Une jeune femme bienveillante se voit forcée de travailler en tant que domestique dans sa propre maison. Sa chance semble tourner lorsqu’un jeune homme célibataire de sang royal cherche à se marier, mais ses belles-sœurs sont déterminées à la maintenir à sa place.
Débutez cette nouvelle année en beauté avec La Cenerentola de Rossini. Mise en scène par Orpha Phelan, cette nouvelle production de l'Irish National Opera se déploie à partir des pages d'un livre pour célébrer la littérature, le fantastique et le triomphe du bien sur le mal. Tara Erraught incarne Angelina aux côtés d'Andrew Owens dans le rôle de son Prince Charmant.
La Cenerentola est présenté en partenariat avec le Bord Gáis Energy Theatre. Le Irish National Opera est financé par le Conseil des arts irlandais.
Distribution
Angelina/Cenerentola | Tara Erraught |
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Ramiro | Andrew Owens |
Dandini | Riccardo Novaro |
Don Magnifico | Graeme Danby |
Alidoro | David Oštrek |
Clorinda | Rachel Croash |
Tisbe | Niamh O'Sullivan |
Chœurs | Irish National Opera Chorus |
Orchestre | Irish National Opera Orchestra |
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Musique | Gioachino Rossini |
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Direction musicale | Fergus Sheil |
Mise en scène | Orpha Phelan |
Décors | Nicky Shaw |
Lumières | Matt Haskins |
Costumes | Nicky Shaw |
Texte | Jacopo Ferretti |
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Vidéo
L'histoire
Acte I
Dans leur maison délabrée, les sœurs Clorinda et Tisbe répètent des pas de danse et s’admirent dans le miroir. Cenerentola entonne alors une mélodie, ce qui énerve ses belles-sœurs. Déguisé en mendiant, Alidoro, le tuteur du Prince Ramiro, rend visite aux jeunes femmes. Clorinda et Tisbe ont un air dégoûté devant ses haillons mais Cenerentola fait preuve de gentillesse en lui proposant un petit déjeuner.
Des gens de cour annoncent que leur prince s’apprête à organiser un grand bal dans le but de trouver une épouse. Clorinda et Tisbe sont si excitées qu'elles réveillent par inadvertance leur père, Don Magnifico. Celui-ci espère qu'avec le bal du prince, il pourra marier une de ses filles et ainsi remédier à ses problèmes d’argent.
Le prince Ramiro veut comprendre le cœur des femmes qui l'entourent et pense que sa lecture sera facilitée en prenant l’apparence de son valet, Dandini. Lorsqu’il rencontre une jeune femme vêtue de haillons, tous deux sont captivés l'un par l'autre. Bientôt, c’est justement Dandini qui entre en scène déguisé, lui, en Prince. Il apprécie manifestement l'attention que lui portent Clorinda, Tisbe et leur père.
Alors que les deux sœurs partent pour le bal, Cenerentola supplie son père de la laisser partir elle aussi, mais il refuse. Lorsqu’Alidoro lui demande où se trouve sa troisième fille, Don Magnifico répond qu'elle est morte. Mais alors que tous sont partis, Alidoro assure à Cenerentola qu'elle se rendra bien au bal et lui fournit une robe, des bijoux et un carrosse.
Lors du bal, Dandini et le Prince continuent leur numéro d’échange de rôles. Dandini, qui veut apprendre à mieux connaître les femmes au nom du Prince Ramiro, décide pour cela de garder leur père à l'écart. Il conçoit un nouveau rôle pour Magnifico - chef sommelier. Magnifico se réjouit de voir que son destin change pour le mieux. Lorsqu'il part inspecter les caves à vin, les soeurs continuent à courtiser le « prince » sans aucune gêne. Dandini s'échappe, non sans avoir déclaré sa flamme à l’une comme à l’autre.
Dandini raconte la vérité à Ramiro - Clorinda et Tisbe sont fades et vaniteuses. Il explique ensuite aux soeurs qu'il ne peut les épouser toutes les deux, qu’il compte en épouser une et offrir l’autre en mariage à son valet. Celles-ci ne se rendent pas compte qu’elles insultent le vrai prince en annonçant qu’elles ne souhaitent pas épouser un homme aussi ordinaire qu’un valet.
Alidoro annonce alors qu’une nouvelle invitée inconnue et voilée est sur le point d’arriver. Les filles sont terrifiées à l'idée de la venue d’une rivale. L’assemblée est stupéfaite lorsque Cenerentola ôte son voile ; elle ressemble tant à la jeune fille vêtue de haillons aperçue plus tôt ! Cenerentola défie toute personne qui souhaite l’épouser de lui offrir respect, amour et gentillesse plutôt que richesse et statut. Ramiro est à nouveau empli d’un sentiment d'espoir.
Magnifico, ayant déjà bu beaucoup trop de vin, balaie du revers de la main ses problèmes familiaux. Après tout, il a laissé Cenerentola à sa juste place, à la maison, parmi les cendres (« cenere » en italien). Avant le dîner, la tension est palpable pour les invités.
Acte II
Magnifico se livre sur sa situation financière à Clorinda et Tisbe. Il jubile à l’idée de tant de pouvoir et de richesse si l’une d'elles monte sur le trône.
Ramiro est très attiré par la jeune inconnue, qui lui rappelle tellement la malheureuse créature qu'il a rencontrée plus tôt. Cenerentola se montre claire quant à ce qu’elle ressent pour le « prince » Dandini : elle est désolée, mais elle est éprise de son « valet ». Ramiro est naturellement ravi d'entendre cela, et se dit prêt à sceller leur union. Mais Cenerentola lui demande dans un premier temps d’apprendre à la connaître. Avant de s'éclipser, elle lui remet un bracelet et lui explique qu'il saura qu’il aura trouvé la bonne personne lorsqu’il tombera sur une jeune fille portant un bracelet similaire à son poignet.
