technique cinématographique du collage. Nous avons filmé avec la chanteuse et ajouté des séquences des profondeurs de l'océan, des paysages de fjords et un voyage vers le lieu où l'histoire commence. On a l'impression d'une ruée, d'un voyage, avant que Senta ne mette fin à ses jours. À la fin, tout revient en arrière à un rythme effréné. Ces techniques nous sont familières dans les films de cinéma, par exemple. Elles permettent de combiner plusieurs plans : réalité et rêve, temps et espace.