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12 nouvelles arias d'opéra pour le 40ème anniversaire du National Opera Studio

Basé près de la River Wandle dans le quartier londonien de Wandsworth, le National Opera Studio a pour vocation de former de jeunes musiciens talentueux afin qu'ils deviennent les meilleurs artistes de leur génération. Il a été fondée en 1978 à la suite d'un rapport du Conseil des Arts sur l'opéra au Royaume-Uni qui recommandait la création d'une formation plus petite et élitiste afin de répondre aux besoins de toutes les grandes compagnies lyriques du pays. Dirigé par la Basse britannique Michael Langdon et avec Martin Isepp en tant que Head of Music, le National Opera Studio a formé douze chanteurs et quatre répétiteurs cette année-là, comme chaque année à ce jour.

Pour célébrer son 40ème anniversaire, le National Opera Studio a commandé douze nouvelles arias à sa promotion de 2018. Faisant partie d'opéras imaginaires qui pourraient être mis en scène à l'avenir, les arias ont été rassemblées en une seule production : 12:40.

« Il est rare d'avoir une musique écrite spécialement pour vous », explique David Sulkin, directeur du développement artistique au National Opera Studio et metteur en scène de 12:40. « Il est encore plus rare d'être au cœur du processus créatif ». Dès le début, il s'est attaché à établir des "relations rectangulaires", c'est-à-dire des apports créatifs partagés entre chaque chanteur, répétiteur, compositeur et librettiste. « Il y avait certaines obligations pour les équipes créatives », explique David. « Par exemple, écrire une aria dans le cadre d'un opéra imaginaire qui pourrait être commandé à l'avenir; que les idées pour l'opéra et l'aria proviennent principalement du jeune chanteur (un rêve, une histoire de famille, quelque chose de fascinant, une histoire d'enfance); et que les compositeurs conçoivent l'aria pour un orchestre et produisent ensuite une version piano qui vise à exprimer le son orchestral. »

Le processus de création a été long et minutieux. Le National Opera Studio voulait travailler avec un mix de compositeurs et librettistes plus ou moins expérimentés, issus d'horizons divers, qui apprécieraient et bénéficieraient de travailler avec des artistes arrivant à la fin de leur formation professionnelle. Et pour Emily Gottlieb, directrice générale du National Opera Studio, ce fut une collaboration fructueuse, surtout pour les chanteurs et répétiteurs. « Elle a fait ressortir la créativité et l'originalité de tous nos jeunes artistes » dit-elle, « dont la plupart n'avaient jamais été impliqués à la source dans une œuvre musicale auparavant. »

David Sulkin
« Il est rare d'avoir une musique écrite spécialement pour vous. Il est encore plus rare d'être au cœur du processus créatif. »

Les arias qui en résultent témoignent de la diversité et de l'inventivité de la musique contemporaine. Plusieurs pièces sont profondément personnelles. « Alice », tirée d'un opéra sans titre, est écrite par le compositeur Philip Venables et le librettiste Ted Huffman pour le ténor Daniel Shelvey, né à Liverpool, et le répétiteur français Florent Mourier. Il s'agit d'un recueil de mémoires utilisant le texte complet du soliste, édité à partir de trois entrevues sur sa relation avec sa grand-mère et son père - et comment ces relations l'ont aidé à forger sa compréhension du monde et sa place dans celui-ci.

« Cette aria parle de l'influence profonde de ma grand-mère, Alice Shelvey, sur mon identité, mon estime de soi et ma confiance en moi, ayant grandi en tant qu'homme gay », explique Daniel. « Alice était, pour le dire à la légère, excentrique. Toujours glamour de la tête aux pieds, hilarante, tempétueuse et une personnalité difficile; c’était une battante, une bagarreuse, une fêtarde spectaculaire et surtout une personne remplie de chaleur et d'amour. Elle était ma meilleure amie, gardienne et championne, et cette pièce essaie de capturer son essence et la façont dont elle continue à vivre en moi. »

D'autres artistes ont également réfléchi sur leurs relations avec un parent. « Hiraeth » est écrit par la compositrice Hannah Kendall et la librettiste Tessa McWatt, et arrive à la fin d’un opéra imaginaire se déroulant dans une ancienne ville minière des vallées du sud du Pays de Galles, dans laquelle un jeune homme souffre du traumatisme de perdre un parent. « Mon aria est autobiographique », dit le baryton-basse Emyr Wyn Jones, « et cela a été absolument incroyable de prendre une partie de ma vie et de la voir devenir une œuvre d'art que je peux partager avec le monde.»

La soprano espagnole Lorena Paz Nieto s'est inspirée de sa mère pour créer « The Handbag Aria » avec la compositrice Samantha Fernando et la librettiste Rebecca Hurst. Veuve à l'âge de 36 ans, elle s'est retrouvée avec trois filles à se battre pour sa vie et son éducation dans une société compétitive et dirigée par des hommes. L'aria de Lorena fait partie de l'opéra imaginaire Loitadora (« Combattante »), dans lequel une veuve lutte pour s'occuper de ses trois filles tout en travaillant comme femme de ménage et en luttant pour la justice après la mort de son mari dans un accident du travail. « La mort de mon père a entraîné une bataille juridique acharnée avec l'entreprise pour laquelle il travaillait », dit Lorena, « il a fallu plus d'une décennie pour recevoir une compensation financière. Cet opéra, inspiré par cette femme étonnante, est un hommage à elle, montrant tous les hauts et les bas, les rires et les larmes. C'est une histoire de survie à travers les luttes quotidiennes - la vie dans ce qu’elle a de meilleure.»