Ayant désormais trouvé quelqu’un qui l'aime tel qu'il est vraiment, Ramiro est prêt à revêtir ses habits princiers et à retrouver la jeune fille au bracelet. Dandini révèle à Magnifico qu'il n'est en fait qu'un valet sans le sou et impuissant. Le malheureux père fait le vœu qu'il obtiendra des explications du prince.
De retour chez Magnifico, Cenerentola fredonne une chanson lorsque Magnifico et ses filles font irruption, encore en colère contre le tour de passe-passe de Dandini. Ils se méfient profondément de Cenerentola, mais elle semble être restée à la maison toute la nuit.
Alors qu’une violente tempête fait rage, Ramiro et sa suite se réfugient dans la maison de Magnifico. Les espoirs de Magnifico renaissent lorsqu'il apprend l'identité du vrai prince, mais Ramiro ne tarde pas à reconnaître le bracelet au poignet de Cenerentola. Cenerentola est également surprise de constater que l'homme qu'elle aime est en fait de sang royal.
Dans une dernière tentative pour s'emparer du pouvoir, la famille de Cenerentola lui ordonne de partir pour toujours. Mais le prince leur rappelle leurs propres mots - il est après tout trop « ordinaire » pour eux - et il demande à Cenerentola en mariage. Elle accepte sa proposition, mais lui demande de pardonner à sa famille pour leurs fautes et permettre ainsi à la bonté de triompher.
Toujours fiers mais humiliés, Magnifico et ses filles pansent leurs blessures. Ils sont finalement conquis par la clémence de Cenerentola. Chacun s’accorde sur le fait que que Cenerentola est digne du trône, et bien plus encore. Tous trouvent la rédemption dans sa bonté et sa générosité. Et Magnifico sera riche !
En profondeur
Le règne de la bonté
Orpha Phelan met en scène La Cenerentola au Irish National Opera. La lauréate du prix Place de l'Opéra et double lauréate du prix Reumert nous explique ce qui rend l'opéra de Rossini si exceptionnel.
« Ce n'est pas juste ! » Combien de fois par jour les parents entendent-ils cette protestation ? Nous sommes tous nés avec un sens inné de la justice. Mais plutôt que de s’intensifier en grandissant, il diminue souvent à l'âge adulte, alors que nous cherchons à nous améliorer et à survivre dans le monde, parfois au détriment des autres. Dans leur innocence face aux épreuves et aux nécessités de la vie, les enfants du monde entier accordent à cette notion de bien et de mal une importance primordiale, et elle est très certainement aussi la clé de l'attrait durable de l'histoire de Cendrillon.
Cinderella, Cendrillon,The Glass Slipper, Aschenputtel - l'histoire remonte à l'an 7 av. J.-C, avec un conte relatant l’union d'une esclave grecque et du roi d'Égypte. D'autres versions proviennent de l’Italie et de la France du XVIIe siècle. Quant au célèbre conte allemand des frères Grimm, il date de 1812. L'histoire existe également sous différentes formes sur d’autres continents, de l'Arabie à la Chine. Et nous avons bien sûr notre propre version folklorique irlandaise, Fair, Brown and Trembling. Cette histoire impérissable et sans frontières résonne autant de nos jours qu'autrefois.
Vous aussi avez probablement votre version préférée du conte, selon l'endroit où vous avez grandi et l'édition que vous lisiez lorsque vous étiez enfant. L'édition Ladybird des années 1960 était l'un de mes biens les plus chers. Je m'échappais régulièrement au cœur de ce monde imaginaire et brutal et me réjouissais de la libération et la justice qui triomphaient à la fin du conte.
L'intrigue, caractérisée par sa course incessante vers une fin inévitable, est rapide, comique (frôlant parfois le ridicule), et est bien servie par les éléments virtuoses, exubérants et effervescents de l'opéra bel canto du début du XIXe siècle. Parallèlement, l'orchestration de Rossini, l'utilisation des formes musicale et d’une harmonie simple sont le fondement parfait d'un message profond et vivifiant. L'harmonie de la vie familiale et la résolution des épreuves de la vie ne peuvent être atteintes que grâce aux valeurs d'humilité et de bonté.
Je pense que vous verrez dans La Cenerentola de Rossini quelque chose d’exceptionnellement sombre et étincelant à la fois. Certains détails différeront très probablement de l'histoire qui vous a accompagné lorsque vous étiez enfant. Selon moi, la différence la plus intéressante ne réside pas dans le fait que la méchante belle-mère soit remplacée par le beau-père Don Magnifico (qui se dévoue entièrement à ses deux filles - combien parmi nous s’identifient davantage à lui qu’à sa bienveillante belle-fille ?), que la fée marraine fasse place au tuteur du prince, Alidoro, ni qu'à la place de la pantoufle de verre, on ne trouve qu’une paire de bracelets dépourvus de magie.
Non. Ce qu'il y a de plus exaltant dans cette version de 1817, c'est qu'elle semble curieusement contemporaine. Ce n'est pas l'histoire d'un garçon qui sauve une fille mais bien d’une fille qui sauve un garçon - et tous les autres de surcroît. La Cenerentola ne s’intéresse pas à la richesse, à la vengeance ou au pouvoir. En montant sur le trône, elle prend la décision de s'élever au-dessus de ces considérations - voglio starvi maggior del trono -, nous prouvant à tous que la charité et la bonté peuvent être plus fortes que la notion de statut. Ceci explique sans doute le sous-titre de l’opéra : La bontà in trionfo - La bonté triomphante.
Cet article est paru pour la première fois dans le programme de La Cenerentola publié par le Irish National Opera en novembre 2019.