Alors qu'un jeune garçon est placé dans un train en direction d'Auschwitz, son destin semble scellé. Mais lorsque sa mère le pousse hors du train, il parvient à s'échapper et à se dessiner une nouvelle vie.
Inspiré par l'histoire vraie de Simon Gronowski que sa mère poussa hors du train reliant Malines à Auschwitz, à Boortmeerbeek (Belgique) en 1943, Howard Moody a composé un opéra réunissant des musiciens professionnels et des interprètes amateurs – adultes et enfants – dans une expérience théâtrale unique.
Distribution
Simon | James Newby |
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Simon’s sister | Sheva Tehoval |
Guard | Ivan Ludlow |
Young Simon | Felix Cooper / Thylan Aerts / Milo Avalosse / Djurre Diels |
Chœurs | Mixed youth and adult Chorus / La Monnaie’s Children's and Youth Chorus |
Orchestre | La Monnaie’s Chamber Music Ensemble |
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Musique | Howard Moody |
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Direction musicale | Howard Moody |
Mise en scène | Benoît De Leersnyder |
Décors et costumes | Emilie Lauwers |
Lumières | Ace McCarron |
Vidéo | Emilie Lauwers & Simon Van Rompay |
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Vidéo
L'histoire
1. ARREST (L’ARRESTATION )
Scrutant le ciel, un groupe de gens médite sur la façon dont les collisions des comètes et les changements dans les constellations reflètent des situations récurrentes dans le monde. Le groupe est encerclé et emmené par des gardes menaçants.
2. TRAPPED (PRIS AU PIÈGE)
Tous sont rassemblés dans un camp. Simon et sa sœur racontent que leurs voisins se sont retournés contre eux ; autour d’eux, les gardes s’interrogent sur leurs propres actes. La peur commence à s’installer.
3. TOGETHER (ENSEMBLE)
Les prisonniers chantent ensemble et en viennent, sous la pression, à former une communauté, tandis que les enfants jouent. Sous l’éclat d’une lune rouge, Simon et sa sœur se remémorent la visite de leur mère à une voyante, qui lui avait confié que son fils serait chanceux. Durant son sommeil, Simon se souvient des yeux de sa mère et du chagrin de son père, et chante ses rêves.
4. UNCERTAINTY (L’INCERTITUDE)
Les prisonniers sont réveillés par une lumière éblouissante et par des ordres retentissants. On leur distribue des pancartes qu’ils doivent porter à leur cou et sur lesquelles figurent les numéros qu’on reporte également sur leur poignet. Simon se voit attribuer le numéro 1234, sa mère le 1233. Les groupes sont séparés, et Simon et sa mère sont poussés dans un train. L’enfant se retourne et voit sa sœur pour la dernière fois.
5. PUSH (LA POUSSÉE)
Les prisonniers, entassés dans un train en mouvement, sont pris de panique. Un groupe de résistants parvient à ralentir le train, et dans la confusion, les prisonniers essaient de s’échapper. Le train roule encore trop vite pour en sauter sans risque, mais la mère de Simon choisit de pousser son fils pour qu’il puisse s’échapper : « Elle m’a poussé. J’ai sauté et couru pour rester en vie. »
6. ESCAPE (L’ÉVASION)
Les enfants courent, une rengaine tourne en boucle dans leur tête. Simon raconte qu’il est arrivé dans un petit village où un homme l’a aidé et l’a mis dans un train qui retournait en ville. Là, il a retrouvé son père puis a été contraint de se cacher.
7. SOME YEARS LATER (QUELQUE S ANNÉE S PLUS TARD)
Alors qu’il va bientôt mourir, le garde entend que Simon a commencé à raconter son histoire. Il reconnaît devant Simon le rôle qu’il a joué, et lui demande pardon. Devant l’expression de sa culpabilité, Simon lui accorde son pardon.
8. EPILOGUE (ÉPILOGUE)
Simon souligne combien il est important pour lui de raconter son histoire, de vivre dans le présent et de rechercher l’optimisme, la joie et l’amitié. Il chante que sa mère l’a mis au monde à deux reprises, en le poussant vers la vie puis vers la liberté.