Emyr Wyn Jones
« Cela a été absolument incroyable de prendre une partie de ma vie et de la voir devenir une œuvre d'art que je peux partager avec le monde. »

Alors que ces trois arias se déroulent toutes au cours des dernières décennies, d'autres font un saut dans le temps. « Indus » se passe il y a 48 millions d'années dans ce qui est aujourd'hui le Cachemire, et suit l'histoire du premier indohyus à retourner à la mer. Considéré par certains paléontologues comme un ancêtre évolutionnaire de la baleine, ce mammifère terrestre chevrotain de l'ère éocène avait des os denses comme l'hippopotame moderne qui permettait un mouvement lent et inconfortable hors de l'eau. « Je suis fière d'être une musicienne handicapée » explique la mezzo-soprano Bethan Langford, qui chante l'aria « The Undeniable Loneliness of Whale Evolution » dans son opéra. « Mon personnage, Heavy Legs, s'inspire de la façon dont je vis le monde un peu différemment des autres. Ce qui était vraiment important pour moi, et ce dont je suis le plus fière dans cette aria, c'est la morale sous-jacente d'inclusion et d'acceptation de ceux qui sont différents. »

Ensuite, il y a les opéras qui se déroulent dans le futur. « Black Sun » se passe en l'an 2042 et suit une mission vouée à l'échec. Le ténor libanais Bechara Moufarrej a également écrit le libretto pour l'opéra, et dans « Sole nell' ombra » il joue le capitaine du vaisseau spatial qui envoie un message final à son amant secret - le directeur de l’International Space Agency et du projet Mars One. Le sauvetage a lieu encore plus loin dans l'avenir, alors qu’une inondation a détruit la surface de la Terre et que l'humanité a évolué pour devenir sans genre et pansexuelle. L'idée est née de conversations sur les mythes et les légendes de mon enfance et de mon intérêt subséquent pour la mythologie nordique », révèle le contre-ténor Feargal Mostyn-Williams, qui chante « Nobody Cries » dans l'opéra imaginé.

La vie d’indohyus ou d'astronaute est difficile, mais être une princesse de conte de fées n'est pas non plus une sinécure, surtout dans le cas de la princesse Rosalind, dont les ambitions scientifiques sont en contradiction avec ses devoirs royaux. Elle n'a pas une minute à elle, même lorsqu'elle est excusée de la Cour. Des dragons, des escrocs - même une grenouille - la prennent en embuscade alors qu’elle réalise ses expériences. « The Frog Prince » de l'opéra imaginaire Alchemy est écrit par la compositrice Sally Beamish et le librettiste Peter Thomson pour la répétitrice Erika Gundesen et la mezzo-soprano Polly Leech, qui joue Florence Pike dans la production d’Albert Herring du Royal College of Music sur OperaVision.

« Cela a été incroyable de collaborer avec une équipe créative aussi prolifique, et j'ai l'impression que la pièce convient si bien à ma voix et à ma personnalité », s’exclame Polly. Son aria se passe dans la chambre de la princesse, où elle est prise par surprise par une grenouille qui tente de la forcer à partager son assiette - et son lit. La Princesse n'est pas vraiment d’accord avec ces suggestions, mais elle est assez intriguée par les implications scientifiques d'une grenouille qui parle. Les rôles s’inversent alors qu'elle le ramène dans son laboratoire avec des promesses séduisantes. « Nous avons créé un conte de fées avec une protagoniste féminine forte, qui n'a certainement pas besoin d'être sauvée par un homme ! »

Bethan Langford
« Je suis fière d'être une musicienne handicapée. Mon personnage, Heavy Legs, s'inspire de la façon dont je vis le monde un peu différemment des autres. »

Une des arias se passe dans un vestiaire de rugby, une dans une centrale électrique hantée à Anglesey, et une autre dans un phare au large de la côte du Pembrokeshire ; il y a une aria en quatre langues pendant le réveil national indonésien et une qui célèbre la vie de Maud Allan, danseuse édouardienne. Douze nouvelles arias, soutenues par 40 artistes créatifs. « Alors que les jeunes artistes arrivent à la fin de leur année de formation en cette année de notre 40e anniversaire », dit la directrice générale Emily Gottlieb, « ils nous laissent non seulement plus riches d’esprit, en apprentissage et en artisanat, mais aussi avec un cadeau d'anniversaire unique – une aria contemporaine écrite et créée spécialement avec et pour eux, qu'ils peuvent emporter avec eux pour des auditions, car de plus en plus de compagnies demandent un répertoire contemporain et cherchent des artistes versatiles pour interpréter ce genre d’œuvre. »

« J'espère sincèrement que vous apprécierez ce spectacle unique, et pour tous les commanditaires; faites que douze nouveaux opéras naissent ! »

La représentation complète de 12:40 est disponible en haut de cette page.

Cliquez ici pour télécharger le programme de la production en pdf.
Cette vidéo n’a pas de sous-titres.

Équipe de production :
David Sulkin – metteur en scène
Mark Shanahan and Jeremy Silver – preparation musicale
Alex Groves – concepteur sonore
Markus Tarasenko Fadum – concepteur lumières
Karen Halliday chorégraphe
Morgan Veazey – coordinatrice costumes
Susan Burns - régisseuse

12:40 a été produit en partenariat avec Second Movement en association avec le Librettist Network et le généreux soutien du Nicholas John Trust.