En profondeur
Un saut vers la vie
Le 19 avril 1943
Le 19 avril 1943, en pleine Seconde Guerre Mondiale, trois jeunes résistants belges, armés d’un seul fusil, ont attaqué un train nazi transportant 1600 déportés juifs vers Auschwitz, où une mort certaine les attendait. Après avoir arrêté le train avec un faux signal d’urgence, Jean Frankelmon, Robert Mastriau et Youra Livchitz, ont ouvert les portes des wagons avec des scisailles et aidé les prisonniers à s’enfuir du train. D’autres ont profité du chaos général pour sauter alors que le train redémarrait. Cet événement historique, connu sous le nom de l’attaque du 20e convoi, a marqué la seule fois que des déportés juifs ont été libérés en si grand nombre.
Ce soir-là, 231 personnes ont pu échapper à la déportation, mais nombreux d’entre eux ont été arrêtés plus tard. Le plus jeune à s’échapper était Simon Gronowski, un jeune de 11 ans de Bruxelles, poussé du train par sa mère. Incapable de le suivre, elle sera gazée à son arrivé à Auschwitz. Devant se débrouiller, Simon a été caché par plusieurs familles belges pendant le reste de la guerre.
Can the unforgivable be forgiven? The victim can grant forgiveness if the guilty party asks for it and sincerely regrets his act. How can one forgive the one who is proud of his crime and is ready to do it again? Forgiveness without repentance carries the seeds of forgetting. Forgetting is a danger to humanity. Even with repentance, forgiveness does not erase crime.
Un opéra humaniste
Lorsque le compositeur Howard Moody a rencontré Simon Gronowski à la suite de son opéra Sindbad – A Journey Through Living Flames à Bruxelles en 2014, il a été si touché par l’histoire de la vie de ce dernier qu’il a décidé d’en faire un opéra. L’idée de Push était née. L’opéra transcende néanmoins les faits historiques afin de résonner avec les expériences de prisonniers et réfugiés aujourd’hui.
Moody a conçu le projet en tant que community opera, rassemblant des musiciens professionnels et des acteurs amateurs – adultes et enfants – dans une expérience théâtrale singulière. Depuis sa première à Bexhill au Royaume-Uni, l’opéra a été montré plusieurs fois avant d’arriver à La Monnaie en Belgique en 2019. Simon Gronowski a assisté à la représentation.
Sensible à la vision humaniste de Gronowski – la croyance qu’il faut connaître la barbarité d’hier pour défendre la démocratie d’aujourd’hui, le metteur en scène Benoît De Leersnyder cherchait un langage scénique qui refléterait l’histoire tout en faisant des parallèles à la souffrance du présent.
« Alors que les chiffres déshumanisent les victimes, dans notre production, l’histoire de Simon et Ita [sa sœur, morte à Auschwitz] est projetée dans son intégralité sur les écrans. Et cela, dans une tentative de lui redonner un peu d’humanité et de la laisser résonner en chaque auditeur. Par contre, dans les passages du chœur, les images vidéo suggèrent des parallèles avec la situation mondiale actuelle. À la lumière de la Shoah, les réfugiés d’aujourd’hui trouvent une place dans notre spectacle – à travers un commentaire, un témoignage, une suggestion, un avertissement… »
A propos de nous, ici et maintenant
Emilie Lauwers, créatrice des décors et costumes de Push, réfléchit sur comment elle l’a envisagé comme expérience confrontante, plutôt qu’une représentation à regarder assis confortablement dans un fauteuil en velours rouge. La scénographie, le placement du public et de l’orchestre est le fruit de cette réflexion :
« Lorsque le public rejoint la salle par un monte-charge comble, il se retrouve sur scène. L’orchestre, placé sur un podium, bloque la sortie. Avant même que chacun puisse prendre sa place de spectateur en toute sécurité, l’opéra commence. La première scène s’intitule Arrest [L’arrestation]. Depuis les tribunes, des gardiens surveillent le public. Les chanteurs du chœur ont déjà pris place au sein du public – tout le monde est arrêté. Push ne parle pas des autres dans une guerre depuis longtemps écoulée, mais de nous, ici et maintenant. »